Ukraine: le rapport d'Amnesty provoque l'ire de Kiev
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a vivement critiqué vendredi un rapport publié par Amnesty International accusant l'Ukraine de mettre en danger la vie des civils. En cause, l'établissement de bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et le fait de lancer des attaques depuis des zones peuplées, ce qui contrevient au droit humanitaire international. Sur un autre plan, trois nouveaux chargements de céréales ont quitté l'Ukraine en convoi, selon le ministère de la Défense turc, cinq jours après le départ du premier navire. Ils approvisionneront l'Irlande, l'Angleterre et la Turquie en maïs. Ces chargements font suite à l'accord d'Istanbul sur les exportations de céréales signé le 22 juillet.

Le président ukrainien Zelensky réagit aux accusations d'Amnesty International (AFP)

 

Un rapport d'Amnesty International accusant Kiev de mettre en danger la vie des civils a déclenché l'ire de Kiev qui accuse l'ONG d'"amnistier" la Russie. Dans ce document publié après une enquête de quatre mois, Amnesty International a accusé l'armée ukrainienne d'établir des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques depuis des zones peuplées, une tactique qui viole selon elle le droit humanitaire international.

"Le fait de se trouver dans une position de défense ne dispense pas l'armée ukrainienne de respecter le droit international humanitaire", a déclaré Agnès Callamard, la secrétaire générale de l'ONG.

Le président Zelensky a vivement réagi jeudi soir, dans sa déclaration vidéo quotidienne, en accusant l'ONG de "tenter d'amnistier l'Etat terroriste" de Russie et de "transférer la responsabilité de l'agresseur à la victime".

"L'agression contre notre Etat est injustifiée, invasive et terroriste. Si quelqu'un rédige un rapport dans lequel la victime et l'agresseur sont d'une certaine manière mis sur un pied d'égalité, si certaines données sur la victime sont analysées et que les actions de l'agresseur sont ignorées, cela ne peut être toléré", a ajouté M. Zelensky.

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, s'était également dit "indigné" par les accusations "injustes" d'Amnesty International qui, selon lui, crée "un faux équilibre entre l'oppresseur et la victime, entre le pays qui détruit des centaines et des milliers de civils, de villes, de territoires et le pays qui se défend désespérément".

Amnesty International a toutefois, dans son rapport, insisté sur le fait que les tactiques ukrainiennes ne "justifient en aucun cas les attaques russes aveugles" qui ont frappé les populations civiles.

Départ de nouveaux chargements de céréales (AFP)

Nouveau départ de cargos céréaliers

Cinq jours après le départ du port ukrainien d'Odessa du premier chargement de céréales depuis le début de l'invasion russe le 24 février, trois nouveaux chargements de céréales ont quitté l'Ukraine en convoi, entamant une série de rotations régulières pour ravitailler les marchés agricoles, a annoncé le ministère turc de la Défense.

Les trois bâtiments, chargés de maïs, desserviront l'Irlande, l'Angleterre et la Turquie, a précisé le ministère dans un communiqué. Simultanément un cargo fait route vers le port de Tchernomorsk pour y charger des céréales, indique le ministère.

Tous progressent sous l’œil du Centre de coordination conjointe (CCC) établi à Istanbul aux termes de l'accord international signé à Istanbul le 22 juillet.


La Russie et l'Ukraine ont signé deux accords séparés, validés par la Turquie et les Nations unies, qui permettent les exportations de céréales ukrainiennes bloquées par la guerre depuis le 24 février et celles de produits agricoles russes malgré les sanctions occidentales.

Ces deux accords doivent permettre d'atténuer la crise alimentaire mondiale qui a vu les prix monter en flèche dans certains des pays les plus pauvres en raison du blocage des ports ukrainiens.
Nouvelles frappes russes



Sur le terrain, des bombardements russes ont visé jeudi plusieurs autres villes et villages ukrainiens, dont Mykolaïv, dans le sud, où des immeubles d'habitations ont été endommagés dans deux quartiers, selon le maire Oleksandre Senkevitch.

Huit personnes ont été tuées et quatre blessées jeudi par une frappe russe ayant touché un arrêt de bus à Toretsk, près de la ligne de front dans l'est de l'Ukraine, a annoncé le gouverneur régional.

A Kharkiv, la deuxième ville du pays, les autorités locales ont rapporté jeudi des attaques de missiles russes ayant frappé des zones industrielles.

Les forces ukrainiennes mènent de leur côté une contre-offensive dans le sud du pays, où elles affirment avoir repris plus de 50 villages contrôlés par Moscou.

Un soldat ukrainien dans le Donbass (AFP)

 

Plusieurs Etats membres de l'Union européenne et de l'OTAN fournissent à Kiev des armes sophistiquées pour l'aider à se défendre, et Bruxelles a adopté une série de sanctions.

Le Conseil européen a indiqué jeudi soir dans un communiqué avoir ajouté l'ancien président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch (2010-2014) et son fils à la liste de personnalités visées par les sanctions européennes pour leur rôle présumé dans la menace sécuritaire à l'égard de l'Ukraine.

M. Ianoukovitch avait été renversé par un soulèvement populaire contre le virage pro-russe pris par son gouvernement. A la suite de sa défaite, Moscou s'était emparé de la péninsule ukrainienne de Crimée et d'une enclave dans la région orientale de Donbass.

Avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire