©La DJ Leen Naif- Crédit Photo: Fayez Nureldine/AFP
Debout derrière sa table de mixage, des écouteurs autour du cou, DJ Leen jongle entre des tubes de musique pop et des morceaux électro, devant un parterre d’étudiants conviés à une fête de fin d’études à Jeddah, la grande ville de l’ouest de l’Arabie saoudite.
« Beaucoup de femmes DJ ont émergé », ces dernières années en Arabie saoudite, explique Leen Naïf, de son vrai nom, interrogée fin mai, assurant que le public est devenu « plus à l’aise » face à cette présence féminine.
Cette Saoudienne de 26 ans n’en est pas à son premier spectacle et elle a réussi à se faire un nom sur la scène musicale de son pays et même de la région. Elle a participé à de grands événements, comme le Grand Prix Formule 1 de Jeddah ou l’exposition universelle de Dubaï.
Un parcours inattendu et une étape importante pour elle comme pour d’autres femmes DJ qui ont pu progressivement s’inscrire dans cette discipline, dans un pays pourtant très conservateur. Elles ont entre autres profité, au cours de ces dernières années, des réformes menées tous azimuts par le prince héritier Mohammed ben Salmane pour ouvrir le royaume aux divertissements et casser son image de pays musulman austère.
L’organisation de concerts et festivals de pop ou de musique électronique animés par des DJ femmes, devant un public qui peut désormais être mixte, est un changement auquel « on ne s’attendait pas », se réjouit Mohammed Nassar, un DJ saoudien connu sous le nom de Vinyl Mode. « On voit maintenant plus de femmes artistes émerger », dit-il. Avant, « c’était juste un passe-temps qu’elles devaient se contenter d’exercer dans leur chambre. Maintenant, elles peuvent même faire carrière. Donc c’est vraiment génial ».
C’est à son adolescence que Leen Naïf a été initiée par un de ses oncles à la musique électronique et elle s’est très vite demandé si elle pourrait en faire un métier. Ses amis rêvaient de devenir médecins ou enseignants, mais Leen avoue ne pas avoir la patience de faire de longues études. « Je suis faite pour travailler, pas pour étudier », explique-t-elle.
Elle a eu la chance, contrairement à d’autres femmes DJ, d’être aussitôt encouragée dans cette voie par ses parents et ses frères et sœurs.
Mais son rôle de DJ n’est pas du goût de tous et des remarques ont fusé. Comme lors d’un concert il y a quelques années, quand un homme s’est approché d’elle en lui disant qu’elle n’était « pas autorisée » à être derrière les platines. « Pourquoi faites-vous ça ? » lui a-t-il reproché, se souvient Leen Naïf. Ces plaintes ont conduit au retrait de la jeune fille de la scène.
Mais aujourd’hui une telle situation ne se répèterait pas, selon elle. « Aujourd’hui je parie que le même homme s’il me voyait, serait au premier rang », ajoute-t-elle. DJ Leen profite du soutien des autorités qui veulent redorer leur image en donnant une vision moderne et féminisée de leur pays, régulièrement critiqué pour ses graves atteintes aux droits humains, comme la répression acharnée des voix dissidentes, et celles de plusieurs militantes féministes.
Elle a ainsi pu mixer pour la première fois devant un public international sous les couleurs de l’Arabie saoudite en 2020 lors de l’exposition universelle à Dubai. Pour d’autres femmes DJ, la situation est différente et certaines ont rencontré davantage d’opposition. Lujain Albishi, alias Biirdperson, a commencé à toucher aux platines au début de la pandémie. Mais sa famille l’a désapprouvée lorsqu’elle a commencé à parler d’en faire un métier.
Dans de nombreuses familles saoudiennes, « il faut être médecin ou ingénieur, alors pour moi, c’était difficile de me lancer à fond dans la musique », raconte-t-elle. Lujain Albishi n’a pas abandonné son rêve, se produisant dans des soirées privées. Puis, l’année dernière, elle a été « très fière » de participer au MDLBeast Soundstorm. Ce nouveau festival, organisé dans la capitale Ryad, a attiré quelque 700.000 d’aficionados, avec des têtes d’affiche internationales, dont le Français David Guetta.
« Ma famille est venue et m’a vue sur scène. Ils dansaient, ils étaient heureux », se souvient Lujain Albishi, convaincue que les femmes vont perdurer dans ce milieu. « Je ne vois pas vraiment de différence de genre », souligne-t-elle. « Ma musique n’est pas destinée plutôt aux femmes ou aux hommes, mais à tous ceux qui aiment la musique ».
