La présidente d’UMAM, Monika Borgmann, s’est vue décerner ce prix en reconnaissance du travail de réflexion sur les questions d’identité, la violence du passé et le devoir de mémoire et de dialogue entre les différentes communautés accompli par l’ONG.

Monika Borgmann, cinéaste et directrice de l’ONG UMAM pour la documentation et la recherche, a été à l’honneur vendredi soir à la Résidence des pins lors d’une cérémonie au cours de laquelle l’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo, et la Première conseillère près l’ambassade d’Allemagne, Katharina Lack, lui ont remis le Prix franco-allemand des droits de l’Homme et de l’État de droit 2021.

Créé en 2016 par la France et l’Allemagne, ce prix met à l’honneur, chaque année, une dizaine de personnalités mondiales qui se battent partout dans le monde pour les libertés et l’État de droit. Et c’est en reconnaissance du travail de réflexion sur les questions d’identité, la violence du passé et le devoir de mémoire et de dialogue entre les différentes communautés, accompli par UMAM que Monika Borgmann s’est vu remettre ce prix.

Fondée en 2004 par Monika Borgmann et son mari Lokman Slim, assassiné le 3 février 2021, UMAM est " un espace de mémoire " qui documente l’histoire sociale et culturelle du Liban de 1840 jusqu’à présent. " Ce trésor mémoriel permet entre autres de nourrir la réflexion sur cette guerre qui a déchiré pendant 20 ans ce pays et sur toutes les éruptions de violence et soulèvements qui restent le trauma de ce pays ", a précisé Mme Grillo, soulignant que l’ONG permet aussi " d’explorer les voies qui permettent d’œuvrer à la construction d’une communauté nationale libanaise forte, unie dans sa diversité, mais qui se demande aujourd’hui comment faire ".

Les ambassadeurs de France et d’Allemagne ont tenu à remettre le prix à Monika Borgmann à la veille de l’anniversaire du traité d’amitié franco-allemand signé le 22 janvier 1963, qui constitue " le socle de l’indéfectible force du couple franco-allemand ", a insisté Mme Grillo Elle rappelle qu’il a " parachevé dix années d’un travail acharné à trouver les fils de la réconciliation entre deux ennemis qui s’étaient fait la guerre trois fois en moins d’un siècle " et " a ouvert la voie à une construction politique et institutionnelle impensable, unique au monde, l’Union européenne ". Une union " qui a su poser et préserver ce qui fait notre bien commun, les libertés individuelles et démocratiques, ainsi que des institutions où l’on ne s’affronte plus qu’à travers des joutes oratoires ", a souligné l’ambassadrice.

Et Mme Grillo d’insister: " Mémoire et réconciliation. Ces thèmes résonnent fortement ici, dans ce Liban marqué par les déchirures de la guerre civile et où vous avez tant fait, avec Lokman, pour éviter que l’emportent le silence, les non-dits, l’oubli et l’amnésie destructeurs. "

Pour Mme Grillo, dont le pays prendra la présidence de l’Union européenne (UE) pour six mois, " un dialogue plus fécond entre l’UE et le Liban est important " notamment " à l’orée de cette année charnière pour le Liban, avec les élections parlementaires et présidentielle (…) et au moment où ce pays vit une crise inédite politique, économique, financière, sociale, et de confiance ".

Elle note dans ce cadre que Libanais et Européens sont " confrontés à des défis similaires ", notamment de " faire émerger du pluralisme qui nous constitue une souveraineté commune (…)qui passe par la construction d’une citoyenneté commune, fière de son patrimoine et de sa culture, riche de sa diversité, du dynamisme de sa jeunesse et d’un attachement commun aux libertés démocratiques " dont Monika Borgmann est " une infatigable défenderesse ".