Le ministre israélien Itamar Ben Gvir a marqué la commémoration de Ticha Beav par une prière et le déploiement du drapeau israélien sur l’esplanade des Mosquées, ce qui a suscité des critiques internationales.

Quelque 2.250 juifs, dont le ministre d’extrême droite Itamar Ben Gvir, ont prié et hissé le drapeau israélien, mardi, sur le site hautement sensible de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, à l’occasion d’une commémoration annuelle, a indiqué un responsable à l’AFP.

Située dans le secteur de la Ville sainte occupé et annexé par Israël, l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, est bâtie sur les ruines du second temple juif, détruit en l’an 70 par les romains. Pour les juifs, c’est le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme.

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, colon d’extrême droite habitué des provocations, s’est filmé sur le site à l’occasion de la commémoration juive de la destruction des deux Temples, Ticha Beav, appelant à "battre" le Hamas plutôt qu’à négocier avec le mouvement islamiste palestinien. Il s’est félicité des "grands progrès en matière de gouvernance, de souveraineté et de nombre de juifs qui prient".

Ben Gvir a également évoqué la guerre qui oppose Israël au Hamas depuis plus de dix mois dans la bande de Gaza, en déclarant qu’il fallait "gagner cette guerre, pas participer à des discussions à Doha ou au Caire".

Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou a affirmé qu’"il n’y a aucune politique privée d’aucun ministre sur le mont du Temple – ni du ministre de la Sécurité nationale ni d’aucun autre ministre".

"L’événement de ce matin sur le mont du Temple est une exception au statu quo", assure-t-il.

Statu quo

En vertu d’un statu quo décrété après la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les non-musulmans peuvent se rendre sur l’esplanade des Mosquées à des heures précises, sans y prier, une règle en moins suivie par certains juifs nationalistes.

Le lieu est administré par la Jordanie mais son accès est contrôlé par les forces de sécurité israéliennes.

Mardi, "la police israélienne n’a laissé entrer que quelques fidèles musulmans, imposant des restrictions à l’entrée à Al-Aqsa", a déclaré à l’AFP le responsable du Waqf.

Ben Gvir "supervise la judaïsation" du lieu saint hautement sensible "et contribue à changer la situation à Al-Aqsa (…) au lieu de respecter les traités internationaux sur le statu quo avec la Jordanie", a-t-il encore dit.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a dénoncé une "escalade" et des "provocations", évoquant des "incursions illégales (…) pour préparer l’imposition d’un contrôle israélien total et une judaïsation" des lieux "en violation du droit international".

Ticha Beav commémore chaque année la destruction des deux Temples, par les Babyloniens en 587 avant J.-C. puis par les Romains en l’an 70. Durant cette journée, les juifs jeûnent durant 25 heures. Ce jeûne se terminera cette année mardi soir.

Condamnations unanimes

Les Etats-Unis ont qualifié mardi d’" inacceptable " la prière conduite par M. Ben Gvir.

" Non seulement est-ce inacceptable, mais cela aussi détourne l’attention de ce qui nous semble être un moment vital, alors que nous travaillons à conclure un accord de cessez-le-feu " à Gaza, a déclaré à la presse un porte-parole du département d’Etat, Vedant Patel.

De plus, un porte-parole du secrétaire général de l’ONU a dénoncé une " provocation inutile " de la part du ministre israélien.

" Nous sommes contre toute tentative de changer le statu quo lié aux lieux saints (…) Ce type de comportement n’aide pas et c’est une provocation inutile ", a déclaré Farhan Haq à la presse.

L’Union européenne (UE) a elle aussi rejoint le concert des critiques.

" L’UE condamne avec force les provocations du ministre israélien Ben Gvir qui a, durant sa visite sur les Lieux Saints, plaidé pour la violation du statu quo " en vertu duquel les non-musulmans peuvent se rendre sur cette esplanade mais sans y prier, a écrit Josep Borrell sur X.

Dans un communiqué du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Paris " appelle le gouvernement israélien à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire respecter le statu quo historique sur les Lieux saints à Jérusalem ".

Elle " souligne l’importance du rôle spécifique de la Jordanie à cet égard ", ajoute le communiqué, dès lors qu’Amman administre le lieu même si son accès est contrôlé par les forces de sécurité israéliennes.

" La France réaffirme l’urgence de mettre en oeuvre la solution des deux Etats, qui implique la création d’un Etat palestinien souverain, viable et contigu, ainsi qu’un engagement volontaire et courageux des responsables politiques israéliens et palestiniens en faveur de la paix ".

Avec AFP

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