L’ancien Premier ministre libanais Fouad Siniora a annoncé qu’il n’est pas candidat aux législatives et qu’il souhaite "faire place à de nouveaux visages", ajoutant qu’il sera "impliqué à fond dans ces élections" et appellant à une large participation.

L’ancien Premier ministre Fouad Siniora a annoncé mardi qu’il n’est pas candidat aux législatives prévues le 15 mai, précisant toutefois qu’il reste pleinement impliqué dans la bataille électorale et invitant les électeurs à participer aux élections "afin que les opportunistes ne parviennent pas à falsifier la représentation" populaire, notamment sunnite. Au cours d’une conférence de presse dans son bureau à Spears, à Beyrouth, il a estimé que "le moment est venu d’introduire du sang neuf en politique et de soutenir des profils prometteurs qui n’ont pas eu l’occasion de servir le pays".

Cette déclaration intervient près de deux mois après l’annonce, le 24 janvier, par l’ancien Premier ministre Saad Hariri de la suspension de sa participation à la vie politique libanaise, et de la non-participation du courant du Futur aux législatives. Alors que certains députés du Futur ont suivi les directives de M. Hariri, d’autres ont démissionné du Courant du futur pour se présenter au scrutin. Fouad Siniora, qui a exprimé son rejet d’un boycott sunnite des élections, va soutenir des listes dans plusieurs régions libanaises. Avec l’annonce de M. Siniora mardi, qui rejoint celles de Saad Hariri, Nagib Mikati et Tammam Salam, lesquels ne se présentent pas non plus aux législatives, il se confirme donc que l’ensemble des membres du Club des anciens Premiers ministres seront absents de la Chambre.

Dans son point de presse, Fouad Siniora a rappelé avoir déjà "servi son pays" en présidant deux gouvernements, en assumant le rôle de ministre des Finances dans les cabinets présidés par l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, et en tant que député de Saïda et chef du bloc parlementaire du Courant du futur. "Tout au long de mes années de service dans ces fonctions, je me suis fait un devoir de préserver et de défendre les intérêts d’un État libanais souverain, libre et indépendant, ansi que les véritables intérêts de tous les citoyens libanais", a-t-il ajouté.

Soulignant que les Libanais vivent aujourd’hui la crise la plus dangereuse de leur histoire, il a rappelé que "les nombreuses tentatives de réformer l’État et de le libérer de la tutelle, de la domination des armes illégales et de la prédominance de la corruption politique ont échoué".

Tout en appelant les responsables libanais à œuvrer pour une véritable réforme "afin de soustraire l’État libanais à l’emprise des milices", il a jugé que "le moment est venu, comme l’a concrètement montré le soulèvement populaire (du 17 octobre 2019), d’introduire du sang neuf en politique, de soutenir des profils prometteurs et de faciliter la voie à des personnes expérimentées qui n’ont pas eu l’occasion de servir le pays".

M. Siniora a ajouté: "Pour toutes ces raisons, j’annonce que je renonce à me présenter aux prochaines élections législatives, mais j’invite avec insistance nos bien-aimés à Beyrouth, à Saïda, au Nord, dans la Bekaa, au Mont-Liban et dans toutes les régions du Liban, à participer à cette échéance électorale décisive, afin que les opportunistes ne parviennent pas à falsifier la représentation populaire et à combler le vide qui peut résulter de l’appel à ne pas participer à cette échéance nationale". Il a également exhorté les électeurs "à souligner l’importance d’un noyau d’administration gouvernementale rationnelle, qui émanerait du nouveau Parlement et serait à la hauteur des tâches de réforme requises dans tous les domaines pour conduire cette nouvelle phase pleine de défis et de difficultés".

Fouad Siniora a noté "qu’il faut œuvrer avec volonté et courage pour contribuer concrètement à la restauration du rôle et de l’autorité de l’État libanais, et de la libre décision et des droits des Libanais".

"Telle est la voie du martyr Rafic Hariri, qui a été suivie par Saad Hariri. C’est un processus continu dont je fais partie et qui doit être poursuivi par le peuple libanais, avec à sa tête Saad Hariri lorsqu’il décidera de reprendre son rôle naturel", a ajouté l’ancien chef du gouvernement.

"Je continue sur cette voie en tant que citoyen responsable, au service de tout le Liban et de Beyrouth, sans aspirer à aucun poste. Je poursuivrai mon action nationale et j’appelle tous les Libanais à être solidaires pour faire réussir cette participation nationale", a ajouté M. Siniora.

Il a insisté sur le fait que sa décision de ne pas se présenter aux législatives "n’est pas une abstention ni un boycott". "Elle vise au contraire à faire place à de nouveaux visages. J’annonce dès à présent que je serai impliqué à fond dans ces élections, au profit de tous les citoyens libanais, qui doivent y participer en tant que candidats, participants et électeurs".

"Ceci n’est pas une déclaration de désengagement, mais plutôt une déclaration d’engagement et de continuité", a conclu Fouad Siniora, sans donner plus de détails au sujet de cet engagement. Celui-ci doit se manifester par un soutien à des listes électorales dans les régions où le Courant du futur a toujours eu une présence prépondérante.