De la réunion du Quintette prévue pour le 14 septembre prochain, il semble que les Libanais ne devraient pas s’attendre à des changements majeurs, en ce qui concerne le dossier de la présidentielle. C’est, du moins, l’impression qui se dégage dans les milieux politiques, notamment au sein des Forces libanaises (FL), dont le chef, Samir Geagea, s’est entretenu mardi avec l’ambassadeur d’Égypte à Beyrouth, Alaa Moussa.

Dans le cadre d’une tournée qu’il effectue depuis environ une semaine auprès des différents responsables politiques, en amont de la prochaine réunion du Quintette ( regroupant l’Arabie saoudite, les États-Unis, la France, le Qatar et l’Égypte), M. Moussa a insisté, depuis Meerab, sur la nécessité pour les principales forces politiques au pouvoir "d’interagir pour sortir le Liban de l’impasse présidentielle". Il a indiqué avoir relevé lors de sa tournée plusieurs "points positifs" qui, "quoique peu nombreux, pourraient constituer la clé pour le déblocage de la présidentielle". Selon lui, "la concertation et le dialogue sont la base de tout processus politique" et "les mécanismes de concertation et de dialogue sont des éléments essentiels sur lesquels il faut s’accorder pour permettre l’élection d’un nouveau chef de l’État". Il convient de rappeler, à cet égard, que le Liban connaît depuis le 31 octobre 2022 (date de la fin du mandat de l’ancien président, Michel Aoun), une vacance présidentielle qui perdure.

"C’est justement sur ces mécanismes de concertation qu’il faudrait s’attarder", expliquent à Ici Beyrouth Richard Kouyoumjian, ancien ministre et responsable des relations externes des FL et Charles Jabbour, responsable de la communication au sein du parti.

"Nous avons réitéré notre prise de position dans le cadre de notre rencontre avec l’ambassadeur égyptien. Nous n’accepterons, en aucun cas, l’appel au dialogue sous la forme préconisée par le président de la Chambre, Nabih Berry", ont-ils insisté, considérant que cette modalité va à l’encontre de la Constitution. On rappelle que le chef du législatif continue de camper sur ses positions, à savoir, un dialogue qu’il présiderait préalablement à tout appel à une séance parlementaire destinée à l’élection d’un président.

"Nous ne nous opposons pas au dialogue ou aux concertations. Néanmoins, et toujours selon les textes prévus par la Constitution, M. Berry devrait convoquer une nouvelle séance parlementaire électorale à l’issue de laquelle nous nous déclarons prêts à participer à des réunions de concertations", signale M. Kouyoumjian, qui craint que conditionner l’élection à la tenue d’un dialogue ne crée un précédent. "Nous sommes toujours, et malheureusement, à la case départ, ce qui nous empêche d’espérer un quelconque déblocage à ce niveau", ajoute-t-il.

Or, selon l’ambassadeur égyptien, "pour faire avancer les choses et créer un environnement positif grâce auquel nous pouvons progresser, il est nécessaire de ne pas se focaliser sur les éléments d’obstruction à ce dossier, mais plutôt de mettre l’accent sur les points communs". À cela, il a ajouté être convaincu que "le dialogue et la concertation aboutiront inévitablement à un résultat permettant de surmonter de nombreux obstacles et de présenter le nom d’un, de deux ou de trois candidats capables de diriger le pays".

Pour rappel, au cours de ses dernières visites au Liban, l’envoyé du président français, Jean-Yves Le Drian, avait réussi à promouvoir l’idée de choisir une personnalité de compromis qui pourrait être acceptable pour tous les acteurs impliqués. Cette idée avait été émise afin de débloquer le statu quo, le Hezbollah et le mouvement Amal ne dérogeant pas au choix de leur candidat, le chef des Marada, Sleiman Frangié.

Au sujet du rôle du Quintette, M. Moussa a précisé que le groupe "n’a jamais arrêté de travailler pour ce faire, mais que les efforts se sont, dernièrement, davantage centrés sur l’apaisement de la situation dans la région et les moyens d’éviter un élargissement du conflit". "Maintenant que l’on assiste à un retour relatif au calme, nous pouvons, de nouveau, axer notre travail sur la présidentielle", a-t-il poursuivi, espérant que les partis au Liban partagent cette conviction, "surtout que l’impact de la guerre à Gaza doit être détaché du processus de l’élection d’un président au Liban".

Moussa au Grand Sérail

L’ambassadeur égyptien s’est également entretenu, mercredi, avec le Premier ministre sortant, Najib Mikati. Il prévoit de se rendre, vendredi, chez le président de la Chambre, Nabih Berry, après une rencontre, qui a eu lieu la semaine dernière, avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad.

Ayant informé le chef du gouvernement démissionnaire des "mesures que le Quintette compte prendre à partir de la semaine prochaine pour apporter une solution au dossier de la présidentielle", M. Moussa a signalé qu’au cours des derniers mois, "la situation au Liban-Sud a constitué une priorité, mais qu’il est devenu urgent aujourd’hui de se pencher sur le dossier de la présidentielle". Il a, dans ce sens, annoncé que "davantage d’initiatives émanant du Quintette et des forces politiques libanaises devraient bientôt voir le jour". L’évolution générale des négociations portant sur un cessez-le-feu à Gaza, ainsi que le rôle joué par l’Égypte et par les différents médiateurs ont également été abordés lors de cette rencontre.

Aujourd’hui, toute la polémique tourne autour des mécanismes à adopter pour la tenue du scrutin: un dialogue précédant la convocation d’une séance électorale ou vice-versa? Alors que le Quintette s’abstient de s’embourber dans de telles "formalités", à un moment où les textes de loi ne manquent pas de clarté, les regards se tournent vers le sud du Liban, où le danger guette après les menaces grandissantes du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à l’égard du Hezbollah.