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Air France et Transavia ont repris leurs vols vers Beyrouth jeudi, après les avoir suspendus le 29 juillet dernier. Cela signifie-t-il que l’aéroport international Rafic Hariri (AIB) est désormais considéré comme sûr pour l’aviation civile, malgré la poursuite des hostilités dans le sud du Liban? Est-ce une indication que les réassureurs et les assureurs ont revu à la baisse leur évaluation du risque de guerre qui pèse sur la capitale libanaise?

Lors d’un entretien accordé à Ici Beyrouth sous couvert d’anonymat, un assureur a expliqué que "la reprise des vols vers Beyrouth par certaines compagnies aériennes ne signifie pas nécessairement que le risque de guerre est écarté. Cela ne constitue pas une preuve irréfutable que les installations aéroportuaires de Beyrouth ne seront pas attaquées par les Israéliens". Il a précisé que l’étendue de la couverture du risque de guerre pour les avions ou les bâtiments dépend des clauses spécifiques du contrat d’assurance conclu entre les parties. Quelles sont les garanties proposées, quelles en sont les limites et à quelles conditions?

Risque élevé  

Les réassureurs et les assureurs perçoivent la guerre comme un risque élevé et indésirable. Ils préfèrent éviter les situations de conflit, précise la même source. Les polices d’assurance, d’une durée annuelle, peuvent être souscrites à tout moment, avant ou après le déclenchement d’un conflit armé. Évidemment, en cas de guerre, les primes d’assurance et de réassurance augmentent considérablement. Depuis que le sud du Liban a été impliqué dans le conflit de Gaza, deux jours après le début des hostilités le 8 octobre dernier, les primes d’assurance contre la guerre pour les assurés libanais, qu’il s’agisse de bâtiments ou d’aéronefs, n’ont cessé de grimper. "Durant certaines semaines, les assureurs et réassureurs refusaient catégoriquement de vendre des polices d’assurance contre les risques de guerre au Liban, la violence ayant atteint son paroxysme", précise l’assureur.

Augmenter la franchise

Il est courant que, face à des risques de guerre, les assureurs et les réassureurs procèdent à une augmentation simultanée de la prime d’assurance et de la franchise. Concrètement, la franchise représente la somme que l’assuré doit payer de sa poche avant que l’assureur ne prenne en charge le reste des coûts liés à un sinistre. Par exemple, si la franchise est fixée à 500 dollars et que les réparations s’élèvent à 2.000 dollars, l’assuré couvrira les premiers 500 dollars, tandis que l’assureur paiera les 1.500 dollars restants. En bref, la franchise répartit le risque entre l’assuré et l’assureur.

En somme, la franchise est un élément essentiel qui influence le coût de l’assurance pour l’assuré ainsi que le montant que l’assureur devra débourser en cas de sinistre. Elle représente un équilibre entre le niveau de protection souhaité et le montant de la prime que l’assuré est prêt à payer.

Les balles perdues

Concernant la couverture des incidents impliquant des balles perdues touchant le fuselage d’un avion en vol au-dessus du Liban ou stationné à l’AIB, un autre expert du secteur explique que ces accidents sont en principe couverts si la police d’assurance inclut une protection contre la "violence politique". En revanche, ils ne le seraient pas si la police se limite à la "guerre passive". La violence politique couvre généralement des événements tels que des émeutes, des révolutions et d’autres formes de troubles politiques, tandis que la guerre passive est un concept plus restrictif, se référant à des dommages causés par des actes de guerre, mais seulement dans certaines conditions spécifiques.

Le cas de la MEA

Malgré les circonstances difficiles, la Middle East Airlines (MEA), la compagnie aérienne nationale, a été la seule à continuer de desservir l’AIB  longtemps après le début du conflit armé à Gaza. Bien qu’elle ait dû réduire ses fréquences, elle a veillé à programmer ses vols de jour et à maintenir ses services vers toutes ses destinations, sauf Basrah en Irak, comme l’indique son PDG Mohamad el-Hout.

La MEA a rencontré des difficultés pour négocier les polices d’assurance pour sa flotte, ce qui l’a contrainte à stationner certains de ses avions dans des aéroports étrangers.

Sous l’impulsion de son PDG, le Conseil des ministres, en coordination avec le vice-gouverneur de la BDL, Wassim Mansouri, a décidé de garantir les dommages potentiels liés aux risques de guerre. "Certes, le Liban est en défaut de paiement et, par conséquent, l’État pourrait ne pas être en mesure de respecter ses obligations en cas de dommages subis par la MEA, mais il s’agit d’une garantie morale", souligne Mohamad el-Hout. Il ajoute que "si quelque chose de fâcheux devait arriver, la responsabilité serait au moins partagée par l’ensemble de l’État".

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