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Israël a réussi à éloigner des milliers de combattants du Hezbollah du champ de bataille dans le Liban-Sud sans avoir recours aux armes. Certains pour quelques jours, d’autres pour plusieurs mois, et certains peut-être définitivement, en raison de blessures graves les empêchant de reprendre le combat ou d’accomplir leurs missions.

Les experts et analystes du monde du renseignement s’accordent à dire que ce qu’Israël a réalisé est une opération de renseignement sans précédent dans l’histoire moderne. Elle sera l’une des plus importantes à étudier dans le domaine du renseignement, et les détails de sa préparation et de son exécution seront dévoilés progressivement, donnant matière à des livres et des films, et une leçon potentielle pour d’autres services de renseignement qui pourraient s’en inspirer pour faire face à leurs ennemis.

Il est certain que cette opération a bénéficié d’une technologie avancée et d’une grande précision, mais la question du timing reste en suspens.

Au cours de cette opération, des milliers de pagers ont explosé sur les personnes qui les portaient, comme si Israël avait piégé ces individus à leur insu. En réalité, ils transportaient des dispositifs explosifs de leur propre gré, sans savoir qu’ils étaient dissimulés sur eux, dans leurs maisons, leurs voitures ou leurs bureaux. L’opérateur de ces dispositifs attendait le moment opportun ou un ordre politique pour les faire exploser, causant blessures et pertes humaines.

L’essentiel dans cette opération est de comprendre comment ces appareils ont explosé.

Selon les informations disponibles, le serveur par lequel transitent les messages a été piraté. Les pirates ont envoyé des messages aux utilisateurs, provoquant une surcharge sur leurs appareils individuels, ce qui a causé une surchauffe des batteries au lithium et entraîné les explosions.

Quant à la question suivante: la batterie a-t-elle explosé, ou ces appareils étaient-ils chargés d’explosifs?

Les informations indiquent que la batterie au lithium de ces appareils, bien que petite, ne peut pas, à elle seule, provoquer des dommages corporels aussi importants que ceux observés, tels que des décès et des blessures graves chez les porteurs des appareils. Par conséquent, l’hypothèse selon laquelle des explosifs ont été implantés dans ces appareils semble la plus probable. Certains experts estiment qu’environ 20 grammes d’explosifs auraient été placés dans chaque appareil.

Cependant, la méthode de déclenchement à distance reste floue. La surchauffe de la batterie aurait-elle agi comme un détonateur, ou existait-il une autre méthode? Il convient de noter que la vérification de la présence d’explosifs dans ces appareils est relativement simple: il suffit que les autorités compétentes ou le Hezbollah effectuent un examen en laboratoire des restes des appareils explosés pour déterminer s’ils contiennent des résidus d’explosifs.

Depuis que le Hezbollah a engagé les hostilités contre Israël, le 8 octobre dernier, la sécurité de ses moyens de communication est devenue une préoccupation majeure, notamment après la perte de nombreux membres et dirigeants, dont Fouad Chokr, qui aurait reçu un appel téléphonique ayant conduit à sa perte.

C’est pourquoi les membres du Hezbollah ont abandonné les téléphones portables et retiré les caméras de surveillance des rues, les considérant comme compromis. Les services de sécurité du Hezbollah se sont ensuite concentrés sur la recherche de dispositifs de communication sécurisés à ajouter à leur réseau terrestre. Ils ont vu dans les pagers un moyen potentiel de communication sûr et ont décidé d’en augmenter l’utilisation, d’autant plus qu’il semblait qu’ils avaient déjà servi auparavant

Selon les informations, une cargaison de 5.000 appareils a été livrée au Hezbollah il y a quelques mois. Ces appareils ont été distribués parmi ses membres et responsables dans diverses unités, services et institutions, principalement dans les secteurs militaires et de la sécurité. Bien que ces appareils portent la marque de la société taïwanaise Gold Apollo, celle-ci a nié en être le fabricant. Elle a précisé qu’une entreprise européenne, la société BAC en Hongrie, détient une licence pour produire ces appareils de modèle AR-924. Par ailleurs, aucune expédition de tels appareils n’a été enregistrée entre Taïwan et le Liban. La question demeure: comment les Israéliens ont-ils découvert que la cargaison était destinée au Hezbollah et comment ont-ils réussi à la piéger?

Le Hezbollah ne procède pas directement à l’achat des équipements; il passe par des intermédiaires, parfois plusieurs, pour réaliser une transaction. Cela permet de dissimuler l’identité du véritable destinataire et de minimiser les risques d’annulation de la transaction ou de failles de sécurité. Cependant, il semble que cette fois-ci, les mesures de sécurité du Hezbollah aient échoué. Selon les témoignages, les Israéliens auraient réussi à identifier que ces appareils étaient destinés au Hezbollah, puis à les piéger et à compromettre leur sécurité pour provoquer des explosions. Toutefois, certains experts soulignent que le Hezbollah ne remet jamais d’appareils sensibles à ses membres sans une vérification rigoureuse de leur sécurité. La question demeure donc: les Israéliens ont-ils réussi à duper le Hezbollah en dissimulant les explosifs de manière indétectable?