Beyrouth : On pourrait dire qu’on y est déjà en enfer. Et que les portes de sorties sont rares. Que notre vie se résume aujourd’hui à de la survie. Que les monstres surgissent de partout et que nos drapeaux dérisoires ne servent plus à les repousser. Que l’espoir ne semble pas au rendez-vous et que se cacher, se protéger ne sert plus vraiment à grand-chose tant c’est à l’intérieur de nos foyers que viennent nous tuer les malheurs successifs.

Beyrouth : On pourrait dire aussi que l’enfer c’est eux. Juste eux. Tellement eux. Qu’il suffit qu’ils s’en aillent avec leurs cliques, leurs pourritures, leurs mafias organisées. Que nous ne pouvons rien attendre de tous ceux-là qui ont du sang sur leurs mains. Depuis longtemps. Que tant qu’ils sont encore là, nous n’avons pas le droit de vivre. Qu’ils ont sucé le pays, appauvri toutes les ressources et qu’ils continuent à nous tuer avec leur arrogance.

Beyrouth : On pourrait dire aussi que l’enfer c’est l’autre. Celui qui est juste à côté. Pas mieux lotis que nous au final. Mais il est cet autre qui continue à soutenir son zaïm el azim, à profiter de ses largesses pour se faire du pognon, qui n’hésite pas à exceller dans l’arnaque puisque al balad heik. Cet autre qui n’a ni pays ni identité, ni scrupule, ni conscience mais qui est shater dans l’art de survivre à sa manière, en suçant les maigres ressources de ses colocataires en enfer.

Beyrouth : On pourrait dire aussi que l’enfer, c’est la conjoncture internationale. Eh oui c’est toujours "elle" qui veut cela. Ce n’est évidemment jamais entre nos mains, donc nos politiciens dorment tranquilles. CQFD. Bien sûr comme dirait l’autre, attendons de voir ce que Biden, Bachar, les Iraniens, les Saoudiens, les Russes, et les Mélanésiens Papous nous ont préparé comme réjouissances. Nous n’y pouvons rien et on nous bassine avec ça depuis toujours.

Beyrouth : On pourrait dire aussi que l’enfer c’est en fait une guerre de pétrole, d’eau, de pouvoir et de territoires. Et que les pressions exercées sur le pauvre peuple libanais n’ont rien à voir avec le travail ardu de nos politiciens qui font ce qu’ils peuvent mais bon, pas de chance, la géographie est parfois vilaine.

Beyrouth : On pourrait dire aussi et surtout que l’enfer c’était avant. Que demain ne sera jamais plus comme hier. Que nous nous sommes réveillés, que nous sommes lucides aussi. Que nous connaissons le mal, sa provenance, son remède, et que nos souffrances d’aujourd’hui sont comme celles du clou qu’on arrache. Ça fait mal, ça saigne, mais c’est nécessaire. Et c’est là où nous allons ouvrir la porte de notre enfer, sortir la tête, la relever et avec ceux qui sont là nous mettre à rebâtir.

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