©Ayman al Zawahiri aura survécu à plus de 40 ans de jihad, une rarissime longévité, avant d'être tué à 71 ans dans une attaque de drone. (AFP)
L'Egyptien Ayman al Zawahiri, qui avait succédé à Oussama ben Laden en 2011 après son assassinat par les forces spéciales américaines, ne jouissait pas de la même aura que son prédécesseur. Il était décrit comme un leader sclérosé, sans charisme, voire même absent, alors que la gestion effective de l'organisation est tombée entre les mains de ses filiales. En effet, Al Qaida a adopté une organisation de plus en plus décentralisée, avec des filiales quasiment autonomes vis-à-vis de la direction centrale. Un modèle de gouvernance qui a affaibli la nébuleuse jihadiste, mais qui a permis sa survie.
Le leader d'Al Qaïda aurait été abattu lundi par un missile américain à Kaboul, en Afghanistan. Cependant, les Talibans nient le meurtre du dirigeant, affirmant que le missile est tombé sur un bâtiment vide. (AFP)
Gestionnaire falot à la tête d'Al-Qaïda, comparé à son prédécesseur Ben Laden, l'Égyptien Ayman al-Zawahiri, dont la mort a été annoncée lundi par Joe Biden, a théorisé l'essaimage des franchises jihadistes sans vraiment les contrôler.
S'il fut l'un des concepteurs des attentats du 11 septembre 2001, "le plus grand succès de Zawahiri est d'avoir maintenu Al-Qaïda vivante", selon Barak Mendelsohn, professeur à l'université Haverford de Pensylvannie.
Mais il a dû pour se faire multiplier les "franchises" et les allégeances de circonstances, de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l'Afghanistan, en Syrie et en Irak. Et accepter que celles-ci s'émancipent peu à peu.
Le théoricien à la barbe fournie et aux larges lunettes, aisément reconnaissable à sa bosse sur le front, était entré dès l'âge de 15 ans chez les Frères musulmans et aura survécu à plus de 40 ans de jihad, une rarissime longévité, avant d'être tué à 71 ans dans une attaque de drone.
Annoncé mort ou mourant à plusieurs reprises, il avait multiplié récemment les signes de vie. "L'aisance et la capacité de communication apparemment accrues d'al-Zawahiri ont coïncidé avec la prise de contrôle de l'Afghanistan par les Talibans", selon un rapport de l'ONU publié à la mi-juillet.
Un leader sclérosé et faible
Les États-Unis offraient 25 millions de dollars pour la capture du dirigeant, tout en se désintéressant largement de lui. (AFP)
Malgré son rôle dans les attentats de 2001, la signature fondamentale d'Al-Qaïda, il n'aura jamais acquis l'aura macabre d'Oussama Ben Laden.
Paradoxalement, les États-Unis offraient 25 millions de dollars pour sa capture, un record, tout en semblant, presque, se désintéresser de lui. Jusqu'à l'annonce par le président américain en personne de sa mort, lors d'une "opération antiterroriste" ce week-end.
Né le 19 juin 1951 à Maadi, près du Caire, au sein d'une famille bourgeoise, --son père était un médecin réputé et son grand-père un grand théologien de la mosquée d'Al-Azhar dans la capitale égyptienne--, Ayman al-Zawahiri devient chirurgien.
Ses convictions sont précoces : il intègre la confrérie des Frères musulmans dès l'adolescence.
Impliqué dans l'assassinat, en 1981, du président égyptien Anouar al-Sadate, il est emprisonné pendant trois ans puis rejoint l'Arabie saoudite et le Pakistan au milieu des années 1980, où il soigne les jihadistes combattant les Soviétiques et rencontre Ben Laden.
Longtemps à la tête du Jihad islamique égyptien (JIE), il ne rejoindra Al-Qaïda qu'à la fin des années 90.
Le dilemme de la succession
Les États-Unis le mettent sur leur "liste noire" pour avoir soutenu les attentats contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie en août 1998. Il est également condamné à mort par contumace en Égypte pour de nombreux attentats, dont celui de Louxor, en 1997 (62 morts dont 58 touristes étrangers).
En 2002 puis en 2007, il est annoncé mort mais réapparaît. Devenu le bras droit de Ben Laden, il est également son médecin. Il "n'est pas intéressé par le combat dans les montagnes. Il réfléchit plus sur le plan international", disait de lui Hamid Mir, biographe de Ben Laden, cité par le think tank Counter-Extremism Project (CEP).
Avec lui, de fait, "Al-Qaïda est devenue de plus en plus décentralisée, l'autorité reposant principalement dans les mains des responsables de ses filiales", ajoute le CEP qui lui attribue pour autant un rôle de premier plan dans la réorganisation de nombreux groupes jihadistes.
Depuis 2011, il a vécu terré entre Pakistan et Afghanistan, limitant ses apparitions à des vidéos de prêches monotones. Qu'il soit responsable de son déclin ou qu'il ait réussi à l'amortir, il laisse à tout le moins une organisation aux antipodes de l'internationale jihadiste en guerre contre les États-Unis, dont rêvait Ben Laden.
La suite ? Saif al-Adel, ex-lieutenant-colonel des Forces spéciales égyptiennes et figure de la vieille garde d'Al-Qaïda, est souvent cité pour reprendre les rênes. Sauf si une jeune génération venait à émerger.
