La quatrième et avant-dernière phase de négociations pour arriver à un traité mondial de lutte contre la pollution plastique s’est conclue dans la nuit de lundi à mardi à Ottawa avec la perspective d’un accord d’ici la fin de l’année, mais sans plafond pour la production de polymères.

Pour la première fois depuis le début de ces négociations, qui ont repris la semaine dernière au Canada, cinq mois après le dernier round au Kenya, des représentants de 175 pays ont discuté d’un texte qui servira de base à ce futur traité international devant entrer en vigueur d’ici la fin de 2024.

L’objectif est de mettre fin au fléau de la pollution par le plastique que l’on retrouve partout, du sommet des montagnes aux profondeurs océaniques, dans le sang humain comme dans le lait maternel.

Les délégués quittent Ottawa avec la promesse de maintenir le dialogue et de tenir une série de consultations d’ici novembre avant un ultime round de négociations, en Corée du Sud.

"Nous assistons à un changement de ton et d’énergie drastique et monumental", a résumé la secrétaire parlementaire canadienne, July Dabrusin.

"Je suis très optimiste que nous puissions en arriver à une entente d’ici la fin de l’année pour mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040", a-t-elle ajouté.

Réduction contre recyclage

Mme Dabrusin et d’autres représentants se sont félicités des progrès effectués à la table des négociations, notamment à propos de la formulation des mesures à prendre pour éliminer les déchets plastique.

Toutefois, un plafond proposé pour la production de plastique n’a pas trouvé place dans le projet de texte et reste un point d’achoppement important.

Bien qu’il y ait un large consensus sur la nécessité d’un traité, les militants écologistes qui plaident pour une réduction de la production de plastique sont en opposition avec les pays producteurs de pétrole et l’industrie du plastique, qui privilégient le recyclage.

"Nous avons constaté une plus grande volonté ces derniers jours pour aborder la question des polymères en vertu du traité", s’est réjouie Ana Rocha, parlant au nom des pays du Sud global.

Mais pour les ONG environnementales, "on ne peut pas mettre fin à la pollution plastique sans réduire la quantité de plastique que l’on produit", a réagi Graham Forbes, de Greenpeace, auprès de l’AFP.

La pollution plastique à l’échelle planétaire ne cesse en effet de s’aggraver. La production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes et pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, seulement 9% des plastiques sont recyclés.

"La réussite ou l’échec de ce traité se fera sur la manière dont il répond à la question de la réduction de la production de plastique. Rien ne peut marcher si l’on ne traite pas correctement cela", a estimé M. Forbes.

Mardi, les ministres de l’Environnement des pays du G7 doivent s’engager à reconnaître que "la pollution plastique est insoutenable et que sa prolifération est alarmante", selon la délégation française.

À Ottawa, le Pérou et le Rwanda ont proposé une motion, qui n’a pas été adoptée, réduisant la production de plastique de 40% au cours des 15 prochaines années, conformément à l’accord de Paris sur le changement climatique.

La production de plastique contribue significativement au réchauffement climatique parce qu’elle provient majoritairement d’énergies fossiles.

Chris Jahn, du International Council of Chemical Associations, a déclaré que ce secteur industriel était "pleinement engagé en faveur d’un traité légalement contraignant" sur les déchets plastiques, à condition qu’il "n’élimine pas les avantages massifs que constitue le plastique pour un monde plus sain et plus durable".

Mais, pour la militante écologiste d’Amérique latine Alejandra Parra, le recyclage est une "fausse option", en raison de son coût, du fait que de nombreux plastiques ne sont pas recyclables, ou que ces processus comportent aussi des effets négatifs pour l’environnement.