Lettres à Beyrouth, juste après (10) : Des étoiles sur des vagues bleues
Les galets de ronds sur les flots.
Et quelques rêves qui tombent à l’eau.
Au pays du soleil, là où mer et montagnes prêchent la polygamie et s’étreignent dans des rapports de force ou de séduction, l’invraisemblablement vrai perce encore. D’une toute petite voix. Non pas rêver. Non plus rêver. Mais plus. Plus encore. S’entêter.
S’entêter à trouver le beau dans tout ce qui nous entoure. Dans tout ce qui est là. Ou plus du tout. Dans tout ce qui part. Dans ce dernier départ, avant le dernier avion.
S’entêter à chercher, à voir, tous ces petits «quelque chose» que le monde zappe ;
Plus loin que les injures, la main qui se tend à l’autre, qui tend vers l’autre.
Derrière la colère, la peur pour nos autres.
Par-delà la saleté, les cimes de nos souvenirs. Ceux qui refleurissent chaque nouveau printemps.
Malgré l’extinction de nos conserves, le thym qui pousse généreusement, et qui nourrit nos vallées...
Par monts et vallées, nos champs de blé... tout ce qui brille et qui n’est pas d’or, notre richesse, notre nature et tout ce qui ne finit pas.
S’entêter.
Comme on s’entête par amour.

Avec grand A.
Celui qui voit tout.
Celui qui pardonne tout. (Jusqu’à la bêtise, dirait-on. Mais être infidèle -à soi !- serait-ce le summum de l’intelligence ?)
Celui qui pardonne tout donc. Soixante-dix-sept fois sept. Celui qui comprend tout...
Au fond du désespoir, la lueur du lendemain.
Au seuil de la bêtise, l’abnégation pour une patrie, un chez-soi, un chez-moi, une seule maison, un toi.
Au cœur de notre révolution meurtrie, bafouée, piétinée, tenace dans l’âme, un bout d’idéal. Fixe.
Entre les pneus brûlés, le feu... au fond de nous, la flamme, le même flambeau !
Et tant que nos enfants, les miens ou les tiens vivront, il brûlera.
Beyrouth.

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