L’Iran a continué ces derniers mois à accumuler de l’uranium enrichi, selon des estimations fournies lundi par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et se rapproche de la quantité nécessaire à la confection d’une bombe atomique.

Rafael Grossi, chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)
18 fois la limite autorisée
Les stocks dépassent désormais de plus de 18 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015, que les grandes puissances tentent depuis plus d’un an de ranimer, en vain pour l’instant. D’après un rapport consulté par l’AFP, Téhéran a ainsi porté ses réserves totales à 3.809,3 kg mi-mai, contre 3.197,1 kg en février, loin du plafond de 300 kilos (équivalent UF6) auquel il s’était engagé.L’Iran a également élevé son stock de matière enrichie à 20% à 238,4 kg, contre 182,1 kg auparavant. Ce niveau, qui se situe au-delà des 3,67% fixés par l’accord, permet en théorie de produire des isotopes médicaux, utilisés notamment dans le diagnostic de certains cancers.

La République islamique dispose par ailleurs de 43,1 kg d’uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires à l’élaboration d’une arme atomique, contre 33,2 kg précédemment.

Sur ce cliché datant de 2005, un échantillon d’uranium enrichi présenté à Téhéran.
Pas de " réponses satisfaisantes "

A une telle quantité, " la possibilité de fabriquer un engin explosif ne peut être exclue " selon les critères définis par l’AIEA, a commenté une source diplomatique. En réalité cependant, " il en faudrait plus de 55 kg ", de l’uranium se perdant au cours du processus d’enrichissement à un degré supérieur.

Dans un autre document, l’AIEA dénonce l’absence de " réponses satisfaisantes " de l’Iran concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, à Marivan (ouest) ainsi qu’à Varamin et Turquzabad, dans la province de Téhéran.

L’Iran invoque " un sabotage par une tierce partie " qui aurait " contaminé " ces lieux mais " n’a pas fourni de preuve pour étayer ces affirmations ", explique l’Agence. Elle se dit " prête à travailler sans délai avec Téhéran pour résoudre ces questions " qui posent problème de longue date.

Rafael Grossi lors de sa rencontre en mars dernier avec le directeur de l’Organisation de l’Énergie Atomique d’Iran Mohammad Eslami.
Accord moribond

Les deux rapports seront examinés lors du Conseil des gouverneurs de l’AIEA la semaine prochaine, alors que les négociations pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien sont au point mort. Le JCPOA, acronyme anglais désignant ce pacte de 2015, est moribond depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis sous la présidence de Donald Trump.

Les sanctions ont dans la foulée été rétablies. En riposte, l’Iran s’est progressivement affranchi des restrictions drastiques qui avaient été imposées à son programme nucléaire, tout en niant vouloir se doter de la bombe atomique.

L’élection de Joe Biden à la Maison Blanche a permis de relancer, au printemps 2021 à Vienne, les efforts pour faire revivre l’accord, mais les négociations ont été suspendues en mars malgré l’annonce à plusieurs reprises d’un compromis imminent.

Avec AFP

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !