©Amnesty International affirme que, dans les 19 villes et villages visités, des cas où les forces armées ukrainiennes s'étaient installées juste à côté de lieux où vivaient des civils ont été découverts, mettant ainsi ces derniers potentiellement en danger face à des tirs russes. (AFP)
La publication la semaine dernière d'un communiqué d'Amnesty International accusant l'Ukraine d'installer des infrastructures militaires dans des zones habitées a déclenché une importante polémique, de nombreux activistes estimant que les propos de l'ONG allaient dans le sens de la propagande du Kremlin. Le président Volodymyr Zelensky a ainsi accusé Amnesty International de mettre "la victime et l'agresseur sur un pied d'égalité", tandis que la responsable d'Amnesty en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, a démissionné, au motif que le communiqué servait involontairement "la propagande russe".
Agnès Callamard, secrétaire général d'Amnesty International, a déclaré à l'AFP que l'ONG maintenait "pleinement ses conclusions", assurant que les recherches avaient été conduites avec le même sérieux "que tout le travail d'Amnesty International". (AFP)
Malgré le tollé soulevé par son rapport reprochant à l'armée ukrainienne de mettre en danger des civils dans sa résistance à l'invasion russe, l'ONG Amnesty International maintient le cap, avec à sa tête l'infatigable défenseure des droits humains Agnès Callamard.
La publication la semaine dernière d'un communiqué d'Amnesty accusant l'Ukraine d'installer des infrastructures militaires dans des zones habitées, en violation du droit international humanitaire, a déclenché l'une des plus explosives polémiques pour une grande ONG ces dernières années.
Les critiques se sont déchaînées, dans le monde et en Ukraine, où le président Volodymyr Zelensky a accusé Amnesty International de mettre "la victime et l'agresseur sur un pied d'égalité".
Des conclusions partagées par les Nations-Unies
Ce communiqué a même provoqué des divisions internes, aboutissant notamment à la démission de la responsable d'Amnesty en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, au motif qu'il servait involontairement "la propagande russe".
Mais la Française Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty depuis mars 2021, en a vu d'autres. En tant que rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, elle a été notamment menacée de mort par un responsable saoudien pour son enquête sur l'assassinat du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018.
"Nous maintenons pleinement nos conclusions", a déclaré vendredi Mme Callamard à l'AFP, assurant que les recherches avaient été conduites avec le même sérieux "que tout le travail d'Amnesty International".
Elles recoupent d'ailleurs les constatations de plusieurs médias ou organisations internationales comme le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), rappelait-elle.
Dans un rapport le 29 juin, le HCDH déplorait que "les forces russes et les groupes armés affiliés, tout comme les forces ukrainiennes, aient pris position soit dans des zones d'habitations, soit près d'infrastructures civiles d'où elles ont lancé des opérations militaires sans prendre de mesures pour la protection des civils présents, comme l'exige le droit international humanitaire".
Accusations de relayer la propagande russe
Le président Volodymyr Zelensky a accusé Amnesty International de mettre "la victime et l'agresseur sur un pied d'égalité". (AFP)
"Tout en maintenant entièrement nos conclusions, nous regrettons la douleur que nous avons causée et souhaitons clarifier quelques points essentiels", a déclaré dimanche Amnesty International.
"Dans chacun des 19 villes et villages que nous avons visités, nous avons trouvé des cas où les forces armées ukrainiennes s'étaient installées juste à côté de lieux où vivaient des civils, mettant ainsi ces derniers potentiellement en danger face à des tirs russes", a expliqué l'ONG.
Aucune de ces constatations "ne justifie de quelque façon que ce soit les violations russes. Seule la Russie est responsable des violations qu'elle a commises à l'encontre de la population civile", a insisté Amnesty, rappelant ses publications ces derniers mois sur des crimes de guerre russes présumés.
Mais ces justifications laissent de marbre tous ceux pour qui l'organisation a terni sa réputation en faisant le jeu du président russe Vladimir Poutine, y compris à Londres, où elle est née en 1961.
Amnesty "déchiquète sa crédibilité en servant de porte-voix à la propagande du régime Poutine", a ainsi affirmé le Times, l'accusant de "méconnaître les réalités des opérations militaires".
A contrario, l'ambassade de Russie, d'habitude peu réceptive au discours de l'ONG, s'est félicitée que ses conclusions confirment ce que Moscou "dit depuis le début".
Pour autant, "aurait-il fallu ranger le rapport au fond d'un tiroir ? Assurément, non", estime le quotidien tchèque Deník.
"Les dirigeants russes sont les agresseurs et l'Ukraine le pays envahi, qui se défend contre des adversaires plus forts que lui", reconnaît-il. "Personne ne peut exiger de l'Ukraine qu'elle se batte avec des gants de velours contre des envahisseurs d'une grande brutalité. Mais elle ne doit pas prendre sciemment des civils en otage".
Pour l'ancien colonel français Michel Goya, "ce que dit finalement le rapport, c'est que la population a été parfois mise en danger inutilement et des hôpitaux ont été utilisés pour dormir à l'abri".
"Paradoxalement, il peut servir au contraire à dédouaner l'armée ukrainienne de l'accusation de prise en otage de la population puisque ce n'est jamais évoqué après trois mois d'enquête", souligne-t-il sur Twitter.
