4 août: Raï crie sa colère
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a appelé à dédommager les sinistrés dans l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020.

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a haussé le ton jeudi, criant sa «colère à la face des responsables qui entravent l’enquête» sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. «C’est comme si ce qui s’est passé le 4 août était un incident banal, qui ne mérite pas que l’on s’attarde dessus ou que l’on peut traiter en se dérobant à ses responsabilités, en faisant des compromis ou des trocs comme ils (les responsables) ont l’habitude de le faire en politique», a-t-il dénoncé.

Dans une homélie prononcée lors d’une messe célébrée à la cathédrale Saint-Georges des maronites au centre-ville de Beyrouth à l’occasion de la deuxième commémoration de la double explosion au port, Mgr Raï a appelé à «dédommager les sinistrés dans l’explosion au port».

«Que faut-il aux responsables de plus que ce crime pour agir? s’est demandé Mgr Raï. Et qu’attend la magistrature pour se soulever pour préserver sa dignité et reprendre son rôle?» Et de marteler: «Nous nous trouvons aujourd’hui face à deux crimes, l’explosion au port et le blocage de l’enquête. Le blocage de l’enquête n’est pas moins grave que l’explosion, parce que c’est un acte volontaire qui a atteint le stade de semer la discorde entre les familles des victimes.» Mgr Raï fait allusion à Ibrahim Hoteit, ancien porte-parole du comité des familles des victimes de l’explosion, qui a été contraint par le Hezbollah à se désolidariser du comité.


«D’aucuns ont opté pour la solution de facilité pour éviter d’assumer leur responsabilité de trancher la question de l’autorité en charge de l’enquête», a ajouté Mgr Raï, affirmant que la population veut que «justice soit faite». «Nous refusons que certains suspects restent en liberté et que des innocents soit détenus», a insisté Mgr Raï.

Rappelant qu’au lendemain de l’explosion au port, un appel a été lancé pour une «enquête internationale», en raison de la «politisation de la justice» au Liban, Mgr Raï a affirmé que «l’État n’a pas le droit de s’abstenir de mener une enquête locale et de paralyser, en parallèle, une enquête internationale». «Ce qui est étonnant, c’est que le crime du port de Beyrouth n’a pas été en tête des priorités du gouvernement ni avant, ni après sa démission», a-t-il dénoncé. «Plus encore, certains de ses ministres paralysent l’enquête indûment», a poursuivi Mgr Raï, faisant une allusion à peine voilée au ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, qui refuse de signer le décret des permutations judiciaires des chambres de la Cour de cassation. Ces nominations permettront à la Cour de se réunir et d’examiner les recours présentés contre le juge Tarek Bitar, chargé d’enquêter sur la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, afin qu’il puisse poursuivre son enquête.

Mgr Raï a constaté qu’à travers le monde, une partie de ce qui reste des catastrophes est conservée comme témoin. C’est ce que réclament les proches des victimes qui appellent à préserver les silos, qui sont le témoin du crime de l’explosion au port, considérée comme «le crime du siècle».
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