L’Iran a vivement critiqué la décision du conseil des droits de l’homme de l’ONU d’ouvrir une commission d’enquête sur la répression du mouvement de contestation fustigeant une " violation de la souveraineté nationale ". Par ailleurs, les Pasdaran ont annoncé avoir dépêché des blindés et des forces spéciales pour combattre les groupes d’opposition kurdes dans le pays.

Le ministère iranien des Affaires Étrangères a fustigé une résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU instaurant une commission d’enquête internationale sur la répression des manifestations en Iran.

Dans un communiqué publié vendredi, il souligne que la République islamique d’Iran était opposée à cette réunion spéciale de l’instance onusienne, dont il " rejette totalement " la résolution, votée le jour même.

Le texte, présenté par l’Allemagne et l’Islande, a été adopté jeudi par 25 oui, 6 non et 16 abstentions, lors d’une réunion d’urgence du Conseil des droits de l’homme à Genève.

 

Le ministère iranien assure que son pays " a déjà formé une commission nationale d’enquête composée d’experts juridiques, avec la participation de représentants indépendants ".

Il considère donc " que la formation de tout nouveau mécanisme pour examiner les incidents de ces deux derniers mois en Iran est inutile et représente une violation de la souveraineté nationale du pays, et il ne reconnaît pas la mission assignée à cet égard ".

Selon le ministère, " les autorités allemandes et les gouvernements qui se sont joints à elles (…) ont proféré des allégations fausses et provocatrices sur la violation des droits de l’homme, des droits des femmes et des droits des enfants en Iran, que l’Iran a démenties ".

" Cette résolution s’est faite sous la pression de certains lobbies politiques et s’appuie sur de fausses informations propagées par des médias anti-iraniens ", ajoute-t-il.

Réunis en urgence à l’initiative de l’Allemagne et de l’Islande, les 47 États membres de la plus haute instance onusienne en matière de droits humains ont décidé lors d’un vote de nommer une équipe d’enquêteurs de haut niveau pour faire la lumière sur toutes les violations des droits humains liées à la répression des manifestations qui secouent l’Iran depuis deux mois.

 

Pendant les débats, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, dont la demande de visite en Iran est restée jusqu’à présent lettre morte, a appelé Téhéran à " cesser " son " usage inutile et disproportionné de la force ".

" C’est une erreur stratégique de l’Allemagne et de certains pays occidentaux et le temps montrera que cet aveuglement sera préjudiciable à leurs intérêts " ajoute le communiqué.

Répression des Kurdes

Par ailleurs, des unités blindées et des forces spéciales des Gardiens de la révolution en Iran, ont été dépêchées vers les régions kurdes du pays, théâtre d’accrochages récents impliquant des factions armées d’opposition, a déclaré vendredi le commandant de l’armée de terre des Gardiens, le général Mohammad Pakpour, cité par l’agence locale Tasnim.

" Ce mouvement des forces terrestres vise à renforcer les unités situées à la frontière et empêcher l’infiltration de groupes terroristes affiliés aux groupes séparatistes opérants dans la région nord de l’Irak ", a-t-il dit.

 

Mardi, le général Pakpour avait " conseillé " aux habitants se trouvant à proximité des " zones adjacentes aux bases des groupes terroristes de les évacuer pour ne pas être blessés lors des opérations des Gardiens ", l’armée idéologique de la République islamique d’Iran.

À deux reprises depuis dimanche, les Gardiens de la révolution ont ciblé avec des missiles et des drones kamikazes les bases de plusieurs groupes armés de l’opposition kurde iranienne, installés depuis des décennies dans le Kurdistan irakien.

Téhéran dénonce des attaques sur son territoire menées selon les autorités iraniennes par des groupes infiltrés à partir de l’Irak. Mais les autorités accusent surtout ces groupes d’encourager les manifestations.

Téhéran a justifié jeudi dans une lettre au Conseil de sécurité à l’ONU ses bombardements au Kurdistan irakien, en affirmant ne pas avoir eu " d’autre choix " pour se protéger de " groupes terroristes ".

Avec AFP