Ce fut une de ces nuits magnifiques comme il n’en existe que sous la voûte étoilée de Beiteddine.

Mercredi soir, “Les cordes résonnantes”, cérémonie d’ouverture du Festival de Beiteddine, ont largement gagné leur pari. Les organisateurs, reconnaissons-leur ce mérite, avaient mis le paquet. Le temps d’une nuit, le palais de Beiteddine avait été métamorphosé en plateau de rêve, bercé de halos de lumière qui n’avaient de cesse de scintiller.

En deux temps trois mouvements, une armada de musiciens s’empare de la scène alors qu’un chevaleresque Joe Daou, comme bon chef d’orchestre aguerri, se chauffe déjà les mains pour malmener son orchestre dans les secondes qui suivent, mais de surcroît, pour les tendre à Lara Jokhadar (soprano) et Natasha Nassar (mezzo-soprano), se relayant sur scène dans de sublimes tenues: mauve mat pour l’une, noir pailleté pour l’autre.

Le plat de résistance fut de taille (rien à voir avec celle de Joe Daou). Une voix à en faire pâlir plus d’un: Lara Jokhadar s’amuse à sillonner toutes ses palettes d’octaves, un tant soit peu mutine pour “I feel pretty” ou solide comme un roc dans les notes aiguës. Quant à elle, Natasha Nassar scandait à qui voulait bien l’entendre que l’amour est enfant de bohême.

Nous frémissions. De froid, un chouia. D’admiration, certes. Mais jamais d’amnésie. Nous n’oublierons pas toutes les atrocités dont nous avons été témoins sur une terre que tout prédestinait à la beauté et au rêve. Le temps d’un spectacle, notre champ lexical se passa de mots tels que: embouteillage, marchandage, trucage, escamotage, bref de toute expression dessinant cruellement notre enfer quotidien.

Cette nuit-là, le Festival de Beiteddine , et le concert de Hiba Tawaji d’il y a quelques semaines, avaient revêtu l’aspect absolument indispensable de culture et de francophonie dont jouit notre pays, et qui, encore une fois, persiste et signe: le Liban n’épuisera jamais sa faconde de splendeur et d’émerveillement, véritable défi à tous les maux d’outre-tombe qui se croient toujours invincibles.

“Viens dans les étoiles”, chantait Hervé Vilard. Nous y nagions, justement. Et jamais en courbant l’échine.

“Ain’t no mountain high enough”, renchérisseront les cordes vocales résonnantes de Lara et de Natasha. Tout est dit.

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