Durant le week-end, plusieurs ONG se sont mobilisées pour aider le plus grand nombre de personnes à s’inscrire sur la plateforme Daem du ministère des Affaires sociales avant l’expiration du délai le lundi 31 janvier.

L’école Yasmine, à Aïn el-Remmaneh, ressemble à une ruche en ce samedi. Des membres de Caritas-Liban s’activent dans tous les sens pour venir en aide à plusieurs dizaines de personnes venues s’inscrire sur la plateforme Daem du ministère des Affaires sociales. Celle-ci a été mise en place pour réunir les données des personnes susceptibles de bénéficier du programme Aman ou de la carte d’approvisionnement, deux projets distincts qui s’inscrivent dans le cadre du réseau de protection sociale financé par la Banque mondiale sous forme d’un prêt bonifié d’une valeur totale de 802 millions de dollars.

Lancées le 1er décembre dernier, les inscriptions sur cette plateforme se poursuivront jusqu’au lundi 31 décembre. Pour accélérer ce processus et aider le plus grand nombre de personnes possibles à le faire, plus de 150 ONG se sont mobilisées au cours des dernières semaines, notamment ce week-end, sur l’ensemble du territoire. Au nombre de ces ONG, notamment Caritas, Donner sang compter, la Société de Saint Vincent de Paul et World Vision, selon une source du ministère. Jusqu’à samedi soir, plus de 536.000 familles, soit l’équivalent de plus de 1,3 million de personnes, s’étaient déjà inscrites sur la plateforme.

" J’ai quatre enfants, confie une dame âgée. Je sais lire et écrire, mais je n’ai pas souvent le courant électrique. Quant à la connexion Internet, elle fait des siens. C’est pourquoi je suis venue ici pour inscrire ma famille. "

" Nous avons organisé cette campagne pour aider les gens qui ne sont pas familiers avec les procédures informatiques à s’inscrire sur la plateforme, ainsi que les plus démunis ", explique à Ici Beyrouth Peter Mahfouz, responsable général de la jeunesse à Caritas. À ce jour, " nous avons aidé plus de 10.000 personnes avec en moyenne 1.000 personnes par région ", ajoute-t-il. " Les jeunes volontaires entament leur journée à 10h et ne finissent pas avant 22h, vu l’affluence constante depuis deux semaines ", précise M. Mahfouz. Même son de cloche chez Charlie Khalil, responsable de la jeunesse du secteur Kesrouan 2, qui rappelle que depuis deux semaines Caritas est présente sur l’ensemble du territoire pour aider les familles à s’inscrire sur Daem.

De son côté, Donna-Maria Khoury, représentante de Caritas au Mont-Liban 2 et responsable de la jeunesse du secteur de Baabda 1, explique que l’équipe " aide les personnes à créer leurs comptes sur le lien électronique de la plateforme ". " Une fois en possession de leur identifiant, il leur serait plus facile de saisir leurs informations personnelles ", poursuit-elle.

Grande affluence au Akkar et à Baabda

À Rmeil, Medawar et Achrafieh, c’est dans les bureaux des moukhtars que les inscriptions ont eu lieu samedi. Ghassan Hasbani, ancien vice-Premier ministre et candidat au siège grec-orthodoxe de Beyrouth I, a effectué samedi une tournée dans ces bureaux et supervisé le bon déroulement du processus. " Le but de cette démarche est d’encourager les citoyens et de les aider à obtenir leurs droits tout en supprimant les obstacles qu’ils pourraient rencontrer pour s’inscrire sur la plateforme ", d’autant que la procédure est " compliquée " et qu’un grand nombre de personnes " n’ont pas accès à Internet ni la capacité de l’utiliser ou le savoir-faire nécessaire pour remplir les formulaires ". Pour M. Hasbani, la phase qui suivra celle des inscriptions reste " nébuleuse ", sachant que les demandes présentées dépassent largement les fonds consacrés à ce projet. " Le nombre des personnes inscrites à Beyrouth est inférieur à celui enregistré dans les autres régions ", a-t-il précisé.

De fait, selon les chiffres du ministère des Affaires sociales, près de 30.500 personnes s’étaient déjà inscrites jusqu’à samedi soir. C’est au Akkar et à Baabda que l’affluence la plus forte a été constatée, avec respectivement plus de 57.000 et 56.000 inscriptions, suivis de Tripoli (plus de 42.000) et Baalbeck (plus de 41.000). Les chiffres les plus bas sont constatés à Bécharré (1.300), Jezzine (3.000), Batroun (3.300), Hasbaya (3.900) et Rachaya (4.700).

" L’inscription sur la plateforme est importante, mais il est encore plus important que le pouvoir en place trouve le financement nécessaire à ce projet et le distribue équitablement de manière à couvrir toutes les personnes qui vivent dans la précarité ", a insisté M. Hasbani.

En effet, selon des sources du ministère des Affaires sociales, " le financement de la carte d’approvisionnement n’est pas encore assuré ". " Les négociations avec la Banque mondiale se poursuivent ", explique-t-on dans les mêmes milieux.

Il convient de rappeler que le programme Aman couvre 150.000 familles les plus démunies. Chaque membre de ces familles recevra la somme de 20 dollars " frais " par mois à raison de six membres au maximum par foyer, en plus d’un montant fixe de 25 dollars par ménage. De plus, 87.000 élèves âgés de 13 à 18 ans recevront une aide scolaire d’une valeur variant entre 200 et 300 dollars qui seront réglés directement aux établissements.

En ce qui concerne la carte d’approvisionnement, elle bénéficiera à 500.000 familles dont chaque membre recevra la somme de 25 dollars. S’ajoutera un supplément de 15 dollars pour les personnes âgées de plus de 64 ans, sachant que le montant maximal pour une même famille est fixé à 126 dollars.