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Une étude récente montre que le tabagisme réduit considérablement l’espérance de vie. Elle souligne cependant que le sevrage tabagique à tout âge peut significativement améliorer la longévité.

"Fumer tue". Malgré cet avertissement clair sur les paquets de cigarettes, un grand nombre de personnes continue de fumer. Selon le rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’épidémie mondiale de tabac publié en 2021, le tabagisme tue plus de la moitié des fumeurs à long terme et est responsable d’environ 7 millions de décès chaque année. Cependant, une étude parue en juin 2021 dans The Lancet indique que la prévalence du tabagisme a considérablement diminué depuis 1990 chez les individus âgés de 15 ans et plus, tant chez les hommes (réduction de 27,5%) que chez les femmes (réduction de 37,7%). Néanmoins, en raison de la croissance démographique, le nombre total de fumeurs a augmenté, passant de 0,99 milliard en 1990 à 1,14 milliard en 2019. De plus, le nombre absolu de décès liés au tabac continue d’augmenter dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire, où réside la majorité des fumeurs dans le monde, selon les mêmes statistiques.

Sevrage tabagique

Au cours des dernières décennies, de nombreuses publications scientifiques ont examiné les effets néfastes du tabagisme. Cependant, peu ont évalué son impact sur l’espérance de vie et les bénéfices potentiels du sevrage tabagique. Une étude publiée en juin 2024 dans le American Journal of Preventive Medicine (AJPM) apporte quelques éléments de réponse et de réflexion à ce sujet. Cette étude a d’abord examiné les taux de mortalité en fonction de l’âge et du statut tabagique (non-fumeurs, fumeurs actuels et anciens fumeurs), puis a élaboré des tables de survie pour ces trois catégories en comparant les espérances de vie des individus ayant cessé de fumer entre 35 et 75 ans. Enfin, elle a évalué les années de vie perdues en raison du tabagisme ainsi que les années de vie récupérées en cas de sevrage à différents stades de la vie.

Espérance de vie

Les résultats montrent que les fumeurs subissent une diminution significative de leur espérance de vie. Les chercheurs ont estimé que les personnes âgées de 35 ans, qui ont fumé tout au long de leur vie, auraient perdu en moyenne 9,1 années par rapport aux non-fumeurs. Pour ceux qui ont commencé à fumer à 45, 55, 65 et 75 ans, les pertes moyennes sont respectivement de 8,3; 7,3; 5,9 et 4,4 années. Cela correspond à une réduction de l’espérance de vie de 27,7%, 33%, 38,9% et 48,2% par rapport à ceux qui n’ont jamais fumé. En revanche, les adultes ayant arrêté de fumer à ces âges (de 35 à 75 ans) auraient une espérance de vie inférieure à celle des non-fumeurs du même âge de 1,2; 2,7; 3,9; 4,2 et 3,7 années respectivement. En d’autres termes, les personnes qui arrêtent de fumer pourraient potentiellement gagner entre une et huit années de vie. Enfin, selon ces résultats, les chances de prolonger sa vie d’au moins une année en arrêtant de fumer à l’âge de 65 et 75 ans sont respectivement de 23,4% et 14,2%.

Cette étude confirme donc l’importance capitale du sevrage tabagique comme moyen efficace permettant aux fumeurs d’augmenter leur espérance de vie. "L’avantage de cette cessation n’est pas limité aux jeunes et aux adultes d’âge moyen qui fument; cette étude montre que ceci s’applique également aux personnes âgées", notent les auteurs de l’étude. Et de conclure: "Ces résultats peuvent être précieux pour les cliniciens cherchant des preuves scientifiques pour motiver leurs patients fumeurs à arrêter."