Plus de cinq millions de Jordaniens sont appelés à élire leurs députés, mardi, dans un climat marqué par une économie morose et la guerre à Gaza, qui reste au cœur des préoccupations.

Les bureaux de vote ouvrent de 04H00 à 16H00 GMT et les résultats sont attendus dans les 48 heures. Des analystes prévoient une forte abstention.

Il s’agit des premières élections en Jordanie depuis l’adoption d’une nouvelle loi en janvier 2022 qui a augmenté le nombre de sièges au Parlement de 130 à 138, relevé le quota réservé aux femmes et abaissé l’âge minimum des candidats.

Mais elles ne devraient pas bouleverser l’échiquier politique dans le royaume où, selon la Constitution, le roi garde la haute main sur les dossiers stratégiques, nomme le Premier ministre et peut dissoudre le Parlement, déclarer la guerre, conclure la paix ou passer des traités et accords.

Pays voisin d’Israël et de la Cisjordanie occupée, la Jordanie est devenue, en 1994, le deuxième pays arabe, après l’Égypte, à signer un traité de paix avec Israël.

Le royaume appelle à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à l’arrêt de l’offensive israélienne de représailles à Gaza qui a dévasté le territoire palestinien et fait des dizaines de milliers de morts.

Près de la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne et des manifestations réclament régulièrement l’annulation du traité de paix depuis le début de la guerre.

Deux jours avant le vote, un Jordanien a tué trois gardes israéliens à un poste-frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie, territoire palestinien par Israël depuis 1967.

Crise économique

La guerre à Gaza a durement impacté le secteur du tourisme en Jordanie, qui représente environ 14% du PIB. Le pays, qui dépend fortement des aides étrangères, notamment celles des États-Unis et du Fonds monétaire international, fait face à un taux de chômage élevé (21% au premier trimestre 2024).

La plupart des slogans de campagne ont abordé les défis quotidiens des Jordaniens, mais la guerre à Gaza reste au centre des préoccupations, notamment chez les candidats du Front d’action islamique (FAI), principal parti d’opposition.

Des électeurs disent craindre qu’aucune amélioration économique ne soit possible tant que la guerre continue à Gaza.

Dans un marché animé du centre d’Amman, les avis sont partagés.

"Les élections sont (…) notre chance de nous faire entendre et de choisir nos représentants au Parlement, même si nous doutons qu’il y ait un changement significatif", estime Issa Ahmed, un retraité de 65 ans. "Notre pays est malheureusement entouré d’une série de crises et de guerres sans fin."

Mohammed Jaber, propriétaire d’un magasin à Amman, estime que "les gens sont préoccupés par la guerre à Gaza et la situation économique. Ils ne savent pas ce que les partis pourront accomplir".

Abstention

"Où que l’on regarde à Gaza, il y a des tueries quotidiennes, des destructions, des tragédies (…), cela nous détourne des élections", lâche Omar Mohammed, un fonctionnaire de 43 ans, qui n’est "pas encore sûr de voter".

Plus de 5,1 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales, pour une population de 11,5 millions d’habitants, selon la commission électorale.

Le Parlement jordanien est bicaméral. Outre les 138 députés qui seront élus, il compte 69 sénateurs désignés par le monarque. L’assemblée peut retirer sa confiance au gouvernement, approuver et promulguer des lois.

Parmi les candidats aux élections figurent des représentants des principales tribus, des centristes, des soutiens au gouvernement, ainsi que des membres de la gauche et du FAI.

Pour Oraib Rantawi, analyste et directeur du Centre d’études politiques d’Al-Qods à Amman, une partie de la société jordanienne "considère que la situation à Gaza est plus importante et a accordé moins d’attention aux élections et pourrait par conséquent s’abstenir".

Mais il ne pense pas que les candidats islamistes, qui cherchent à exploiter la colère suscitée par la situation à Gaza, réaliseront des gains significatifs lors du scrutin. "Leur représentation parlementaire sera modeste."

Par Mussa HATTAR, AFP

 

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