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Sous le haut patronage du métropolite Élias Audi, les écoles orthodoxes de Beyrouth ont célébré la mémoire d’Élie Choueiri lors d’un concert émouvant, mêlant larmes de joie et de regret.

Le 3 mai 2023, Élie Choueiri (1939-2023) s’en est allé pour embrasser l’infini. Il a enlacé la terre de sa patrie bien-aimée avant de s’envoler tout droit vers l’harmonie suprême, dans un silence assourdissant. Celui des grands hommes. Pas un glas n’a ponctué son dernier voyage. Pas un murmure n’a porté son nom au vent de l’adieu. Pas une larme de velours n’a été versée pour adoucir le giron ultime qui l’accueillait à bras ouverts. Ainsi s’éteignent les monstres sacrés de la musique au Liban, sans qu’aucune reconnaissance ne vienne illuminer leur chemin vers l’éternité. Mais voici que sur les rives du temps, un an plus tard, le silence funèbre s’est finalement mué en tendres mélodies, emplissant l’air beyrouthin de nostalgie.

Reconnaissance sincère

Sous le haut patronage et en présence du métropolite Élias Audi, un récital a célébré, le 21 juin, la mémoire du regretté chanteur et compositeur libanais à l’amphithéâtre du collège orthodoxe de l’Annonciation. Dans la douceur de leurs voix candides, ce sont les jeunes choristes des écoles orthodoxes de Beyrouth (l’école des Trois Docteurs, l’école Zahrat el-Ihsan, le collège orthodoxe de l’Annonciation de Beyrouth, et le collège orthodoxe Sainte Marie) qui ont honoré l’héritage musical d’Élie Choueiri. Leurs mélopées ont effleuré les cieux et susurré à l’artiste des mots de reconnaissance sincères. C’est là, dans ce doux éclat d’innocence, que réside désormais l’hommage véritable, loin des fastes éphémères et des célébrations vaines.

En début de cérémonie, la directrice du collège orthodoxe de l’Annonciation, Nayla Daoun, a prononcé une allocution de bienvenue, mettant en exergue le rôle des arts et de la musique dans l’édification des nations. Elle a ensuite retracé les moments forts qui ont jalonné le parcours d’Élie Choueiri, évoquant les joyaux musicaux qu’il a légués à la postérité, ainsi que sa vision artistique pérenne qui a considérablement marqué la chanson libanaise de qualité. Quelques minutes plus tard, le "la" de la soirée musicale est finalement donné. On redécouvre alors un florilège d’œuvres maîtresse, resplendissant d’une incandescente fraîcheur.

La choristes avec leur cheffe, Nisrine el-Hossny

Bonheur authentique

Sous la direction de Nisrine el-Hossny, près d’une cinquantaine de choristes ont livré une prestation de bon aloi, alliant clarté, cohérence musicale, fermeté sans brutalité, joie communicative et sincérité palpable de bout en bout. Les arrangements musicaux, quant à eux, ont porté la signature du compositeur et pianiste libano-britannique Élie Barrak, qui était à la tête d’un groupe de cinq musiciens. Cette initiative affirme, avec force, l’importance d’une éducation musicale scolaire axée non seulement sur la langue musicale occidentale, laquelle est basée sur le système harmonique tonal, mais également sur la langue musicale maternelle levantine qui est modale.

"Le bonheur authentique exprimé par ces jeunes est sincère et dénué de toute superficialité. Leur innocence nous a montré la véritable pureté du cœur, transformant les mots en belles mélodies", a déclaré le métropolite Audi à la suite du concert. Et de poursuivre: "Nous saluons aujourd’hui un artiste dont le nom a toujours résonné avec éclat. Sa voix et ses paroles étaient le reflet extérieur, mais il est évident que ces mots et mélodies ne pouvaient surgir que d’un cœur authentique et pur".

Elie Barrak recevant un bouquet de fleurs de Soha Choueiri, directrice de l’école Zahrat el-Ihsan

Hommage sincère

Présente lors du concert, Carole Choueiri, la fille du défunt artiste, n’a pas pu dissimuler son émotion. "J’ai senti sa présence et comme j’ai souhaité qu’il soit parmi nous", a-t-elle affirmé pour Ici Beyrouth, soulignant l’importance que revêt cet amphithéâtre pour Élie Choueiri: "C’est là où mon père venait assister aux concerts de fin d’année de mes filles, et c’est là aussi qu’elles ont reçu leur diplôme scolaire." Après un bref moment de silence, Mme Choueiri, s’efforçant de retenir ses larmes, reprend d’une voix émue: "Cet hommage rayonne d’une sincérité et d’une pureté qui semblent jaillir tout droit du cœur des enfants. Il dépasse en authenticité tous les grands hommages qui lui ont été rendus, car il est totalement dénué de toute arrière-pensée ou intention que celle du cœur".

Et de conclure: "J’aurais tant aimé qu’un tel concert soit organisé de son vivant. Hélas!"

Carole Choueiri avec l’icône de Saint Elie, offerte par le métropolite Audi

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