J’ai les yeux verts… comme 2% de la population mondiale… Au Moyen-Âge j’aurais probablement été ostracisée.

Mes cousins sont roux… comme 2 % de la population mondiale… À la même époque ils auraient dû raser les murs pour ne pas finir sur le bûcher.

Je suis aussi allergique aux produits issus de la mer… mon système immunitaire ne me permet pas de m’extasier sur les prouesses culinaires des as de la gastronomie que la chair bovine n’inspire pas, et dans tous ces pays qui bordent la Méditerranée, je passe pour une bizarrerie de la nature.

Par choix ma fille est végétalienne… ce qui, bien sûr, me pose des problèmes derrière les fourneaux, mais en fait une excentrique dans les cercles où elle évolue au quotidien.

Au fur et à mesure de l’évolution de la curiosité des hommes, la science a progressé, toujours à pas de géant, mais à rebours des dogmes et mythes religieux. Entre l’hallali des soutanes qui voyaient rétrécir leurs champs de labour et le holà des autorités plus enclines à se remettre en question, mais précautionneuses de leurs opinions, le monde a évolué. Si les scientifiques mis en face de la complexité ultra précise de la création se rapprochent du Créateur, les hommes mis en face d’un quotidien de plus en plus difficile s’en éloignent en actes et en esprit.

Le domaine de l’intime et de la sexualité n’échappe pas au constat. Jusqu’à récemment, la notion d’identité de genre ne se posait même pas. On était l’un ou l’autre. Avec la préférence évidente qui en découlait. Et toute autre possibilité était au mieux une curiosité, au pire une hérésie. On ne compte hélas pas les persécutions, le harcèlement et les misères qui en ont découlé. L’apparition du VIH, qui a sorti toute une communauté du placard, la mettant sous la loupe des scientifiques et la coupe des gens bien-pensants, a ouvert le bal des questionnements, des études et des remises en question. Curieusement c’est de la très puritaine Amérique qu’est partie la catégorisation des genres qui laisse perplexe bien des professionnels mis en présence de jeunes qui se questionnent de plus en plus sur leurs orientations. Sans cautionner cette pratique américaine de tout classer, depuis le fait de vérifier x fois qu’on a bien éteint son interrupteur jusqu’au fait de traverser la vie sans envie, on ne peut que saluer le fait d’avoir mis des mots sur des maux que bien de gens vivaient dans le silence de la honte et la solitude de la différence.

A posteriori, maintenant qu’y penser en dehors des cadres préétablis par des siècles d’éducation judéo-chrétienne ne vaut plus excommunication, la majorité de ces différences tombe sous le coup de la logique.

Si l’on admet que l’homme est un animal sensible, et par là je veux dire sensoriel, mû par ses sens, et si l’on classe les organes reproducteurs parmi les récepteurs sensoriels au même titre que la peau, les yeux, le nez, les oreilles et la langue, alors on admet aussi que la perception cérébrale des influx qui en proviennent peut aller du pouah au wouah… et donc que tous les goûts sont dans la nature… Pour illustrer le propos, il faudrait peut-être envisager le sexe comme la nourriture… on pourrait être carnivore, omnivore, végétarien, végétalien, flexitarien, etc. Après tout,  je suis moi-même omnivore, mais pour rien au monde je ne mangerais des cornes grecques dont je trouve la consistance désagréable ni des crevettes qui me mèneraient au cimetière… Pour le reste, je pense que je me suis trouvée… Enfin, je crois?

Et donc la cabale montée de toutes pièces après la décision du très timoré ministre de l’Intérieur, qui a dû oublier en empochant son portefeuille qu’il portait il n’y a pas si longtemps la toge de juge de très honorable réputation (et oui les chevilles ont vite gonflé), est un mauvais soufflé qui est monté très vite, alimenté par les langues de vipère et le venin des bien-pensants et autres Soldats de Dieu (pauvre Dieu perdu entre son parti et ses soldats), et qui est retombé plus lentement effacé par d’autres polémiques tout aussi stériles dans le contexte que nous vivons et où nous devrions nous offusquer de choses bien plus vitales.

Qu’on le veuille ou non, l’évolution se fait dans le sens de la valorisation des différences et des individualités. On pourrait même se demander si l’art et la culture n’y auraient pas le plus à perdre tellement les souffrances engendrées par les différences ont été le terreau fertile qui a donné au monde ses plus belles œuvres. À suivre si Dieu nous prête vie…

En attendant, se souvenir encore et toujours que le plus grand des commandements, c’est l’amour.

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