La boxeuse Imane Khelif, qui s’est retrouvée malgré elle au cœur d’une controverse sur le genre, s’est qualifiée samedi pour les demi-finales (66 kg) en battant la Hongroise Anna Luca Hamori, ce qui assure une première médaille à l’Algérie dans ces JO.

La boxeuse de 25 ans (1,78 m) a remporté aux points, sur décision unanime, son combat dans une salle de Villepinte comble et survoltée, acquise à sa cause avec la présence de nombreux drapeaux algériens en tribunes.

Emue, elle a salué le public et s’est dirigée en pleurs vers son coin.

Ce combat, " c’est pour ma dignité ", a réagi Khelif, lors d’un point presse. " Cette médaille arrive après des années de travail (…) Cette médaille est pour le pays, pour tous les pays arabes. Vive l’Algérie ! ", a déclaré la boxeuse, entourée d’une nuée de journalistes.

Le président Abdelmadjid Tebboune a félicité Imane Khelif pour sa qualification, soulignant qu’elle avait honoré l’Algérie, la femme algérienne, et la boxe algérienne.

Son entraîneur, Mohamed Chaoua, a noté que Khelif traversait une période très difficile, soulignant que cela représentait un défi de taille pour elle en tant que jeune femme musulmane.

Déterminée dans son combat, Khelif a enchaîné les directs et crochets, remportant les trois rounds. Jouant des esquives, elle a su parer les nombreux coups de sa coriace adversaire.

 " One, two, three " 

Elle a aussi pu compter sur le public et ses encouragements appuyés.

" One, two, three, viva l’Algérie! ", ont scandé les supporteurs pour célébrer la boxeuse qui ont hué la Hongroise.

Soutenue par le CIO, Khelif dispute ses deuxièmes JO et a pris part à de nombreux tournois féminins de boxe. Mais la polémique trouve son origine dans son exclusion des Mondiaux-2023 à New Delhi car, affirme la fédération internationale de boxe (IBA), elle avait échoué à un test destiné à établir son genre.

L’IBA a réfuté qu’il se fût agi d’une analyse des taux de testostérone mais n’a pas précisé de quel type de test il s’agissait. L’IBA et le CIO entretiennent des relations exécrables.

La controverse a explosé quand son adversaire en huitièmes, Angela Carini, a abandonné en moins de cinquante secondes de combat. La Première ministre italienne Giorgia Meloni avait alors dénoncé " un combat qui n’était pas sur un pied d’égalité ". En pleine campagne présidentielle américaine, Donald Trump s’était aussi emparé du sujet.

Plusieurs associations ont dénoncé auprès de l’AFP " un faux débat " mené par les milieux conservateurs.

Soutenue par ses compatriotes et le CIO, Khelif affrontera en demi-finale la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng (23 ans, 1m70) mardi à 22h30 au stade Roland-Garros à Paris. En boxe, les deux demi-finalistes battues décrochent le bronze. C’est donc le minimum auquel peut prétendre Khelif.

Le ministre des Sports algérien, Abderrahmane Hammad, a dénoncé les attaques incessantes contre Imane Khelif, affirmant que le pays était déterminé à la défendre contre toute pression ou maltraitance.

La veille, son adversaire hongroise avait reposté des images se moquant de l’Algérienne, sur son compte Instragram.

Également qualifiée pour les demi-finales dans une autre catégorie, la Taïwainaise Lin Yu-ting (-57 kg) est au centre d’une controverse similaire.

Le CIO, qui a validé leur participation, a répété samedi que les deux sont " nées femmes, ont grandi comme femme, ont un passeport comme tel et ont concouru comme des femmes depuis plusieurs années ", selon les mots de son président Thomas Bach.

" Les femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes ", a rappelé le CIO.

Avec AFP

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