L’Ordre des dentistes a été contraint d’annuler les élections organisées durant la journée de dimanche, suite à des bagarres parmi certains membres de l’assemblée et la destruction d’urnes.

Aux alentours de 15h, alors que le décompte des voix avait débuté et devait être rapide grâce au système de vote électronique, un problème technique aurait retardé l’annonce des résultats. Plusieurs dentistes présents dans l’assemblée ont alors exprimé des doutes quant au décompte des voix, affirmant que les techniciens informatiques manipulaient les résultats avant de les publier. Une heure plus tard, alors que le climat se tendait dans l’assemblée et que les candidats et leurs représentants demandaient au syndicat des explications, notamment Emilie Hayek candidate Kataëb, l’ordre annonça que le décompte recommencerait manuellement tandis que le candidat Ronald Younes, soutenu par différents groupes issus du soulèvement d’octobre 2019 et par des partis politiques, semblait en tête du scrutin. A ce stade, plusieurs personnes, des dentistes et des civils selon diverses sources, ont provoqué des échauffourées et ont détruit plusieurs urnes, jetant les bulletins de vote par terre.

Les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent que trois dentistes, Maysam Ashmar, Mehdi Ayoub et Ali Hajj Hassan, ont été à l’origine de la bagarre. Le président actuel de l’Ordre, Roger Rbeiz, a dû annoncer l’annulation du scrutin puisqu’il était devenu impossible de comptabiliser les voix détruites.

Le Hezbollah mis en cause

Les condamnations et accusations n’ont pas tardé à pleuvoir : " Des éléments armés du Hezbollah ne faisant pas parti de l’Ordre des dentistes attaquent le personnel responsable du décompte des voix et détruisent les urnes dans une ambiance qui ne nous rassure par pour les législatives " a directement réagi Sami Gemayel, chef des Kataëb, sur son compte Twitter. Réagissant au tweet du chef des Kataëb, le Hezbollah a qualifié les propos de Samy Gemayel de " mensongers ".

Même son de cloche du côté de Michel Moawad qui a souligné que " le comportement barbare d’éléments du Hezbollah lors des élections syndicales apporte la preuve que le Liban est soumis au diktat des armes ". " Cela nécessite l’organisation des élections législatives sous contrôle international direct afin de garantir la liberté et la démocratie, de même que cela met l’accent sur l’importance de l’application des résolutions internationales ".

De leur côté, les Forces libanaises, par le biais d’un tweet de l’ancien ministre Richard Kouyoumjian, se sont interrogées sur le fait de savoir ce qui pourrait se passer aux législatives si les élections syndicales se déroulent dans un tel climat de violence.

Pour sa part, le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt a publié un communiqué dénonçant avec force " le comportement anti-démocratique et illégal ", demandant une enquête transparente à ce sujet et de nouvelles élections.

Enfin, le député Fouad Makhzoumi a déclaré que " la destruction des urnes de la part des partis au pouvoir, notamment de la part du Hezbollah, constitue un acte lâche ". " Le plus grave est que ce développement soit le prélude à un torpillage des élections législatives ", a mis en garde M. Makhzoumi.