L'Ukraine est-elle en train d'adopter une nouvelle stratégie défensive qui passe par la Crimée? Deux attaques contre la péninsule conquise et annexée en 2014 par la Russie et plusieurs déclarations récentes viennent confirmer cette thèse. Pour le moment, une chose est sûre: les attaques ont visé le moral de l'armée russe, qui a fait de la Crimée une base arrière logistique servant son invasion de l'Ukraine. Les touristes russes paniqués ont dû fuir précipitamment la péninsule, destination estivale de choix depuis l'époque impériale.
Image satellite publiée par Maxar Technologies montre les conséquences de l'attaque de la base aérienne russe de Saki à Novofedorivka, en Crimée. (AFP)
Deux attaques ayant récemment visé des installations militaires russes en Crimée montrent la capacité de l'Ukraine à frapper loin de la ligne de front et perturber la logistique russe, mettant Moscou sous pression huit ans après l'annexion de cette péninsule.
L'armée russe a, fait exceptionnel, reconnu que la plus récente des explosions survenues, celle mardi dans un dépôt de munitions près du village de Djankoï, dans le nord de la Crimée, était le fait d'un "acte de sabotage".
Cette explosion avait été précédée une semaine auparavant par une attaque ayant ciblé l'aérodrome militaire de Saki, dans l'ouest de la péninsule, qu'un responsable ukrainien sous couvert d'anonymat a décrit comme une "opération spéciale de sabotage bien préparée".
Si Kiev n'a pas reconnu officiellement sa responsabilité dans ces deux attaques, le conseiller de la présidence Mikhaïlo Podoliak a évoqué une "démilitarisation en action" de la Crimée, une référence à la terminologie utilisée par la Russie pour justifier son invasion de l'Ukraine déclenchée le 24 février.
D'autres responsables comme le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov ont préféré ironiser, suggérant que ces déflagrations avaient été le résultat de cigarettes mal éteintes, une plaisanterie devenue virale en Ukraine.
Pour l'analyste danois Oliver Alexander, ces explosions, qui pourraient en réalité être dues à des frappes de missiles balistiques, ont porté un coup au moral de l'armée russe tout en redonnant confiance au camp ukrainien, au sixième mois de la guerre.
"La Crimée avait été relativement épargnée, mais ce n'est plus le cas. Cela met la pression sur les Russes", relève-t-il auprès de l'AFP.
Les attaques ont provoqué une panique chez de nombreux touristes en Crimée, une destination estivale très appréciée des Russes, tandis que l'Ukraine a menacé mercredi de "démanteler" le pont de Kertch qui relie la Russie continentale à la péninsule, inauguré en 2018 après une construction ultra-rapide et à grands frais.
Dans les villes conquises par les Russes, donnant sur la mer d'Azov, comme ici à Melitopol, les forces russes ont hissé des drapeaux soviétiques pour réveiller le passé "glorieux" de l'empire communiste. (AFP)
L'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), dont le siège est à Washington, explique de son côté que l'explosion de mardi s'est produite dans un centre logistique majeur de l'armée russe utilisé pour le ravitaillement de ses unités qui occupent le sud de l'Ukraine.
Selon l'ISW, les attaques des deux dernières semaines s'intègrent dans le cadre d'une "contre-offensive cohérente" des forces ukrainiennes dans cette région, où elles ambitionnent de repousser les Russes au-delà du Dniepr, le grand fleuve qui la traverse.
"Les axes logistiques russes à partir de la Crimée soutiennent directement les forces russes en Ukraine continentale, y compris ceux dans la région de Kherson", que Moscou occupe depuis les premières semaines de la guerre et que Kiev s'est fixé comme objectif de reprendre, ajoute l'ISW.
L'Ukraine a menacé mercredi de "démanteler" le pont de Kertch qui relie la Russie continentale à la Crimée, inauguré en 2018 après une construction ultra-rapide et à grands frais pour permettre un passage routier depuis la Russie vers la péninsule, sans passer par l'Ukraine. (Licence Commons)
Depuis des semaines, l'Ukraine affirme mener une contre-offensive dans la région de Kherson, lui ayant permis de reconquérir des dizaines de villages. Plus récemment, elle a affirmé avoir mis hors service plusieurs ponts stratégiques.
Mercredi, Ivan Fedorov, le maire pro-ukrainien de la ville occupée de Melitopol, non loin de la Crimée, a quant à lui révélé que deux explosions avaient interrompu le signal TV depuis la Russie.
Le ministère britannique de la Défense a enfin estimé que les commandants russes étaient très probablement "de plus en plus inquiets face à la détérioration apparente de la situation sécuritaire en Crimée, qui sert de base arrière pour l'occupation" de l'Ukraine.
La Crimée avait été annexée en mars 2014, après une intervention des forces spéciales russes et un référendum de rattachement dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux.
