Knighton, trois ans d'athlétisme et déjà phénomène du sprint
©Knighton sera l’un des favoris du 200 mètres jeudi. Photo Jim Watson AFP
Le nouveau phénomène du sprint américain Erriyon Knighton, prétendant à l'or mondial sur 200 m à Eugene (Oregon) jeudi, était promis au football américain avant de se mettre à l'athlétisme il y a trois ans.

Depuis, il brûle les étapes plus vite qu'Usain Bolt. Knighton s'est fait un nom pour de bon fin avril, quand, à 18 ans et encore lycéen, il est devenu le quatrième meilleur performer de l'histoire sur 200 m en 19 sec 49 courues en Louisiane, à Baton Rouge.

Seule la superstar du sprint Usain Bolt, détenteur du record du monde en 19 sec 19 depuis 2009, son compatriote jamaïcain Yohan Blake (19.26) et la légende américaine Michael Johnson (19.32 en 1996) ont fait mieux.

"J'ai vu sa course, il est très jeune et talentueux", salue auprès de l'AFP le champion olympique en titre du 200 m, le Canadien Andre de Grasse. "L'athlétisme évolue : il y a quelques années, les sprinteurs étaient plutôt bodybuildés, aujourd'hui, il y a des gars comme nous, plus fins, mais tout aussi rapides. C'est intéressant", observe-t-il.

La saison précédente déjà, Knighton avait marqué les esprits en battant à deux reprises le record du monde juniors, alors propriété de Bolt depuis dix-sept ans, pour se faire une place dans l'équipe olympique américaine.

"Je n'y connaissais rien"

Qualifié à 17 ans, le Floridien à la silhouette élancée qui dépasse le 1,90 m - à quelques centimètres de la taille de Bolt - et au visage encore juvénile, est devenu le plus jeune athlète américain sélectionné pour les JO depuis plus d'un demi-siècle.


Il a fait fructifier l'expérience en se classant quatrième du 200 m à Tokyo. Concrètement, même Bolt ne courrait pas si vite au même âge : à 17 ans, le Caribéen avait fait une pointe de vitesse en 19 sec 93, contre 19 sec 84 pour Knighton.

A 18 ans, quand ce dernier a accéléré en 19 sec 48, son aîné avait plafonné à 19 sec 99. Et dire que Knighton n'est venu à l'athlétisme qu'en 2019, sur les conseils dans son lycée de Tampa d'un de ses entraîneurs de football américain - sport qui lui tendait les bras.

"Je n'ai découvert la piste que pendant ma première année de lycée. Avant ça, vous auriez pu me demander ce qu'était le 100 m et je n'aurais pas su. Je n'y connaissais rien en athlétisme", a-t-il raconté à la BBC il y a quelques mois. "A la fin de l'année, j'ai réalisé que j'étais disons au-dessus du lot et plus rapide que la plupart des gens", poursuit-il.

Duel avec Lyles

Depuis, tout va très vite pour Knighton, devenu professionnel dès janvier 2021, quelques jours avant ses 17 ans. Jusqu'où ira-t-il ? Son entraîneur à l'Université de Floride, Mike Holloway, compare dans le New York Times son élève à un "bâton sauteur" pour sa capacité de rebond. "Si on veut qu'il dure, il faut le préserver. Il est comme un poulain juste né et qui peut à peine marcher ; ensuite ils grandissent et deviennent des pur-sang", image le coach.

En attendant, Knighton, départ à perfectionner et qui fait encore relativement peu de musculation, a déboulé à Eugene avec la meilleure performance mondiale de l'année, devant son rival N.1, son compatriote Noah Lyles (19.61), champion du monde sortant et médaillé de bronze olympique l'été dernier à Tokyo. Mais c'est Lyles qui s'est imposé aux sélections américaines fin juin (19.67 contre 19.69), non sans pointer le doigt en direction de son jeune adversaire comme un défi. "C'était pour tous ceux qui ne croient plus en moi simplement parce que quelqu'un de nouveau est arrivé, a-t-il expliqué sur les réseaux sociaux. Erriyon est un incroyable talent, il l'a prouvé. Mais ça ne veut pas dire que je vais me laisser faire."

L'objectif de Knighton, vingt ans seulement au moment des Jeux de Paris en 2024, est assumé : "je veux battre le record du monde, lance-t-il à NBC. Mais j'ai encore dix ans pour le faire".
Commentaires
  • Aucun commentaire