France - Au congrès LR, Ciotti et Pécresse qualifiés pour le deuxième tour
©Eric Ciotti et Valérie Pécresse sont qualifiés pour le second tour de scrutin avec respectivement 25,6% et 25% des suffrages exprimés. (Photo : AFP)
Double surprise au premier tour du congrès LR: Eric Ciotti s'est qualifié pour le second tour où il affrontera Valérie Pécresse, tandis que Xavier Bertrand, qui passait pour le mieux placé à droite, a été éliminé, comme Michel Barnier.

Le député des Alpes maritimes, tenant d'une ligne droitière, a recueilli 25,6% des voix, devançant de peu la présidente de l'Ile-de-France, qui a totalisé 25% des suffrages sur sa ligne de «compétence» et «d'ordre».

Parti avec le statut de favori mais affaibli après les débats télévisés, Michel Barnier a recueilli 23,9% des voix. Xavier Bertrand n'est arrivé que quatrième avec 22,4%, ses appels au rassemblement n'ayant visiblement pas réussi à effacer son départ fracassant du parti en 2017. Le challenger Philippe Juvin n'a fait que 3,1% des voix.

Quelques minutes après l'annonce des résultats, le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand a appelé au «rassemblement» derrière Valérie Pécresse. L'ex-négociateur européen du Brexit Michel Barnier et Philippe Juvin ont également appelé à voter pour la présidente de l'Ile-de-France.

Se retrouveront au second tour deux candidats aux profils distincts.

La présidente de l'Ile-de-France, 54 ans, «bosseuse» méthodique et attachée aux valeurs républicaines, est la seule femme en lice, et espère décrocher l'investiture avec une ligne libérale sur l'économie et ferme sur le régalien.

«Je suis la seule à pouvoir battre Emmanuel Macron», a-t-elle affirmé jeudi, en assurant que «du côté de l'Elysée, ils vont devoir réécrire leur scénario» d'un deuxième tour face à l'extrême droite.

En face, Eric Ciotti, 56 ans, qui «ne s'excuse pas d'être de droite», prône la «rupture» notamment sur le régalien, avec des propositions choc: priorité nationale sur l'emploi et le logement, retour au droit du sang, «Guantanamo à la française»... propres à séduire l'aile dure de LR tentée par Eric Zemmour.

«J'ai l'intime conviction qu'un positionnement trop centriste, trop proche du macronisme ne permettra en aucun cas de battre le président de la République sortant», a insisté M. Ciotti après sa qualification sur laquelle «peu de commentateurs auraient parié».

Mais avant même le résultat, son évocation faisait grincer des dents: le maire LR de Saint Etienne Gaël Perdriau a affirmé au Progrès qu'il ne soutiendrait pas Eric Ciotti s'il venait à gagner le congrès.

«Je ne lui apporterai pas mon soutien», a également assuré l'UDI François Sauvadet, tandis que le président du Nouveau centre Hervé Morin disait sa préférence pour les autres candidats.


Marine Le Pen a elle ironisé sur «la revanche de la ligne Wauquiez».

«Vite et bien»


Pour Xavier Bertrand, la chute est sévère. «Je n'ai pas réussi à convaincre», a-t-il reconnu jeudi, en assurant que «maintenant le plus important est le rassemblement».

Le vote pour le deuxième tour commencera vendredi à 08h00 et se terminera samedi à 14H00, avant l'annonce des résultats vers 14H30.

L'entre-deux tours avait été conçu pur être volontairement bref, pour éviter tout «sang sur les murs» selon les termes du porte-parole du parti Gilles Platret.

Car LR, échaudé par les divisions mortifères de la primaire de 2016 suivies d'une élimination historique au premier tour de la présidentielle, sait que son avenir de grand parti à vocation gouvernementale est en jeu.

La droite reste pour le moment à la traîne dans les sondages, derrière Emmanuel Macron et l'extrême droite. Mais LR espère que le candidat décollera une fois désigné par le congrès.

Revenu sur le devant de la scène, le parti gaulliste doit aussi déjouer les télescopages, alors que le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour vient de déclarer sa candidature.

Celui-ci a d'ailleurs félicité Eric Ciotti sur twitter, en assurant: «le RPR n'est pas mort!»

A gauche, Jean-Luc Mélenchon a raillé la «fin de la droite de tradition républicaine» entre «l'extrême droite ou les Versaillais».

Le parti doit enfin convaincre la part de son électorat tentée de passer à la macronie: mercredi, le maire de Nice Christian Estrosi, qui a claqué la porte de LR en mai, a rejoint Horizons, le mouvement de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (ex-LR lui aussi).
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