La beauté…

Ce n’est pas pour rien qu’Anastasie et Javotte étaient jalouses de leur demi-sœur, Cendrillon. Cendrillon qui faisait le ménage nuit et jour avait plus de chance qu’elles de ‘décrocher’ le prince. Parce qu’elle était une beauté. Et elles étaient moches. Sauf que Cendrillon, elle, avait un bon fond. Beautiful inside out. Elle le mérite bien, son prince.

La beauté…

Injuste. Vaine. Trompeuse.

Est-elle vraiment dans " l’âme de celui qui regarde " ? Ou est-ce un concept universel ?
Selon les expériences réalisées sur photos – partout au monde, même là où on préfère les femmes potelées aux minces, là où on admire les peaux blanches et pas les brunes, les visages les plus symétriques sont jugés les plus attirants.

Quand j’avais 18 ans j’ai fait un accident de voiture plutôt mortel. Trois mois plus tard, dans une soirée où je faisais la revenante, un mec me drague et prend mon numéro. Deux jours plus tard, attablée face à lui au Hard Rock Café (oui, je suis une ancienne), il me sort : " Pourquoi tu ne fais pas de rhinoplastie ? ". Pause pipi suivie d’un allo taxi en catimini.

Dans L’Histoire de la laideur, Umberto Eco refait la collection de tous les portraits historiques de la laideur et nous rappelle les concepts et les valeurs – si erronées, qui y étaient liés. Rien de beau, je vous assure : c’est un amalgame de souffrance, de feu et d’enfer, de monstres et de créatures déformées, ça tient de l’obscène, du diable, de la sorcellerie et du satanisme, ça inspire le dégoût, la peur, la dérision, la folie, et la méchanceté.

Le mythe de " ce qui est beau est bien "
Une belle personne est tout de suite perçue comme étant gentille. C’est pour cela d’ailleurs qu’on n’a jamais vu une belle sorcière. (Je parle des contes populaires et des films, pas de la vraie vie qui en regorge, hahaha).

Injuste. Vaine. Trompeuse.

La beauté c’est… Plus de chance à l’école. Et c’est là que commence la tyrannie de la beauté. La cruauté dans les cours de récré. T’es grosse. T’es moche. T’es laid. C’est là où l’on apprend entre deux sanglots que la vie sera à jamais injuste. Et qu’il faut faire avec. Sans rancune. Parce que justement, la rancune, elle ne fait de mal qu’à son porteur.

Dalida souffrait d’une infection ophtalmique. À l’école les enfants l’appelaient “quatre yeux” et elle rentrait chez elle pleurant son âme à chaque fois.

La beauté c’est aussi… Plus de chance sur le marché du travail. Toutes les études et les expériences le prouvent : la beauté joue dans la sélection. Même pour les candidats postulant pour un emploi non lié au service clientèle, ni représentante de vente ni hôtesse, ni steward ni présentateur télé, et qui ne doivent point être l’image de la compagnie comme on dit, ceux qui étaient plus beaux avaient plus de chance d’embauche.

L’injustice frappe de nouveau.

Plus de chance dans le domaine du cœur. Mettez trois filles normales, si on ne veut pas dire laides, à un bar en face de trois autres belles filles. Ramenez trois mecs et faisons l’expérience.

Pas la peine, n’est-ce pas ? Même si les trois belles filles sont désagréables, capricieuses, pétasses et connasses, ce sont elles qui auront droit à la drague. Et plus tard à la bague.

Mais oui. C’est normal. On comprend. L’œil aime le joli. Même la maman de Sartre a pleuré comme une Madeleine quand son fils s’est coupé les cheveux et du coup est apparu super laid. Dire que " el ered be 3ein emmo ghazeil ! " pfff.

Injuste. Vaine. Trompeuse. La beauté c’est… Plus de tout ! De nombreuses qualités positives sont associées aux personnes perçues comme attirantes. Ces personnes – hommes et femmes – sont jugées plus intelligentes et plus qualifiées sur le plan social. Elles reçoivent également un traitement préférentiel : plus d’attention, plus de cadeaux et plus de sympathie que celles qui sont perçues comme moins attirantes. Plus de chance de trouver une âme sœur aussi attirante. Et qui elle aussi a le privilège d’être jugée plus intelligente et plus qualifiée sur le plan social. Et elle aussi reçoit un traitement préférentiel : plus d’attention, plus de cadeaux et plus de sympathie.

Mais oui ! " Et tes rides ? Tu comptes les garder encore longtemps ? " Je me faisais retirer un petit grain de beauté du cou quand du coup le dermato, que je venais de rencontrer pour la première fois, me sort : " Et tes rides ? Tu comptes les garder encore longtemps ? ". Ceux qui me connaissent savent déjà que je ne compte jamais jusqu’à dix. Mâcher mes mots ? Moi ? Je lui ai sorti mes griffes, et je ne parle pas de la marque de mes vêtements, je porte du Zara moi, puis je suis partie, la laissant (naturellement) derrière moi à mâcher le bouchon de son bic. Le hic, c’est que je vexe beaucoup de gens que j’aime bien en disant que je suis contre. Mais bon. Chacun son truc. Moi aussi je crois que je serai bien plus heureuse quand je perdrai mes sempiternels trois kilos de m**de. Il y a un Michaël Jackson en chacun de nous.

Je ne vais pas parler des clichés dont tout le monde parle : pression médiatisée depuis l’aube de la presse pour être belle et mince, dépourvue de graisse, dépourvue de rides, dépourvue d’expression. Je ne vais pas parler des réseaux sociaux et de la malédiction qu’ils ont jetée sur le peuple, de l’éternel besoin de se comparer, pas à la voisine ou à la collègue dans la période pré-Instagram, ni à Cindy Crawford dans Cosmopolitan des années 90, non. À des milliers et des milliers de femmes des quatre coins du monde, coincées dans le portable, leur rendant, par leur apparente beauté et soi-disant perfection, la vie et leur look, insupportables. Tout ÇA, et on se demande encore pourquoi les femmes se mettent en quatre (au sens propre du terme) pour plaire ? Tout ÇA, et on se demande pourquoi elles se jettent sous les scalpels ? Pour être belles.

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