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La libération de la parole, par les réseaux sociaux entre autres, a aussi son revers de médaille. Beaucoup, en effet, se sont octroyé le droit de s’exprimer sur toutes sortes de sujets qu’ils ne maîtrisent pas toujours, s’érigeant bien souvent en donneurs de leçons, accablant ici les uns, glorifiant ailleurs les autres, sans autre objectif que de rester tributaire de leurs appartenances, politiques soient-elles, claniques ou confessionnelles. Pour ces champions du tambourinage et de l’excès, leurs opinions ne sont plus de l’ordre de l’échange d’information, mais plutôt du harcèlement ou du matraquage médiatique.

Dans ce contexte déplorable, la décision allemande qui a annulé le mandat d’arrêt à l’encontre de l’ancien gouverneur de la Banque du Liban a suscité de violentes réactions de la part de ses détracteurs et de leurs sympathisants.

Ces derniers jouent malheureusement en eau trouble et utilisent souvent les médias comme moyen de pression sur les juges, quand ce ne sont pas leurs réseaux qui propagent, insidieusement, des informations supposées être protégées par le secret de l’enquête. Sans que cela n’offusque, pour le moins, leurs esprits bienveillants ou même les gens de loi concernés.

Sur un autre plan, avec une toile de fond apparentée, des avocats étrangers, visiblement dictés par des intérêts particuliers, avancent, dans le flux de leurs commentaires, des dates qui tiennent plus de l’ultimatum que de l’annonce. Nous savons bien pourtant que sur ce chapitre spécifique l’enquête au Liban a été bloquée par la juge Iskandar, à la suite de sa demande de désistement du juge d’instruction Abousamra.

On continue ainsi à politiser cette affaire pour détourner l’attention des pertes écrasantes à l’origine de la crise profonde qui frappe le Liban, dont – pour ne citer que celles-ci – la gestion de l’électricité et le défaut de paiement des Eurobonds. Ceux-là mêmes, qui ont conduit le pays à la faillite et à la perte totale de crédibilité, déstabilisant le système bancaire et accablant injustement et illégalement les déposants, tentent à chaque fois, dans un refrain réédité, de montrer du doigt l’ancien gouverneur de la Banque centrale. Une échappatoire désormais connue de tout le monde et qui tend, à force, à s’assimiler à du harcèlement médiatique. Le même dont a été injustement la cible dernièrement M. Michel Sleiman, ancien président de la République. Rappelons à cet effet que l’enquête commandée par la Banque centrale, sur un possible délit d’initiés, n’est pas sans engendrer probablement des crises d’urticaire chez les intéressés, car elle viendrait jeter la lumière sur d’éventuelles transactions informelles qui ont été effectuées sur le marché boursier en bonne connaissance de cause.

Quant aux promesses faites aux déposants, ayant porté plainte pour récupérer leurs épargnes, elles n’ont rien d’étonnant. Toutefois il nous est aisé de constater que quatre ans sont passés depuis, sans plus de résultat. Il est donc nécessaire aujourd’hui de les entretenir et de les rassurer en leur répétant que l’objectif est à portée de main. Mais là où le bât blesse dans cette affaire, c’est que de telles promesses deviennent, ici et là, une aubaine pour tous ceux du monde politique, bancaire ou judiciaire qui portent en réalité la lourde responsabilité de notre descente aux enfers. Pourtant ils sont les premiers à tirer à boulets rouges dans la mauvaise direction, plutôt que de chercher de véritables solutions qui pourraient sortir les déposants du bourbier dans lequel ils les ont jetés à leur insu.

Association Hommes d’affaires libanais de France Halfa