"Stop à l’extrême droite": des milliers de personnes se sont rassemblées, mercredi soir, dans plusieurs villes britanniques pour s’opposer aux émeutes d’extrême droite qui secouent le pays depuis une semaine en réaction au meurtre de trois fillettes.

Depuis le début de la journée, les forces de l’ordre craignaient des dizaines de nouvelles manifestations racistes et islamophobes, ainsi que de possibles éruptions de violence, notamment contre des mosquées et des hôtels hébergeant des migrants.

Mais mercredi soir, après une semaine de heurts et d’affrontements, "les manifestants antihaine se sont opposés aux voyous", comme l’écrit en Une de son édition de jeudi le tabloïd The Daily Mail.

Dans le nord-est de Londres, où une manifestation d’extrême droite était redoutée à Walthamstow, ils étaient plusieurs milliers, a constaté un journaliste de l’AFP.

Militants de l’association Stand Up To Racism et habitants, dont certains arboraient un drapeau palestinien, ont brandi des pancartes disant "Stop à l’extrême droite" et "Réfugiés bienvenus".

"Je pense que c’est important d’être présent pour ses amis et ses voisins", a témoigné Sara Tresilian, 58 ans.

"Je veux remercier nos communautés pour s’être rassemblées dans la capitale et avoir montré un esprit de communauté ce soir", a réagi dans un communiqué Andy Valentine, responsable des opérations de maintien de l’ordre à la Metropolitan police.

À Birmingham (centre), des centaines de personnes se sont rassemblées devant un centre d’aide aux migrants. Sur des images filmées par l’AFP, on entend des slogans comme "Disons-le fort et clair, les réfugiés sont les bienvenus ici". Certains tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit "Le fascisme n’est pas le bienvenu".

À Brighton, 2.000 personnes ont participé à une manifestation "pacifique", selon la police.

D’autres rassemblements ont eu lieu à Bristol (ouest), à Liverpool (nord) aux abords du bâtiment d’une association d’aide aux demandeurs d’asile, Sheffield (nord), Newcastle (nord) ou encore Oxford (centre) et se sont dispersés dans le calme.

Des tensions ont toutefois éclaté sporadiquement, comme à Aldershot (sud) où l’agence PA rapporte que la police a dû s’interposer entre des militants antiracistes et un groupe de personnes qui criaient "Arrêtez les bateaux", en référence aux migrants qui arrivent au Royaume-Uni par la Manche sur des bateaux pneumatiques.

La ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a salué, mercredi soir, le travail des agents présents sur le terrain "pour protéger et soutenir les communautés locales".

Législation antiterroriste

Ces rassemblements se sont tenus sous forte présence policière, alors que les autorités avaient mis en garde les émeutiers qu’ils risquaient gros s’ils répétaient les violences des derniers jours.

Plus de 400 personnes ont été arrêtées depuis le début des heurts la semaine dernière, et plus de 120 personnes ont été inculpées, selon le parquet. Les premières condamnations sont également tombées.

"Voilà l’action rapide que nous prenons", s’est félicité sur X le Premier ministre Keir Starmer, qui a multiplié les messages de fermeté face aux casseurs.

Le chef de la police antiterroriste Matt Jukes a prévenu que les autorités n’excluaient pas d’avoir recours à la législation antiterroriste face à certaines violences.

Par Joe JACKSON et Marie HEUCLIN avec AFP