Plusieurs dizaines de personnes handicapées physique se sont rassemblées devant le Grand Sérail pour réclamer leur droit à voter en toute dignité et autonomie.

Il est presque midi. Sur la route menant au Grand Sérail, un bus s’arrête. Des personnes handicapées physiques sortent. Elles s’entraident pour s’installer sur leur fauteuil roulant. D’autres se passent les béquilles. Comme à la veille de chaque scrutin, elles sont venues réclamer le droit à voter "dans la dignité". Certains d’entre eux ont noué le drapeau autour du cou. D’autres ont posé sur les genoux des pancartes appelant à leur accorder ce droit.

Sur fond de chants patriotiques, ces personnes qui portent leur différence, la tête haute, se sont dirigées vers le Grand Sérail en répétant, comme un leitmotiv : "Je ne voterai que dans un endroit équipé qui convient à mon handicap."

Ce sit-in, placé sous le thème "Pour un droit de vote qui respecte les différences", s’inscrit dans le cadre de la campagne Haqi (littéralement mon droit) organisée par l’Union libanaise des personnes à handicap physique (ULPH). Ce droit ne doit pas être "mendié". "Malheureusement, il l’est", dénonce Sylvana Lakkis, présidente de l’ULPH. "En 2013, vous nous aviez promis des lois qui n’ont toujours pas vu le jour", poursuit-elle à l’adresse du Premier ministre Nagib Mikati. "Nos droits sont bafoués depuis l’accord de Taëf", rappelle-t-elle.
"Avant chaque scrutin, nous protestons, poursuit Mme Lakkis. Notre gouvernement ne respecte pas nos droits. Cela fait vingt ans que nous réclamons le droit de voter dans la dignité et en toute autonomie. Aujourd’hui, nous exigeons qu’on aménage les rez-de-chaussée dans les bureaux de vote" pour que les personnes handicapées puissent y accéder.

"Ils (les responsables) n’ont aucun droit à vouloir nous marginaliser", insiste Sylvana Lakkis qui déplore que les personnes souffrant d’un handicap physique soient traitées comme des citoyens de seconde zone. "Nous sommes ici car nous sommes attachés à notre pays, confie-t-elle à Ici Beyrouth. Nous allons continuer à nous battre pour nos droits de manière pacifique. Nous voulons faire tomber tous les obstacles qui nous empêchent d’accéder aux urnes."

Les personnes handicapées physique "représentent 15% des électeurs", insiste de son côté un manifestant. "Nous avons le droit de voter en toute dignité au même titre que tout autre citoyen, affirme-t-il à Ici Beyrouth. Je refuse de me faire porter sur ma chaise pour voter à l’étage, au risque de tomber". "La personne qui me porte pourrait m’exploiter à des fins électorales", renchérit un autre.

Les manifestants ont appelé à transformer les cours des écoles en centres de vote au cas où les bâtiments ne sont pas dotés d’ascenseurs ou en l’absence de salles au rez-de-chaussée. Ils ont également appelé à prévoir des mesures à l’intention des personnes aveugles pour qu’elles puissent voter à l’abri d’une éventuelle manipulation.

Et la question qui se pose est celle de savoir combien d’échéances électorales ces personnes à handicap physique, qui ne font que réclamer leurs droits les plus élémentaires, doivent-elles encore attendre pour que leurs revendications soient enfin entendues?