Élie Mahfoud, président du Courant du changement, et Eddy Abillamaa, député des Forces libanaises, ont présenté jeudi une note judiciaire destinée au juge d’instruction Tarek Bitar comportant des données et des documents supplémentaires en relation avec l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth. Le dossier présenté joint aussi la note d’information soumise le 26/1/2021 par MM. Mahfoud et Abillamaa, au juge Fadi Sawane, dans laquelle sont soulignées des actions terroristes ayant abouti à l’explosion.

Après avoir soumis le document au magistrat, M. Abillamaa a insisté sur la nécessité de tirer au clair la vérité. À son avis, les personnes qui misent sur le temps en pensant que le justice pourrait abandonner ce dossier, ont tort. Il considère qu’il est impossible de fléchir devant un crime ayant fait 220 martyrs, 6000 blessés et 300 mille déplacés. " Cette affaire nous la poursuivrons jusqu’à son aboutissement ".

La nouvelle note contient des articles et des témoignages qui permettent d’engager une réflexion sur la corrélation entre l’événement sanglant ayant eu lieu le 4 août 2020 dans la capitale libanaise et les agissements du Hezbollah et du régime syrien.

Me Mahfoud, explique à Ici Beyrouth : " Il y a un an, nous avions présenté une note d’information concernant le nitrate d’ammonium et l’identité des personnes qui l’ont acheté et emmagasiné au port de Beyrouth ", provoquant la déflagration. " Cette note, précise Me Mahfoud, avait été confiée au juge Fadi Sawane qui l’avait ajoutée au dossier de l’enquête. Il avait alors lancé des commissions rogatoires mais 48 heures après, il a été écarté de l’enquête. M. Tarek Bitar a été désigné pour le remplacer. Depuis, nous avons suivi avec minutie toutes les informations liées à l’affaire. Nous avons réuni toutes les nouvelles données et les avons consignées dans un même document destiné au juge Bitar ".

Parmi les indices mentionnés, d’abord, le témoignage d’un chauffeur de camion, sur la chaîne de télévision locale MTV dans le cadre de l’émission " Sar el Waet " diffusée à l’occasion de la première commémoration du drame apocalyptique. Le témoin Imad Kachli  avait alors rapporté qu’il avait transporté des matières suspectes du port de la capitale vers le Sud-Liban, fief du Hezbollah. Ensuite, sont apparus les noms de deux hommes d’affaires syriens Moudallal el Khoury et Georges Haswany, liés au cargo  MV Rhosus, qui a déchargé le nitrate d’ammonium au port de Beyrouth. Celui-ci serait destiné au régime du président syrien, Bachar el-Assad, selon des faits publiés dans la presse internationale." Il est de notre devoir de poursuivre cette affaire à la lumière des données récentes. Nous ne suivons pas de timing politique ", souligne Me Mahfoud. Pour lui, " il est clair que la classe politique travaille avec nonchalance. Les parents des victimes sont souvent soumis à des campagnes d’intimidation ". Et d’ajouter : " Tel est le cas lorsqu’un dirigeant politique demande aux familles de lui préciser à l’avance qui va se présenter à l’entretien qu’elles avaient sollicitées avec lui et quelles sont les questions qui vont lui être posées ".