Frontières maritimes : Un optimisme justifié ?
"J'espère que nous pourrons réduire les écarts entre le Liban et Israël, car le climat des dernières semaines a indiqué une volonté des deux parties à prendre les négociations au sérieux pour adresser directement les problèmes qui se posent", a déclaré l’envoyé spécial américain chargé des négociations sur la délimitation de la frontière maritime avec Israël, Amos Hochstein, lundi soir dans le cadre d’une interview accordée à la chaîne télévisée libanaise LBCI.

L’optimisme des trois pôles du pouvoir libanais à la suite de leur réunion avec l’envoyé spécial américain Amos Hochstein concernant la délimitation de la frontière maritime avec Israël a décidément défrayé la chronique lundi.

Des avancées positives auraient été effectuées, à en croire le Liban officiel et Amos Hochstein. Cependant, il est évident qu’un accord entre Beyrouth et Tel-Aviv est loin d’être conclu. L’émissaire américain ne s’en est d’ailleurs pas caché dans sa déclaration à sa sortie du palais de Baabda. "Je reviendrai dans quelques semaines", a-t-il lancé, un sourire aux lèvres devant un parterre de journalistes. Cette affirmation laisse néanmoins sous-entendre que la réponse israélienne à la position libanaise n’a pas convaincu la classe dirigeante, et confirme la reprise des négociations.

Selon des informations rapportées par plusieurs quotidiens locaux, la contre-proposition israélienne à la réponse libanaise (adopter la Ligne 23, ndlr) consisterait principalement à modifier les coordonnées de la Ligne 23, pour que l’État hébreu puisse obtenir la zone située au nord de cette ligne. En contrepartie, Israël cèderait au pays du Cèdre la totalité du champ gazier de Cana. Ce cas de figure a aussitôt été démenti par le vice-président de la Chambre Elias Bou Saab, qui a assuré qu’"Amos Hochstein n’a proposé aucun partage de ressources, de blocs ou de gains avec Israël".


Compte tenu de ces données, cet optimisme serait-il justifié ? La réponse n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air. En effet, une source informée proche du dossier estime que les négociations sur la délimitation de la frontière maritime avec Israël seront longues et ardues, tant que les négociations de Vienne n’ont pas abouti. "Le dossier de la démarcation de la frontière maritime entre le Liban et Israël est en réalité entre les mains des Gardiens de la révolution iranienne, a déploré la source précitée. D’ailleurs, il ne s’agit même pas de négociations au sens propre du terme, puisque ce n’est qu’une transmission de messages entre deux parties par voie de personnes interposées. Cet optimisme n’est donc qu’une simple façade", a-t-elle martelé.

Par ailleurs, l’affaire des drones, lancés au début du mois de juillet au niveau de Naqoura, au Liban sud, ne rassurerait pas particulièrement l’envoyé américain, comme l’ont rapporté des sources diplomatiques proches de l’administration américaine à Ici Beyrouth. "Amos Hochstein tente tant bien que mal de comprendre la dualité qui existe entre la position de l’État libanais vis-à-vis de cet incident et l’insistance du Hezbollah à envoyer des drones en direction du champ gazier de Karish, dans la zone contestée en Méditerranée », ont-elles confié.

Il convient toutefois de rappeler dans ce contexte que le chef de la diplomatie libanaise Abdallah Bou Habib et le Premier ministre chargé des affaires courantes Najib Mikati s’étaient empressés de publier un communiqué au lendemain de cette attaque menée par le Hezbollah, soulignant que " l’envoi de drones en direction du champ gazier de Karish s’est déroulé en dehors du cadre de la responsabilité de l’État et du contexte diplomatique ", insistant sur le fait que " le Liban mise sur la poursuite des efforts du médiateur américain Amos Hochstein pour parvenir à une solution qui préserve pleinement ses droits sur ses ressources maritimes et qui lui permette de redresser sa situation au double plan économique et social ".

Il n’en demeure pas moins que l’émissaire américain semble plus déterminé que jamais à voir ces négociations aboutir, comme l'indiquent ses propos lundi en fin de soirée. "J'espère que nous pourrons réduire les écarts entre le Liban et Israël, car le climat des dernières semaines a indiqué une volonté des deux parties de prendre les négociations au sérieux pour adresser directement les problèmes qui se posent", a déclaré Amos Hochstein, dans le cadre d’une interview accordée à la chaîne télévisée libanaise LBCI. "Je crois fermement que nous avons effectué des progrès aujourd’hui et j’espère que d’autres avancées seront réalisées", a-t-il ajouté. Plus encore, M. Hochstein a tenu à conclure son entretien sur une note positive, en évoquant le champ gazier de Karish : "Nous voudrions parvenir à une décision qui permettrait à la fois à Israël de continuer ses travaux dans ce champ et au Liban de faire son entrée sur le marché de l'énergie".
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