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Les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza, qui ont atteint un point critique lors des discussions au Caire, sont-elles bloquées en raison de la question du
couloir de Philadelphie? Cette hypothèse prend de l’ampleur alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a fait montre d’une certaine
flexibilité en acceptant partiellement la demande du président américain, Joe Biden, de se retirer de ce corridor lors de la première phase de l’accord de
cessez-le-feu, en échange de la libération des otages pour permettre l’avancement des négociations.
Le Caire a également accepté de transmettre une proposition israélienne au Hamas incluant des cartes actualisées du déploiement des forces israéliennes
dans ce corridor. Cela survient après que Washington a soutenu la position israélienne en faveur d’un retrait limité de ses forces et de la mise de ce
corridor sous supervision internationale.
Indépendamment de la réponse du Hamas, qui sera probablement négative, des sources bien informées font état d’un accord sur la proposition américaine
de cessez-le-feu, qui sera soit annoncée officiellement, soit prendra la forme d’un engagement tacite à une trêve non formelle de 46 jours, potentiellement
renouvelable.
En effet, chacune des parties impliquées dans ce conflit, le Hamas et Israël, cherche à présenter le cessez-le-feu comme une victoire totale. Le Hamas
souhaite afficher la libération de Gaza en forçant le retrait de l’armée israélienne, tandis qu’Israël recherche une trêve qui lui permettrait de libérer
ses prisonniers selon ses propres conditions. Cependant, selon les sources, aucune des deux parties ne peut se prévaloir d’une victoire. Israël n’a pas
atteint son objectif d’éliminer le Hamas, tandis que ce dernier se retrouve avec une bande de Gaza dévastée, contraint de se réfugier dans des tunnels
souterrains.
Les négociations ont traversé plusieurs phases, marquées par une acceptation initiale par le Hamas de la proposition du 2 juillet, suivie d’un recul. Il en est de
même du côté israélien, surtout après l’implication directe de l’Iran et du Hezbollah qui ont lancé des frappes de représailles suite aux assassinats
d’Ismaïl Haniyeh à Téhéran et de Fouad Chokr à Beyrouth. Ces développements récents font craindre une guerre dévastatrice dans la région, laquelle pourrait
avoir des répercussions graves, notamment sur l’administration Biden, déjà sous pression en pleine campagne électorale.
Selon des sources palestiniennes, la proposition modifiée diffère de celle initialement acceptée par le Hamas, s’alignant désormais davantage sur les
exigences israéliennes. La récente visite en Iran du Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdulrahman al-Thani, est jugée cruciale, car perçue comme une
dernière chance pour que toutes les parties prenantes fassent preuve de flexibilité. Cela ouvrirait la voie à des négociations "au coup par coup" sur
chaque dossier spécifique une fois le cessez-le-feu en place.

Alors que l’incertitude plane sur le sort des négociations, Israël et le Hamas se rejetant mutuellement la responsabilité de l’impasse, les tensions dans
la région restent vives. Des sources palestiniennes accusent M. Netanyahou de chercher à prolonger la guerre jusqu’aux élections américaines de novembre,
afin de priver la candidate démocrate, Kamala Harris, d’un quelconque avantage par rapport à son "ami" Donald Trump. Un responsable palestinien a déclaré:
"Avec la fin de la guerre de Gaza, la carrière politique de M. Netanyahou prendra également fin."
Des sources palestiniennes révèlent que le retard du Hamas à répondre à la proposition américaine est dû à des difficultés de communication avec le
successeur de Haniyé, Yahya Sinwar. Elles accusent "Washington de partialité envers Israël", soulignant que "l’Amérique n’est pas un médiateur impartial,
mais plutôt un allié d’Israël". Cette allégation fait référence au déploiement militaire naval et aérien des États-Unis en Méditerranée pour soutenir Israël.
En résumé, la région est tiraillée par deux courants opposés: d’un côté Israël, un allié de Trump, qui utilise sa supériorité technologique pour imposer sa
politique et ses conditions; de l’autre, une administration Biden affaiblie, devenue un "canard boiteux", poussée et entraînée dans une guerre qu’elle ne
souhaite pas mener.
L’axe obstructionniste, quant à lui, conscient des conditions défavorables, préfère éviter une confrontation directe avec Israël qui bénéficie du soutien
des États-Unis. Cet axe privilégie plutôt une reprise des négociations sous la médiation conjointe des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar. Dans ce contexte, il
répond favorablement à la demande de Washington d’éviter une escalade militaire et de ne pas répliquer à l’assassinat d’Ismaïl Haniyé et de Fouad Chokr à ce stade, l’Iran misant sur une éventuelle victoire de Kamala Harris pour relancer les négociations nucléaires.
Partant, la question demeure: qui l’emportera? Israël, qui pourrait chercher à capitaliser sur cette situation pour consolider ses intérêts, ou l’axe obstructionniste, qui pourrait opter pour une escalade contrôlée afin de rompre le statu quo et de relancer les négociations avec la nouvelle administration américaine sur d’autres bases?