Déjà durement frappées par les sanctions, la Russie et les personnalités proches de son président Vladimir Poutine ont encore vu celles-ci se renforcer de la part des États-Unis et de l’Europe, afin de mettre à genoux l’économie russe et le financement de la guerre en Ukraine. Ils ont en effet annoncé qu’ils mettaient fin à la clause de la nation la plus favorisée accordée à la Russie, ouvrant la voie à l’imposition de tarifs douaniers punitifs contre les produits russes importés, ainsi que l’interdiction de l’importation de plusieurs produits. Une mesure qui semble à moindre coût pour les États-Unis, la Russie étant beaucoup plus dépendante des États-Unis que l’inverse : en effet, la Russie exporte pour 14,4 milliards de dollars par an aux États-Unis alors que ceux-ci n’exportent que 9,2 milliards de dollars, ce qui en fait son 26e partenaire commercial seulement. Au contraire, l’Union Européenne importe 43,6% de son gaz et 48,4% de son pétrole à la Russie, ce qui la rend vulnérable à des mesures de rétorsion russes dans ce domaine. 

 

La Russie est beaucoup plus dépendante des Etats-Unis que l’inverse. Les exportations russes vers les Etats-Unis représentent quelque 14,4 milliards de dollars, tandis que les exportations américaines vers la Russie sont de 9,2 milliards selon le site de l’Observatoire de la complexité économique (OEC, pour The Observatory of Economic Complexity),

Dans la foulée du Canada, les États-Unis et leurs alliés du G7 ont annoncé vendredi qu’ils mettaient fin à la clause de la " nation la plus favorisée " accordée à la Russie, ce qui ouvre la voie à l’imposition de tarifs douaniers punitifs contre les produits russes importés.

Les États-Unis vont par ailleurs interdire l’importation de produits de la mer, vodka et diamants russes. Pour l’UE, l’interdiction concerne le fer et l’acier russes.

Les exportations de produits de luxe vers la Russie vont également être interdits depuis les États-Unis et l’UE.

La Russie avait déjà perdu l’accès aux équipements technologiques et semi-conducteurs puis aux technologies pour ses industries militaires et pétrolières de la part des États-Unis et du Japon.

Les États-Unis ont annoncé mardi un embargo sur les importations de pétrole et gaz russes, a annoncé le président américain Joe Biden.

Le Royaume-Uni lui a emboîté le pas en ce qui concerne le pétrole, annonçant arrêter d’ici fin 2022 les importations de brut et produits pétroliers russes.

En la matière, les Européens sont plus divisés, du fait de l’exposition au gaz russe de plusieurs pays d’Europe centrale et de l’Est, dont l’Allemagne, ainsi que l’Italie. L’UE prévoit cependant d’investir pour réduire de deux tiers ses importations de gaz russe cette année, et interdit aux Européens de faire de nouveaux investissements dans ce secteur-clé pour la Russie.

Par ailleurs, Gazprom, le géant russe du gaz, fait partie des entreprises qui n’ont plus la possibilité de lever des fonds sur les marchés financiers occidentaux.

Autre décision symbolique, la suspension du gazoduc Nord Stream 2, qui devait permettre d’augmenter les livraisons de gaz russe à destination de l’Allemagne. La société qui le gère a d’ailleurs déposé le bilan.

Il a été ciblé dès le départ pour limiter les capacités de financement de la guerre. Là aussi, les sanctions se sont peu à peu élargies au Belarus.

États-Unis et UE, suivis d’autres pays, ont visé directement la banque centrale russe, interdisant toute transaction avec l’institution monétaire russe et immobilisant ses actifs en devises. Conséquence : le rouble est en chute libre par rapport au dollar.

Autre coup sévère : l’exclusion des principales banques du pays du système interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale permettant de communiquer rapidement et de manière sécurisée au sujet de transactions. Des banques du Belarus sont également concernées.

Afin d’éviter un contournement des sanctions, l’UE les a élargies aux cryptomonnaies, très prisées par les Russes qui tentent de sauver leurs économies de l’effondrement du rouble.

Des centaines de personnalités et d’oligarques russes ont été sanctionnés à ce jour, dont Vladimir Poutine et des membres de son cercle proche. De nombreux hommes d’affaires sont visés, dont Igor Setchine, le patron du groupe pétrolier Rosneft, ou les 386 députés ayant soutenu l’invasion.

Roman Abramovitch, propriétaire du club de football de Chelsea, est visé par le Canada et le Royaume-Uni, avec gel d’avoirs, interdiction de voyager et de transactions avec des particuliers et entreprises britanniques.

Les sanctions européennes incluent l’interdiction de se rendre dans les pays de l’Union, ainsi que le gel de leurs avoirs qui y sont présents, à l’image du yacht de M. Setchine en France. Une proche du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pourrait voir son luxueux appartement londonien prochainement saisi.

Washington a décidé d’aller plus loin, en créant une cellule d’enquêteurs chargés d’engager des poursuites contre les " oligarques russes corrompus ".

L’espace aérien de l’ensemble des membres de l’OTAN et de l’UE s’est rapidement fermé aux avions russes, clouant de fait Aeroflot au sol vers ces destinations. Des compagnies aériennes telles que la kazakhe Air Astana ou la turque Pegasus Airlines ont annoncé suspendre leurs vols vers la Russie du fait de l’incertitude créée par les sanctions.

L’industrie aéronautique est cependant plus largement concernée : interdiction d’exportations d’avions, de pièces de rechange ou d’équipements, arrêt de la maintenance des appareils immatriculés en Russie par Airbus et Boeing, accès interdit aux services d’assurance et réassurance à Londres.

Côté transport maritime, les ports de plusieurs pays sont fermés aux navires battant pavillon russe alors que plusieurs grands armateurs ont suspendu leurs livraisons vers le pays.

L’UE a interdit de diffusion les médias d’État russes RT et Sputnik, quel que soit leur canal de diffusion, radiotélévisé ou via internet.

Facebook, filiale de Meta, et YouTube, filiale de Google, ont de leur côté décidé de bloquer les publications de ces médias en Europe. YouTube a annoncé vendredi étendre au monde entier son blocage des médias proches du pouvoir russe.

Plus largement, Google a annoncé avoir suspendu la possibilité par des médias financés par l’État russe de générer de l’argent sur ses plateformes.

Avec AFP