Frappes sur Odessa: Moscou crache le morceau
©A la gare d'Odessa, un militaire ukrainien embrassant son épouse avant de prendre le train vers la ligne de front. (AFP)
La Russie a fini par avouer dimanche être à l'origine des frappes de missiles sur Odessa, ville portuaire incontournable pour le commerce des céréales ukrainiennes. Samedi, la Russie avait pourtant démenti être impliquée dans ce bombardement. Ces frappes, survenues au lendemain de la signature de l'accord d'Istanbul, ont été condamnées par l'ONU et la Turquie, les deux garants de l'accord, ainsi que plusieurs capitales occidentales. Des opérations de ce genre risquent de compromettre la mise en œuvre de l'accord censé permettre le transport en mer Noire des céréales immobilisées par le conflit. Conséquence mondiale d'un conflit européen, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a provoqué une flambée des cours des céréales sur les marchés internationaux. La sécurité alimentaire mondiale se trouve ainsi menacée, particulièrement les pays pauvres aux têtes desquels se trouve le continent africain.

Une photo prise en 1941 des gigantesques escaliers d'Odessa, rendus de renom par le cinéaste soviétique Sergueï Eisenstein dans une scène de son film "Le cuirassé Potemkine". (AFP)

L'invasion russe de l'Ukraine est entrée dimanche dans son sixième mois, au lendemain de frappes sur le port d'Odessa qui menacent l'application de l'accord sur la reprise des exportations des céréales bloquées par la guerre.

Moscou a assuré dimanche avoir détruit la veille dans ce port, vital pour le commerce des céréales ukrainiennes, un bâtiment de guerre ainsi que des missiles fournis par les Etats-Unis.

"Des missiles de haute précision et de longue portée tirés de la mer ont détruit un navire militaire ukrainien à quai et un stock de missiles antinavires Harpoon livrés par les Etats-Unis au régime de Kiev", a déclaré le ministère russe de la Défense.

Les missiles anti-navires Harpoon ont été fournis aux Ukrainiens par les États-Unis et la Norvège. (Licence Commons)

"Une usine de réparation et de modernisation de navires de l'armée ukrainienne a aussi été mise hors d'usage", a-t-il poursuivi dans un communiqué.

Plus tôt, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, avait affirmé qu'une "vedette militaire" ukrainienne avait été détruite dans cette attaque.

"Des missiles Kalibr ont détruit des infrastructures militaires du port d'Odessa, avec une frappe de haute précision", a-t-elle assuré.

L'AFP n'a pas été en mesure de confirmer de source indépendante les déclarations russes.

Les missiles russes Kalibr qui ont frappé le port d'Odessa ont été lancés à partir de sous-marins et navires russes croisant en mer Noire. (Vitaly Kuzmin via Commons)

Après les tirs sur Odessa, l'Ukraine a accusé Vladimir Poutine d'avoir "craché au visage" de l'ONU et de la Turquie et de compromettre la mise en oeuvre de l'accord signé vendredi à Istanbul pour à nouveau permettre le transport en mer Noire des céréales immobilisées par le conflit.

Samedi, la Russie avait pourtant démenti auprès d'Ankara avoir été impliquée dans ce bombardement.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie - deux pays qui assurent notamment 30% des exportations mondiales de blé - a conduit à une flambée des cours des céréales et des huiles, qui a en particulier durement frappé le continent africain.

Pas de répit sur le front



La guerre en Ukraine ne connaît pas de répit sur les fronts de Mykolaïv, dans la région de Kharkiv, la deuxième plus grande ville de ce pays, dans celle de Kherson et dans les deux territoires séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, dans l'est, selon la présidence ukrainienne.

"Mykolaïv a de nouveau été bombardée" dimanche matin après avoir été visée la veille au soir par "quatre missiles de croisière de type Kalibr", qui ont fait cinq blessés dont un adolescent et endommagé plusieurs immeubles, a-t-elle ajouté.

Elle a également fait état de bombardements dans la région de Kharkiv, où "plusieurs bâtiments d(habitation ont été endommagés et des bâtiments résidentiels incendiés".

Dans la région de Kherson, largement occupée par les troupes russes, les Ukrainiens affirment amplifier leur contre-attaque.

Une unité ukrainienne près de la ligne de front sud du pays s'est engagé dans une dure bataille pour reprendre les territoires occupés dans la région stratégique de Kherson. (AFP)

"Nous pouvons parler de retournement de situation sur le terrain. Au cours des récentes opérations, ce sont les forces armées ukrainiennes qui ont eu l'avantage", a assuré dimanche le conseiller du chef de l’administration militaire régionale fidèle à Kiev, Sergiy Khlan.

"Notre armée avance franchement, nous passons d'une phase défensive à une contre-offensive", a-t-il ajouté, promettant que la région "sera définitivement libérée d'ici à septembre et que tous les plans des occupants échoueront".

Les Russes se sont emparés le 3 mars de Kherson, la première grande ville ukrainienne à être tombée entre leurs mains depuis le déclenchement de leur offensive le 24 février.

Le Chancelier allemand Olaf Scholz, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. (AFP)

Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé dimanche soir ses compatriotes à "être unis et à travailler ensemble pour la victoire", avant de "célébrer pour la première fois le Jour de la souveraineté de l'Ukraine, le 28 juillet". Son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, a quant à lui estimé que la guerre russe en Ukraine était aussi "une guerre contre l'unité de l'Europe".

"Nous ne devons pas nous laisser diviser, nous ne devons pas laisser détruire la grande oeuvre d'une Europe unie que nous avons entamée de manière si prometteuse", a-t-il lancé.

Avec AFP
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