Ancien juge du Conseil Constitutionnel et titulaire de la Chaire Unesco de dialogue des religions et des cultures à l'USJ, Antoine Messarra commente sa lecture de l'ouvrage du Pr. Jacques Beauchard :* Le bien commun. Enjeu politique du développement durable*, aux éditions L’Harmattan, «Questions contemporaines», 2021, 82 pages. Le fil conducteur de cet ouvrage est une interrogation lancinante: Qu'est ce que le bien commun? Loin de l'individualisme possessif, M. Beauchard le définit ainsi: «Le bien commun n’est pas naturellement le bien de tous. C’est une œuvre de la politique qui loin des partis appartient à tous les artisans du commun».
En partant du plant que Buffon avait offert à Emilie du Chatelet qui le mit en terre au milieu de son parc «devenu le nôtre», Jacques Beauchard se lance dans l’analyse d’un grand problème de notre temps et qui pèse sur l’avenir de la planète ravagé par un individualisme forcené.
Quel est notre rapport à l’espace ? Rapport d’interaction, d’harmonie, d’échange, de vitalité partagée, ou rapport de domination, exploitation, indentification sectaire, cloisonnement …? Jacques Beauchard avait antérieurement beaucoup écrit sur le territoire, et notamment sur le cas libanais. Il approfondit cette fois son analyse dans une perspective plus large avec une approche pathologique: «Le mal du territoire» !
Ce mal, devenu mondial, implique, à l’encontre d’un individualisme forcené, «la construction sensible d’un être collectif ayant en charge le bien commun» (p. 14). Il choisit des catastrophes qui ont affecté le territoire et où l’ordre politique, public, la politeïa (πολιτεια), au sens d’Aristote, est impliqué, là où s’élabore la société.
Que signifie aujourd’hui société (socius, compagnon) à l’ère du populisme, de la démagogie, de l’individualisme possessif ? «Le bien commun, écrit l’auteur, implique la concorde autour du patrimoine menacé et qui ne saurait se rétablir sans l’intervention du politique».
Qu’est-ce donc le bien commun ? «Le bien commun n’est pas naturellement le bien de tous. C’est une œuvre de la politique qui loin des partis appartient à tous les artisans du commun».
Dans une écriture où l’auteur mêle la sociologie à la poétique, «habitant du lieu» ( p. 47) il écoute et nous fait écouter les murmures des feuillages et des ruisseaux, partout menacés. Il cite cette phrase de Régis Debray : «Le vivant organise le milieu qui l’organise. Entre la tuile angevine et les poèmes de Ronsard qui peut dire dans ce maillage entre nature et culture où est la chaîne, où est la trame» (p. 48-49).
On ne peut ici oublier Julien Freund et son *Essence du politique* (Dalloz, 1965, 4e éd., 2004), que nous avons eu le grand privilège de connaître. Sans la politique, au sens de la res publica, «tout est ruine du territoire et de la société» (p. 61). Jacques Beauchard cite le cas de Ella Adoo-Kissi-Debrah, petite fille de 9 ans, morte à Londres, le 15 février 2013, en raison de la pollution dans le quartier populaire de Lewisham. Selon l’OMS, la pollution de l’air tue sept millions de personnes tous les ans à Londres et au moins douze enfants meurent chaque année des suites de crises d’asthme à cause de la toxicité de l’air.
Que faire face au «déclin vertigineux du vivant» (p. 67), et pour alimenter *L’Espoir*, selon le titre éponyme d’André Malraux ?. Il s’agit d’assurer «la superposition de l’espace public et de l’espace terrestre», selon Bruno Latour dans son ouvrage Où atterrir ? (La Découverte, 2017).
C’est la perspective de socialisation et de re-socialisation de l’individu aujourd’hui, qu’il faudra repenser. Repenser l’enseignement scolaire et universitaire à la lumière des profondes mutations et des effets pervers du progrès.
En partant du plant que Buffon avait offert à Emilie du Chatelet qui le mit en terre au milieu de son parc «devenu le nôtre», Jacques Beauchard se lance dans l’analyse d’un grand problème de notre temps et qui pèse sur l’avenir de la planète ravagé par un individualisme forcené.
Quel est notre rapport à l’espace ? Rapport d’interaction, d’harmonie, d’échange, de vitalité partagée, ou rapport de domination, exploitation, indentification sectaire, cloisonnement …? Jacques Beauchard avait antérieurement beaucoup écrit sur le territoire, et notamment sur le cas libanais. Il approfondit cette fois son analyse dans une perspective plus large avec une approche pathologique: «Le mal du territoire» !
Ce mal, devenu mondial, implique, à l’encontre d’un individualisme forcené, «la construction sensible d’un être collectif ayant en charge le bien commun» (p. 14). Il choisit des catastrophes qui ont affecté le territoire et où l’ordre politique, public, la politeïa (πολιτεια), au sens d’Aristote, est impliqué, là où s’élabore la société.
Que signifie aujourd’hui société (socius, compagnon) à l’ère du populisme, de la démagogie, de l’individualisme possessif ? «Le bien commun, écrit l’auteur, implique la concorde autour du patrimoine menacé et qui ne saurait se rétablir sans l’intervention du politique».
Qu’est-ce donc le bien commun ? «Le bien commun n’est pas naturellement le bien de tous. C’est une œuvre de la politique qui loin des partis appartient à tous les artisans du commun».
Dans une écriture où l’auteur mêle la sociologie à la poétique, «habitant du lieu» ( p. 47) il écoute et nous fait écouter les murmures des feuillages et des ruisseaux, partout menacés. Il cite cette phrase de Régis Debray : «Le vivant organise le milieu qui l’organise. Entre la tuile angevine et les poèmes de Ronsard qui peut dire dans ce maillage entre nature et culture où est la chaîne, où est la trame» (p. 48-49).
On ne peut ici oublier Julien Freund et son *Essence du politique* (Dalloz, 1965, 4e éd., 2004), que nous avons eu le grand privilège de connaître. Sans la politique, au sens de la res publica, «tout est ruine du territoire et de la société» (p. 61). Jacques Beauchard cite le cas de Ella Adoo-Kissi-Debrah, petite fille de 9 ans, morte à Londres, le 15 février 2013, en raison de la pollution dans le quartier populaire de Lewisham. Selon l’OMS, la pollution de l’air tue sept millions de personnes tous les ans à Londres et au moins douze enfants meurent chaque année des suites de crises d’asthme à cause de la toxicité de l’air.
Que faire face au «déclin vertigineux du vivant» (p. 67), et pour alimenter *L’Espoir*, selon le titre éponyme d’André Malraux ?. Il s’agit d’assurer «la superposition de l’espace public et de l’espace terrestre», selon Bruno Latour dans son ouvrage Où atterrir ? (La Découverte, 2017).
C’est la perspective de socialisation et de re-socialisation de l’individu aujourd’hui, qu’il faudra repenser. Repenser l’enseignement scolaire et universitaire à la lumière des profondes mutations et des effets pervers du progrès.
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