Le décret du 3 septembre 1956, par sa souplesse et sa pertinence, a permis aux capitaux de milliers d’étrangers d’affluer de partout et d’alimenter en toute confiance et sécurité les caisses de nos banques libanaises. Ces capitaux, personne ne s’en doute, qui se chiffrent par milliards sont venus doper l’activité bancaire et économique du pays. Ils ont stimulé les investissements et les crédits durant des décennies. Le secret bancaire dont le Liban a bénéficié, grâce à la loi élaborée par le Amid, Raymond Eddé, a été longtemps à l’origine de l’appellation "Suisse du Moyen Orient" qu’on a souvent prêtée au pays du Cèdre.

Or que voit-on, hélas, aujourd’hui? Ceux qui observent de près la scène politico-économique libanaise se rendent très vite compte qu’une campagne irresponsable et destructrice de dénigrement est orchestrée actuellement par quelques individus exaltés du monde économique. Ces derniers, par la voie des médias qui leur prêtent les écrans, gravitent en effet dans une nébuleuse on ne peut plus obscure, puisqu’ils s’acharnent à vouloir saisir et confisquer les capitaux étrangers dans les banques libanaises, les frappant d’office d’argent sale, sans autre preuve que leurs affirmations montées de toutes pièces.

Incompétence et ignorance notoires se côtoient ici. Abus et irrégularités aussi. Pourquoi? Car – nul n’est sans savoir –, il appartient aux pays d’origine d’enquêter, en cas de doute, sur les affaires de leurs ressortissants déposant des capitaux à l’étranger. Cela, en formant des commissions rogatoires et en collaborant avec les autorités libanaises afin de vérifier, auprès des banques concernées, l’origine des fonds et leur propriété. Par ailleurs, un oubli majeur s’est glissé, volontairement ou non, insidieusement peut-être, dans le fait qu’il revient aujourd’hui à l’Ofac – Office of Foreign Assets Control – de veiller à la détection des délinquants en la matière.

Le Liban a déjà failli, de manière hasardeuse, à respecter ses engagements. Sans négocier avec ses créanciers, il a refusé de s’acquitter du paiement des eurobonds à l’échéance. Allons-nous aujourd’hui vers une seconde erreur monumentale, une prise d’otages véritable, qui aggraverait encore le climat économique et scellerait l’écroulement de nos institutions financières par un coup de grâce soudainement échafaudé? Ce serait la mise à mort du capital confiance, déjà lourdement affecté et la perte de toute fiabilité ad vitam æternam. Il est urgent que tous les responsables du pays se réveillent. Ce n’est pas sur ce chemin douteux que le Liban retrouvera sa force et sa vigueur.

Antoine Menassa

Halfa (Hommes d’affaires libanais de France)

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