Entre attaques dénoncées puis infirmées, la guerre (de l'information) se poursuit en Ukraine. Alors que Moscou célèbre ce dimanche la Journée de la Flotte russe, Moscou a affirmé qu'une attaque menée par un drone explosif avait blessé six personnes dans le QG de sa flotte de la mer Noire en Crimée annexée. Kiev, qui dément toute attaque, accuse plutôt les Russes de "camoufler les tortures" des prisonniers ukrainiens du bataillon Azov, incarcérés à Olenivka, victimes d'un bombardement ayant fait une cinquantaine de morts.
L'annonce d'une "soi-disant attaque ukrainienne de l'État-major de la flotte russe à Sébastopol" sont "une provocation délibérée", a déclaré Serguiï Bratchouk, porte-parole de l'administration régionale d'Odessa (sud de l'Ukraine), dans une vidéo sur Telegram. "La libération de la Crimée ukrainienne occupée se passera d'une autre manière, beaucoup plus efficace", a-t-il ajouté.
Lors d'un discours célébrant la journée de la Flotte russe à Saint-Pétersbourg (nord-est de la Russie), le président Vladimir Poutine a par ailleurs annoncé que sa marine se doterait "dans les prochains mois" d'un nouveau missile de croisière hypersonique Zircon qui "ne connaît aucun obstacle". La Flotte russe "est capable d'infliger une riposte foudroyante à tous ceux qui décideront de porter atteinte à notre souveraineté et liberté", a assuré M. Poutine, en soulignant que ses équipements militaires "font l'objet d'un perfectionnement permanent". La livraison de ces missiles Zircon "aux forces armées russes va commencer dans les prochains mois", a-t-il précisé.
Évacuation "obligatoire"
Dans le Sud de l'Ukraine, les autorités de Mykolaïv ont assuré dimanche que la ville avait été la cible de bombardements russes massifs, probablement "les plus forts" depuis le début de la guerre en février, qui ont fait au moins deux morts. Selon le maire de la ville, Oleksandre Senkevytch, de "puissantes explosions" ont été entendues à deux reprises pendant la nuit de samedi à dimanche. Le gouverneur de la région, Vitali Kim, a fait état de deux morts, un couple de civils. D'autres frappes ont touché les régions de Kharkiv (est) et Soumy (nord-est).
Poutine a annoncé que sa marine se doterait d'un nouveau missile de croisière hypersonique Zircon qui "ne connaît aucun obstacle". (AFP)
Samedi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé les habitants de la région de Donetsk à évacuer pour échapper à la "terreur russe" et aux bombardements sur ce territoire de l'Est du pays, largement sous contrôle de Moscou. "Une décision gouvernementale a été prise sur l'évacuation obligatoire de la région de Donetsk", a déclaré M. Zelensky dans une adresse vidéo. "Plus les habitants quittent la région de Donetsk maintenant, moins l'armée russe tuera de personnes".
La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk avait précédemment annoncé l'évacuation obligatoire pour toute la population du Donetsk, l'une des deux régions administratives du bassin industriel du Donbass où la Russie gagne du terrain. Elle avait motivé cette décision, dans des déclarations à la télévision, par la destruction des réseaux de gaz et l'absence de chauffage l'hiver prochain dans la région. Au moins 200.000 civils vivent encore dans les territoires de la région de Donetsk qui ne sont pas sous occupation russe, selon une estimation des autorités ukrainiennes.
Prisonniers ukrainiens bombardés
Vendredi, le bombardement d'un baraquement abritant des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, a fait une cinquantaine de morts. Un "crime de guerre russe délibéré", selon M. Zelensky. Le chargé des droits humains ukrainien Dmytro Loubinetsk a annoncé samedi avoir demandé à la Croix-Rouge et à la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations unies, qui a supervisé en mai la reddition négociée avec les Russes des défenseurs de l'usine d'Azovstal à Marioupol (sud-est), de se rendre à Olenivka.
Le président Poutine signe des décrets approuvant "une nouvelle doctrine navale de la Russie".
Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique, environ 2.500 combattants ukrainiens s'étaient rendus et Moscou avait fait savoir qu'ils seraient incarcérés à Olenivka. "Quand les défenseurs d'Azovstal avaient quitté l'usine, l'ONU et le CICR avaient agi en garants de la vie et de la santé de nos soldats", a déclaré vendredi soir M. Zelensky, en appelant l'ONU et la Croix-Rouge à "réagir". Le Comité d'enquête russe avait annoncé vendredi le bombardement d'Olenivka, affirmant que les forces ukrainiennes avaient elles-mêmes "tiré sur la prison où sont détenus les membres du bataillon Azov, utilisant des projectiles américains du système Himars".
L'état-major ukrainien a balayé ces accusations, affirmant qu'il s'agissait pour les forces russes ou séparatistes de "camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions" qui avaient été "perpétrées". Selon le renseignement ukrainien, l'attaque "a été réalisée par des mercenaires de la division Wagner", compagnie russe de mercenaires dont les hommes ont été accusés de crimes en Syrie et en Afrique notamment. Quant au chargé des droits humains ukrainien Dmytro Loubinetsk, il a affirmé que selon l'analyse de la vidéo russe, seul élément disponible à ce stade, "l'explosion s'est produite à l'intérieur" du baraquement et non après un bombardement.
Avec AFP
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