AFP
« Beaucoup de femmes DJ ont émergé », ces dernières années en Arabie saoudite, explique Leen Naïf, de son vrai nom, interrogée fin mai, assurant que le public est devenu « plus à l’aise » face à cette présence féminine.
Cette Saoudienne de 26 ans n’en est pas à son premier spectacle et elle a réussi à se faire un nom sur la scène musicale de son pays et même de la région. Elle a participé à de grands événements, comme le Grand Prix Formule 1 de Jeddah ou l’exposition universelle de Dubaï.
Un parcours inattendu et une étape importante pour elle comme pour d’autres femmes DJ qui ont pu progressivement s’inscrire dans cette discipline, dans un pays pourtant très conservateur. Elles ont entre autres profité, au cours de ces dernières années, des réformes menées tous azimuts par le prince héritier Mohammed ben Salmane pour ouvrir le royaume aux divertissements et casser son image de pays musulman austère.
L’organisation de concerts et festivals de pop ou de musique électronique animés par des DJ femmes, devant un public qui peut désormais être mixte, est un changement auquel « on ne s’attendait pas », se réjouit Mohammed Nassar, un DJ saoudien connu sous le nom de Vinyl Mode. « On voit maintenant plus de femmes artistes émerger », dit-il. Avant, « c’était juste un passe-temps qu’elles devaient se contenter d’exercer dans leur chambre. Maintenant, elles peuvent même faire carrière. Donc c’est vraiment génial ».
C’est à son adolescence que Leen Naïf a été initiée par un de ses oncles à la musique électronique et elle s’est très vite demandé si elle pourrait en faire un métier. Ses amis rêvaient de devenir médecins ou enseignants, mais Leen avoue ne pas avoir la patience de faire de longues études. « Je suis faite pour travailler, pas pour étudier », explique-t-elle.
Elle a eu la chance, contrairement à d’autres femmes DJ, d’être aussitôt encouragée dans cette voie par ses parents et ses frères et sœurs.
Mais son rôle de DJ n’est pas du goût de tous et des remarques ont fusé. Comme lors d’un concert il y a quelques années, quand un homme s’est approché d’elle en lui disant qu’elle n’était « pas autorisée » à être derrière les platines. « Pourquoi faites-vous ça ? » lui a-t-il reproché, se souvient Leen Naïf. Ces plaintes ont conduit au retrait de la jeune fille de la scène.
Mais aujourd’hui une telle situation ne se répèterait pas, selon elle. « Aujourd’hui je parie que le même homme s’il me voyait, serait au premier rang », ajoute-t-elle. DJ Leen profite du soutien des autorités qui veulent redorer leur image en donnant une vision moderne et féminisée de leur pays, régulièrement critiqué pour ses graves atteintes aux droits humains, comme la répression acharnée des voix dissidentes, et celles de plusieurs militantes féministes.
Elle a ainsi pu mixer pour la première fois devant un public international sous les couleurs de l’Arabie saoudite en 2020 lors de l’exposition universelle à Dubai. Pour d’autres femmes DJ, la situation est différente et certaines ont rencontré davantage d’opposition. Lujain Albishi, alias Biirdperson, a commencé à toucher aux platines au début de la pandémie. Mais sa famille l’a désapprouvée lorsqu’elle a commencé à parler d’en faire un métier.
Dans de nombreuses familles saoudiennes, « il faut être médecin ou ingénieur, alors pour moi, c’était difficile de me lancer à fond dans la musique », raconte-t-elle. Lujain Albishi n’a pas abandonné son rêve, se produisant dans des soirées privées. Puis, l’année dernière, elle a été « très fière » de participer au MDLBeast Soundstorm. Ce nouveau festival, organisé dans la capitale Ryad, a attiré quelque 700.000 d’aficionados, avec des têtes d’affiche internationales, dont le Français David Guetta.
« Ma famille est venue et m’a vue sur scène. Ils dansaient, ils étaient heureux », se souvient Lujain Albishi, convaincue que les femmes vont perdurer dans ce milieu. « Je ne vois pas vraiment de différence de genre », souligne-t-elle. « Ma musique n’est pas destinée plutôt aux femmes ou aux hommes, mais à tous ceux qui aiment la musique ».
AFP
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