Trump ou le paradoxe absurde
Un nouveau scandale entoure l'ancien président Donald Trump depuis cette semaine, alors que le FBI aurait saisi des "documents confidentiels" lors d'une perquisition dans la résidence du magnat de l'immobilier en Floride, ce qui serait en violation d'une loi sur la sécurité nationale. Une révélation qui relance la saga Trump et pourrait lui permettre de se dépeindre en "martyr". Les scandales feront, paradoxalement, augmenter ses chances de remporter les élections de 2024. 

De nombreux militants se sont mobilisés en défense de l'ancien président Trump, visé par une enquête du FBI. Un nouveau scandale qui pourrait aider l'homme politique à rassembler la base conservatrice autour de sa personne en vue des élections de 2024. (AFP)

 

Vous trouvez que ce film a un goût de déjà vu? Vous avez raison. Mais ce nouveau visionnage sera plus éprouvant encore pour vos nerfs. Préparez-vous, le monde pourrait bientôt voir arriver "Trump contre Biden, épisode 2".

C'est l'une des conséquences possibles du nouveau scandale entourant Donald Trump depuis cette semaine, presque deux ans après sa défaite au profit du démocrate. Lors d'une perquisition du FBI chez l'ancien président en Floride, des documents "top secret" ont été saisis, en possible violation d'une loi sur la sécurité nationale.

Paradoxalement, ces révélations pourraient donner un coup de pouce à l'ancien homme d'affaires, qui flirtait déjà ostensiblement avec une nouvelle candidature à l'élection présidentielle de 2024, en lui permettant d'à nouveau se dépeindre comme un martyr.

"Je pensais déjà qu'il allait se présenter avant ça, j'en suis encore plus convaincu aujourd'hui", a déclaré le sénateur républicain Lindsey Graham sur Fox News.

Les partisans de Trump pensent toujours qu'on lui avait "voler" son élection en déclarant frauduleusement Biden vainqueur.

 

Or, selon les experts, si l'ancien président se déclare effectivement, alors il est certain que Joe Biden le fera aussi. Même en étant le plus vieux président américain en exercice, à 79 ans, le démocrate considère, en effet, qu'il est de sa responsabilité historique de débarrasser l'Amérique de Donald Trump.

Contrairement à 2020, les rôles seraient cette fois inversés, avec Joe Biden en poste, contre Donald Trump en opposant.

Compte tenu du mensonge entretenu par ce dernier sur sa prétendue victoire volée en 2020, et son rôle dans l'attaque du Capitole, le match retour pourrait ne pas être très beau à regarder.

"Si vous pensez que les campagnes présidentielles de Trump en 2016 et 2020 étaient odieuses, vous n'avez encore rien vu", a prévenu Allan Lichtman, professeur d'histoire à l'American University.
Un scandale qui change la donne électorale 

Les collaborateurs de Donald Trump se succèdent dans les bureaux du FBI, le magnat de l'immobilier étant accusé de détenir des documents "top secret" dans son domicile, en violation d'une loi sur la sécurité nationale. (AFP)

 

Selon des experts politiques, la perquisition du FBI change la donne, et pourrait profiter aux deux camps.

Du point de vue de Joe Biden, la logique est facile à suivre: M. Trump est empêtré dans de nombreuses enquêtes judiciaires, sur de possibles tentatives d'influencer une élection ou encore des fraudes financières.

De quoi embarrasser les républicains, et mobiliser les troupes démocrates, qui rêvent de plus en plus d'une victoire surprise lors des élections législatives de novembre, où le contrôle du Congrès est remis en jeu.

Selon l'éditorial du conservateur Wall Street Journal: les républicains "devraient faire des élections de mi-mandat un référendum sur les deux premières années de M. Biden. Les démocrates, eux, préféreraient parler de M. Trump jusqu'en novembre -- voire jusqu'à la fin des temps."


Des employés de la Maison-Blanche portent des cartons de documents lors du déménagement de Trump à la fin de son mandat.

 

Mais l'ancien président trouve aussi des avantages dans ce dernier scandale.

Une fois de plus, il domine les gros titres, et peut offrir à sa base une nouvelle théorie du complot, circulant déjà partout sur les réseaux sociaux de droite, remplis d'appels à prendre les armes et à la guerre civile.

"Donald Trump dispose de plus de 100 millions de dollars dans sa caisse électorale. Mais il a aussi quelque chose de plus précieux encore: une enquête du FBI contre lui", résume Richard Lowry, du magazine conservateur National Review. "Cela le remet au centre de l'attention. Et lui permet de se présenter comme une victime assiégée."
Instrumentalisations politiques 

Le ministre américain de la Justice, Merrick Garland, a condamné des "attaques infondées" contre son ministère et le FBI suite à la perquisition menée au domicile de l'ancien président Donald Trump en Floride. (AFP)

 

L'emprise de Donald Trump sur son parti balaierait tout adversaire potentiel lors d'une primaire républicaine.

S'il veut l'investiture, "je ne vois pas comment il pourrait ne pas l'avoir", estime l'analyste politique John Thomas auprès de Politico. "Il s'agira d'un couronnement."

Dans la foulée, Joe Biden suivra certainement -- faisant fi des doutes qu'il entretient peut-être en privé sur l'opportunité de laisser la place à une personnalité plus jeune.

"Le premier pas revient à Trump", selon Lara Brown, de l'Université George Washington. "Je pense effectivement que le président Biden attend de voir si Trump se déclarera, et si c'est le cas, je pense qu'il se déclarera lui-même rapidement après."

L'élue républicaine Liz Cheney, fille de Dick Cheney, vice-président de Georges W. Bush, doit se présenter face à Trump pour la présidentielle de 2024. Mais aura-t-elle des chances de gagner?

 

Le démocrate, qui reste très impopulaire et pour qui l'année écoulée a été difficile, a enregistré dernièrement des succès législatifs, et pourrait bénéficier de la colère suscitée par les décisions de la Cour suprême, revenue notamment sur le droit constitutionnel à l'avortement.

De quoi entretenir l'optimisme de certains conseillers sur sa capacité à battre le républicain. "Lors de la prochaine élection, je serais très chanceux si j'avais en face de moi le même adversaire", a même dit Joe Biden en mars.

Mais les électeurs, eux, pourraient ne vraiment vouloir ni de l'un, ni de l'autre.

En juillet, quelque 60% estimaient que Joe Biden ne devrait pas se représenter pour 2024. De même concernant Donald Trump, pour 57% d'entre eux.

Avec AFP
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