Dans tous les cas, la nébuleuse devra encore s'imposer vis-à-vis de son grand rival, le groupe État islamique, avec lequel elle s'affronte, idéologiquement et militairement, sur de multiples terrains de prédation.
Selon la dernière évaluation de l'ONU, le contexte international est toutefois "favorable à Al-Qaïda qui entend à nouveau être reconnu comme le fer de lance du jihad mondial (...) et pourrait à terme constituer une menace plus importante".
Avec AFP
Le leader d'Al Qaïda aurait été abattu lundi par un missile américain à Kaboul, en Afghanistan. Cependant, les Talibans nient le meurtre du dirigeant, affirmant que le missile est tombé sur un bâtiment vide. (AFP)
Gestionnaire falot à la tête d'Al-Qaïda, comparé à son prédécesseur Ben Laden, l'Égyptien Ayman al-Zawahiri, dont la mort a été annoncée lundi par Joe Biden, a théorisé l'essaimage des franchises jihadistes sans vraiment les contrôler.
S'il fut l'un des concepteurs des attentats du 11 septembre 2001, "le plus grand succès de Zawahiri est d'avoir maintenu Al-Qaïda vivante", selon Barak Mendelsohn, professeur à l'université Haverford de Pensylvannie.
Mais il a dû pour se faire multiplier les "franchises" et les allégeances de circonstances, de la péninsule arabique au Maghreb, de la Somalie à l'Afghanistan, en Syrie et en Irak. Et accepter que celles-ci s'émancipent peu à peu.
Le théoricien à la barbe fournie et aux larges lunettes, aisément reconnaissable à sa bosse sur le front, était entré dès l'âge de 15 ans chez les Frères musulmans et aura survécu à plus de 40 ans de jihad, une rarissime longévité, avant d'être tué à 71 ans dans une attaque de drone.
Annoncé mort ou mourant à plusieurs reprises, il avait multiplié récemment les signes de vie. "L'aisance et la capacité de communication apparemment accrues d'al-Zawahiri ont coïncidé avec la prise de contrôle de l'Afghanistan par les Talibans", selon un rapport de l'ONU publié à la mi-juillet.
Un leader sclérosé et faible
Les États-Unis offraient 25 millions de dollars pour la capture du dirigeant, tout en se désintéressant largement de lui. (AFP)
Malgré son rôle dans les attentats de 2001, la signature fondamentale d'Al-Qaïda, il n'aura jamais acquis l'aura macabre d'Oussama Ben Laden.
Paradoxalement, les États-Unis offraient 25 millions de dollars pour sa capture, un record, tout en semblant, presque, se désintéresser de lui. Jusqu'à l'annonce par le président américain en personne de sa mort, lors d'une "opération antiterroriste" ce week-end.
Né le 19 juin 1951 à Maadi, près du Caire, au sein d'une famille bourgeoise, --son père était un médecin réputé et son grand-père un grand théologien de la mosquée d'Al-Azhar dans la capitale égyptienne--, Ayman al-Zawahiri devient chirurgien.
Ses convictions sont précoces : il intègre la confrérie des Frères musulmans dès l'adolescence.
Impliqué dans l'assassinat, en 1981, du président égyptien Anouar al-Sadate, il est emprisonné pendant trois ans puis rejoint l'Arabie saoudite et le Pakistan au milieu des années 1980, où il soigne les jihadistes combattant les Soviétiques et rencontre Ben Laden.
Longtemps à la tête du Jihad islamique égyptien (JIE), il ne rejoindra Al-Qaïda qu'à la fin des années 90.
Le dilemme de la succession
Les États-Unis le mettent sur leur "liste noire" pour avoir soutenu les attentats contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie en août 1998. Il est également condamné à mort par contumace en Égypte pour de nombreux attentats, dont celui de Louxor, en 1997 (62 morts dont 58 touristes étrangers).
En 2002 puis en 2007, il est annoncé mort mais réapparaît. Devenu le bras droit de Ben Laden, il est également son médecin. Il "n'est pas intéressé par le combat dans les montagnes. Il réfléchit plus sur le plan international", disait de lui Hamid Mir, biographe de Ben Laden, cité par le think tank Counter-Extremism Project (CEP).
Avec lui, de fait, "Al-Qaïda est devenue de plus en plus décentralisée, l'autorité reposant principalement dans les mains des responsables de ses filiales", ajoute le CEP qui lui attribue pour autant un rôle de premier plan dans la réorganisation de nombreux groupes jihadistes.
Depuis 2011, il a vécu terré entre Pakistan et Afghanistan, limitant ses apparitions à des vidéos de prêches monotones. Qu'il soit responsable de son déclin ou qu'il ait réussi à l'amortir, il laisse à tout le moins une organisation aux antipodes de l'internationale jihadiste en guerre contre les États-Unis, dont rêvait Ben Laden.
La suite ? Saif al-Adel, ex-lieutenant-colonel des Forces spéciales égyptiennes et figure de la vieille garde d'Al-Qaïda, est souvent cité pour reprendre les rênes. Sauf si une jeune génération venait à émerger.
Dans tous les cas, la nébuleuse devra encore s'imposer vis-à-vis de son grand rival, le groupe État islamique, avec lequel elle s'affronte, idéologiquement et militairement, sur de multiples terrains de prédation.
Selon la dernière évaluation de l'ONU, le contexte international est toutefois "favorable à Al-Qaïda qui entend à nouveau être reconnu comme le fer de lance du jihad mondial (...) et pourrait à terme constituer une menace plus importante".
Avec AFP
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