"Il serait bien qu'Amnesty fasse la même enquête dans les zones tenues par les Russes et les séparatistes, y compris sur les possibles frappes ukrainiennes indiscriminées. Manque de chance, les enquêtes libres y sont beaucoup plus difficiles", ironise l'ancien militaire.
Avec AFP
Agnès Callamard, secrétaire général d'Amnesty International, a déclaré à l'AFP que l'ONG maintenait "pleinement ses conclusions", assurant que les recherches avaient été conduites avec le même sérieux "que tout le travail d'Amnesty International". (AFP)
Malgré le tollé soulevé par son rapport reprochant à l'armée ukrainienne de mettre en danger des civils dans sa résistance à l'invasion russe, l'ONG Amnesty International maintient le cap, avec à sa tête l'infatigable défenseure des droits humains Agnès Callamard.
La publication la semaine dernière d'un communiqué d'Amnesty accusant l'Ukraine d'installer des infrastructures militaires dans des zones habitées, en violation du droit international humanitaire, a déclenché l'une des plus explosives polémiques pour une grande ONG ces dernières années.
Les critiques se sont déchaînées, dans le monde et en Ukraine, où le président Volodymyr Zelensky a accusé Amnesty International de mettre "la victime et l'agresseur sur un pied d'égalité".
Des conclusions partagées par les Nations-Unies
Ce communiqué a même provoqué des divisions internes, aboutissant notamment à la démission de la responsable d'Amnesty en Ukraine, Oksana Pokaltchouk, au motif qu'il servait involontairement "la propagande russe".
Mais la Française Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty depuis mars 2021, en a vu d'autres. En tant que rapporteuse spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, elle a été notamment menacée de mort par un responsable saoudien pour son enquête sur l'assassinat du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul en 2018.
"Nous maintenons pleinement nos conclusions", a déclaré vendredi Mme Callamard à l'AFP, assurant que les recherches avaient été conduites avec le même sérieux "que tout le travail d'Amnesty International".
Elles recoupent d'ailleurs les constatations de plusieurs médias ou organisations internationales comme le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), rappelait-elle.
Dans un rapport le 29 juin, le HCDH déplorait que "les forces russes et les groupes armés affiliés, tout comme les forces ukrainiennes, aient pris position soit dans des zones d'habitations, soit près d'infrastructures civiles d'où elles ont lancé des opérations militaires sans prendre de mesures pour la protection des civils présents, comme l'exige le droit international humanitaire".
Accusations de relayer la propagande russe
Le président Volodymyr Zelensky a accusé Amnesty International de mettre "la victime et l'agresseur sur un pied d'égalité". (AFP)
"Tout en maintenant entièrement nos conclusions, nous regrettons la douleur que nous avons causée et souhaitons clarifier quelques points essentiels", a déclaré dimanche Amnesty International.
"Dans chacun des 19 villes et villages que nous avons visités, nous avons trouvé des cas où les forces armées ukrainiennes s'étaient installées juste à côté de lieux où vivaient des civils, mettant ainsi ces derniers potentiellement en danger face à des tirs russes", a expliqué l'ONG.
Aucune de ces constatations "ne justifie de quelque façon que ce soit les violations russes. Seule la Russie est responsable des violations qu'elle a commises à l'encontre de la population civile", a insisté Amnesty, rappelant ses publications ces derniers mois sur des crimes de guerre russes présumés.
Mais ces justifications laissent de marbre tous ceux pour qui l'organisation a terni sa réputation en faisant le jeu du président russe Vladimir Poutine, y compris à Londres, où elle est née en 1961.
Amnesty "déchiquète sa crédibilité en servant de porte-voix à la propagande du régime Poutine", a ainsi affirmé le Times, l'accusant de "méconnaître les réalités des opérations militaires".
A contrario, l'ambassade de Russie, d'habitude peu réceptive au discours de l'ONG, s'est félicitée que ses conclusions confirment ce que Moscou "dit depuis le début".
Pour autant, "aurait-il fallu ranger le rapport au fond d'un tiroir ? Assurément, non", estime le quotidien tchèque Deník.
"Les dirigeants russes sont les agresseurs et l'Ukraine le pays envahi, qui se défend contre des adversaires plus forts que lui", reconnaît-il. "Personne ne peut exiger de l'Ukraine qu'elle se batte avec des gants de velours contre des envahisseurs d'une grande brutalité. Mais elle ne doit pas prendre sciemment des civils en otage".
Pour l'ancien colonel français Michel Goya, "ce que dit finalement le rapport, c'est que la population a été parfois mise en danger inutilement et des hôpitaux ont été utilisés pour dormir à l'abri".
"Paradoxalement, il peut servir au contraire à dédouaner l'armée ukrainienne de l'accusation de prise en otage de la population puisque ce n'est jamais évoqué après trois mois d'enquête", souligne-t-il sur Twitter.
"Il serait bien qu'Amnesty fasse la même enquête dans les zones tenues par les Russes et les séparatistes, y compris sur les possibles frappes ukrainiennes indiscriminées. Manque de chance, les enquêtes libres y sont beaucoup plus difficiles", ironise l'ancien militaire.
Avec AFP
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