De plus en plus de familles libanaises ne sont plus en mesure de subvenir aux besoins de leurs familles et d’éduquer leurs enfants

Selon un nouveau rapport publié par Save The Children et le Consortium "Inmaa", la moitié des familles vivant dans le Akkar et le Hermel ont dû réduire de moitié leurs dépenses en nourriture, médicaments et éducation, mettant ainsi en péril la santé et le bien-être de ces familles.

Un contraste saisissant avec l’année 2020, lorsque toutes les familles interrogées étaient encore en mesure de faire face au coût de la vie de base. Rappelons que depuis l’automne 2019, le Liban a sombré dans l’une des pires crises financières de son histoire moderne. Sa monnaie a perdu plus de 90 % de sa valeur au cours des deux dernières années, et la pauvreté a explosé. Plus des trois quarts de la population libanaise vivent sous le seuil de pauvreté.

Hiba*, 53 ans, son mari et ses six enfants qui vivent au Akkar doivent désormais livrer une bataille quotidienne pour survivre. La famille n’a plus les moyens d’acheter de l’eau ou de consulter un médecin lorsqu’un membre de la famille est malade.

" Nous essayons de nous en tenir au strict minimum ", a déclaré Hiba*. " Nous avons déjà connu la pauvreté, mais là, c’est autre chose. Mes enfants mangent à peine un repas par jour. Leurs notes à l’école ont considérablement baissé, mais nous ne pensons qu’à nous assurer de rester au chaud et en bonne santé pour passer cet hiver. "

Sa fille Salam*, 21 ans, a expliqué qu’elle se réveille chaque matin avec la boule au ventre, craignant ce que la journée va apporter.

" On a l’impression que notre vie est passée de mauvaise à pire en quelques secondes ", a déclaré Salam*. " [Avant,] nous pouvions encore nous payer de la viande, nous avions l’électricité… C’est pour notre santé que je crains le plus. Si nous continuons à consommer un seul repas par jour, d’ici le mois prochain, nous tomberons dans la malnutrition. "

Selon l’analyse de l’économie des ménages, les enfants les plus vulnérables des gouvernorats du Akkar et de Baalbek-Hermel sautent des repas entiers. Les aliments moins chers et moins nutritifs sont privilégiés et les portions sont plus petites, ce qui expose les enfants à un risque grave de malnutrition.

La situation à Baalbek est particulièrement préoccupante, du fait que les enfants des ménages vulnérables reçoivent à peine le minimum de calories dont ils ont besoin pour survivre.

Malakeh*, 61 ans, vit à Baalbek avec son fils et son petit-fils de 12 ans. Elle explique que les trois dernières années ont été particulièrement difficiles. Son fils est le seul soutien de la famille et gagne environ 1 000 dollars par mois, ce qui couvre à peine le loyer et les charges, alors que l’inflation continue de grimper.

" Notre seule facture d’électricité s’élève à 400 dollars américains ", a déclaré Malakeh*. " Certaines nuits, je reste éveillée dans mon lit avec la crainte de ce que le lendemain nous réserve. Que mangerons-nous, comment nous réchaufferons-nous ? Et comment allons-nous survivre face à cette cherté de la vie ? L’une de mes craintes est que mon petit-fils abandonne l’école et commence à travailler. "

La directrice nationale de Save the Children au Liban, Jennifer Moorehead, a déclaré que " les retombées économiques au Liban laissent les familles démunies livrées à elles-mêmes et en lutte pour s’occuper de leurs enfants. Il existe désormais un réel danger de voir la hausse des coûts entraîner une augmentation de la malnutrition, des retards de croissance et des décès d’enfants évitables.

Partant, Save the Children et les partenaires du Consortium "Inma" lancent un appel aux responsables, donateurs ainsi qu’aux associations afin qu’ils conjuguent leurs efforts pour coordonner une réponse efficace et responsable, et pallier aux besoins croissants à travers le pays…

En outre, Save the Children soutient des familles comme celles de Hiba* et de Malakeh* par le biais de transferts d’argent et de conseils afin de s’assurer que leurs enfants puissent s’épanouir. Grâce à cette approche " cash plus ", les enfants sont protégés de l’impact de la pauvreté croissante au Liban.