Merrick Garland, ministre de la Justice, est sous le feu des projecteurs. Sa mission est ardue: c'est à lui qu'incombe la responsabilité d'inculper ou non l'ancien président républicain Donald Trump. Le président de la commission d'enquête parlementaire sur l'attaque du Capitole a estimé que tous les responsables de l'assaut devraient répondre de leurs actes devant la justice, y compris à la Maison Blanche.
Le ministre US de la Justice Merrick Garland
Huit auditions publiques se sont tenues par une commission de la Chambre des représentants des États-Unis dans le cadre de l'enquête sur l'assaut du Capitole à Washington.
Intention criminelle?
Mais d'autres voix estiment nécessaire de sanctionner Donald Trump pour protéger la démocratie américaine. "Ne pas l'inculper encouragerait d'autres insurrections violentes", estime ainsi Laurence Tribe, professeur de droit à Harvard. Pour obtenir une condamnation, les procureurs devront prouver que Donald Trump avait "une intention criminelle", c'est-à-dire qu'il savait commettre un acte illégal, souligne William Banks, professeur de droit à l'Université Syracuse.
Or, "ses avocats vont certainement le dépeindre comme un patriote désabusé qui pensait vraiment que l'élection lui avait été volée et qui voulait sauver le pays", explique-t-il à l'AFP. Lors des auditions, plusieurs membres de son entourage ont assuré lui avoir expliqué qu'il avait perdu l'élection. Il savait que certains manifestants étaient armés et potentiellement dangereux, a ajouté une ancienne collaboratrice de la Maison Blanche, Cassidy Hutchinson.
Mais pour Donald Trump, ces déclarations n'ont pas de valeur légale: si la commission "avait de vraies preuves, elle aurait organisé de vraies auditions en respectant les droits de la défense", a-t-il écrit, en regrettant que les témoignages soient coupés, mis en scène et sans contre-interrogatoire.
Connu pour être méthodique et prudent, le ministre n'exclut rien. "Chaque personne qui est pénalement responsable des efforts pour annuler l'élection devra répondre de ses actes", a déclaré récemment Merrick Garland. Mais les poursuites devront être menées "de manière professionnelle et intègre", s'est empressé d'ajouter cet ancien juge de 69 ans, tempérant les espoirs de ceux qui espèrent voir le glaive de la justice frapper rapidement.
Un mémo adressé récemment à ses équipes les appelle à éviter toutes poursuites politiques avant les élections de mi-mandat, en novembre. Pour la suite, il pourrait être tenté de nommer un "procureur spécial" ce qui le déchargerait du dossier et donnerait des garanties d'indépendance, estime William Banks. "Mais il garde ses cartes très près de lui et on ne peut pas savoir" ce qu'il compte faire.
Avec AFP
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