Le dernier dribble de Franck Ribéry: à 39 ans, l’ex-attaquant supersonique du Bayern Munich et des Bleus a mis vendredi un terme à une carrière fructueuse en club mais décevante en sélection et ponctuée de controverses, symbole d’un ailier instinctif et déroutant.

En mettant fin à son contrat de joueur à la Salernitana, modeste 12e de Serie A qu’il a rejoint l’année dernière, Ribéry a dit stop, rattrapé par des blessures à répétition, notamment aux genoux.

" La douleur à mon genou n’a fait qu’empirer et les médecins sont formels: je n’ai plus le choix, il faut que j’arrête de jouer ", a expliqué Ribéry dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

" Le ballon s’arrête mais pas mes sentiments pour lui ", a-t-il ajouté, en quatre langues, sur son compte Instagram.

Dans la foulée, la Salernitana a confirmé que le Français allait rester " dans un autre rôle " auprès du club -une fonction encore à préciser mais qualifiée de " nouveau beau chapitre " par le joueur.

Crève-cœur

Ribéry met un terme à 22 années de carrière professionnelle, dont le sommet aura été la saison 2012-2013 avec le Bayern Munich, auteur cette année-là du triplé Championnat-Coupe-Ligue des champions.

Franck Ribery après avoir inscrit un but avec le Bayern Munich en championnat d’Allemagne, le 18 mai 2019. AFP/Archives

Franck Ribery après avoir inscrit un but avec le Bayern Munich en championnat d’Allemagne, le 18

" Ma meilleure saison a été 2013, ce qu’on a fait c’était fou, on ne peut pas oublier ça ", avait-il résumé en 2019 au moment de quitter le Bayern, dont il est devenu " une légende ", comme l’a d’ailleurs souligné le club munichois vendredi à l’annonce de sa retraite.

Marchant sur l’eau au printemps 2013, Ribéry avait remporté le trophée UEFA de meilleur joueur de la saison et de nombreux observateurs le jugeaient digne du Ballon d’Or.

Mais, en pleine rivalité entre Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, le calendrier du prestigieux trophée avait été modifié en défaveur de Ribéry et c’est le Portugais qui l’avait emporté devant l’Argentin et le Français, un crève-cœur pour " Francky ".

" Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus que de tout gagner avec le Bayern? ", avait-il alors déploré.

L’autre grand regret de sa carrière, c’est l’absence de trophée avec les Bleus, dont l’ailier aux 81 sélections (16 buts) aura connu la face lumineuse (finale du Mondial-2006) comme les années sombres, jusqu’au cauchemar de Knysna à la Coupe du monde 2010.

A l’époque, on l’accuse d’être un meneur lors de la grève de l’équipe de France en plein Mondial sud-africain, ce qui lui vaudra l’étiquette de " caïd ", qualificatif employé à l’époque par la ministre des Sports Roselyne Bachelot.

De là date son désamour avec le public hexagonal, renforcé la même année par l’affaire " Zahia ", lorsque la justice lui reprocha des rapports tarifés avec une prostituée mineure. Il fut finalement relaxé en 2014.

L’Euro-2012, achevé en quarts, puis le Mondial-2014 que Ribéry ne peut disputer en raison d’une blessure, sonnent comme des rendez-vous manqués en vue d’une réconciliation, et l’attaquant prend sa retraite internationale dès 2014.

Salières dévissées

L’Allemagne aura su mieux apprécier le talent et la personnalité attachante de Ribéry, marié à Wahiba et père de cinq enfants.

Mais, avant d’être rebaptisé " Kaiser Franck " en Allemagne, en référence à " Kaiser Franz " Beckenbauer, Ribéry aura d’abord été " Ti Franck ", un gamin de Boulogne-sur-Mer à la trajectoire cabossée et au visage balafré -séquelle d’un accident de voiture quand il avait deux ans.

Exclu du centre de formation de Lille, il démarre sa carrière à Boulogne en troisième division, avant de passer d’un club à l’autre (Alès, Brest, Metz, Galatasaray) pour finalement rejoindre Marseille, et éclore en équipe de France juste avant le Mondial-2006, où il est vice-champion du monde dans l’équipe de Zinédine Zidane.

A l’époque, la France du football découvre un gamin potache, entre salières dévissées, chaussettes découpées et seaux d’eau posés en haut des portes, un personnage rafraîchissant adoubé par " Zizou " et la vieille garde des Bleus.

Il quitte alors Marseille pour le grand Bayern, qui verse 30 M EUR pour s’attacher cet ailier de poche (1,70 m).

Ribéry restera douze ans en Bavière, un séjour marqué par des succès sportifs immenses et quelques dérapages plus ou moins burlesques, comme sa collision contre un mur alors qu’il avait voulu se mettre au volant du bus de l’équipe lors d’un stage à Dubaï!

Avec le " Rekordmeister ", Ribéry empile les trophées jusqu’à cumuler neuf sacres en Bundesliga, un record effacé depuis par son ancien équipier Thomas Müller (11 titres).

En 2009, les dirigeants munichois lui adjoignent Arjen Robben, pour occuper l’autre aile. Ces deux battants, aux très fortes personnalités, forment un duo " Rib-Rob " qui met les défenses au supplice et régale l’Allianz-Arena pendant de nombreuses saisons.

Mais les deux quittent le club en 2019. Robben raccroche deux ans plus tard alors que Ribéry joue les prolongations, d’abord à la Fiorentina (2019-2021), puis à la Salernitana, où il contribue au maintien du club, mais connaît aussi une succession de blessures.

Avec AFP

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