Le pont de Kertch qui relie la Russie continentale à la Crimée, inauguré en 2018 en grande pompe par Vladimir Poutine. (Licence Commons)
Aux premiers jours de la guerre, les troupes russes ont attaqué notamment à partir de cette péninsule, conquérant rapidement de larges pans de territoires dans le sud de l'Ukraine alors qu'elles avaient moins de succès ailleurs.
La guerre étant partie pour durer, l'objectif de repousser les forces de Moscou à leurs positions initiales n'est plus suffisant aux yeux de nombreux Ukrainiens, qui appellent à reprendre tous les territoires occupés, y compris la Crimée.
Dans son message quotidien mardi, le président Volodymyr Zelensky a assuré que des queues de voitures s'étaient formées dans la péninsule pour rejoindre la Russie. Les citoyens russes "commencent à comprendre qu'ils ne sont pas à leur place en Crimée", a-t-il lancé.
Avec AFP
Image satellite publiée par Maxar Technologies montre les conséquences de l'attaque de la base aérienne russe de Saki à Novofedorivka, en Crimée. (AFP)
Deux attaques ayant récemment visé des installations militaires russes en Crimée montrent la capacité de l'Ukraine à frapper loin de la ligne de front et perturber la logistique russe, mettant Moscou sous pression huit ans après l'annexion de cette péninsule.
L'armée russe a, fait exceptionnel, reconnu que la plus récente des explosions survenues, celle mardi dans un dépôt de munitions près du village de Djankoï, dans le nord de la Crimée, était le fait d'un "acte de sabotage".
Cette explosion avait été précédée une semaine auparavant par une attaque ayant ciblé l'aérodrome militaire de Saki, dans l'ouest de la péninsule, qu'un responsable ukrainien sous couvert d'anonymat a décrit comme une "opération spéciale de sabotage bien préparée".
"Une cigarette mal éteinte"
Si Kiev n'a pas reconnu officiellement sa responsabilité dans ces deux attaques, le conseiller de la présidence Mikhaïlo Podoliak a évoqué une "démilitarisation en action" de la Crimée, une référence à la terminologie utilisée par la Russie pour justifier son invasion de l'Ukraine déclenchée le 24 février.
D'autres responsables comme le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov ont préféré ironiser, suggérant que ces déflagrations avaient été le résultat de cigarettes mal éteintes, une plaisanterie devenue virale en Ukraine.
Pour l'analyste danois Oliver Alexander, ces explosions, qui pourraient en réalité être dues à des frappes de missiles balistiques, ont porté un coup au moral de l'armée russe tout en redonnant confiance au camp ukrainien, au sixième mois de la guerre.
"La Crimée avait été relativement épargnée, mais ce n'est plus le cas. Cela met la pression sur les Russes", relève-t-il auprès de l'AFP.
Démanteler le pont de Kertch
Les attaques ont provoqué une panique chez de nombreux touristes en Crimée, une destination estivale très appréciée des Russes, tandis que l'Ukraine a menacé mercredi de "démanteler" le pont de Kertch qui relie la Russie continentale à la péninsule, inauguré en 2018 après une construction ultra-rapide et à grands frais.
Dans les villes conquises par les Russes, donnant sur la mer d'Azov, comme ici à Melitopol, les forces russes ont hissé des drapeaux soviétiques pour réveiller le passé "glorieux" de l'empire communiste. (AFP)
L'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), dont le siège est à Washington, explique de son côté que l'explosion de mardi s'est produite dans un centre logistique majeur de l'armée russe utilisé pour le ravitaillement de ses unités qui occupent le sud de l'Ukraine.
Selon l'ISW, les attaques des deux dernières semaines s'intègrent dans le cadre d'une "contre-offensive cohérente" des forces ukrainiennes dans cette région, où elles ambitionnent de repousser les Russes au-delà du Dniepr, le grand fleuve qui la traverse.
"Les axes logistiques russes à partir de la Crimée soutiennent directement les forces russes en Ukraine continentale, y compris ceux dans la région de Kherson", que Moscou occupe depuis les premières semaines de la guerre et que Kiev s'est fixé comme objectif de reprendre, ajoute l'ISW.
L'Ukraine a menacé mercredi de "démanteler" le pont de Kertch qui relie la Russie continentale à la Crimée, inauguré en 2018 après une construction ultra-rapide et à grands frais pour permettre un passage routier depuis la Russie vers la péninsule, sans passer par l'Ukraine. (Licence Commons)
Depuis des semaines, l'Ukraine affirme mener une contre-offensive dans la région de Kherson, lui ayant permis de reconquérir des dizaines de villages. Plus récemment, elle a affirmé avoir mis hors service plusieurs ponts stratégiques.
Mercredi, Ivan Fedorov, le maire pro-ukrainien de la ville occupée de Melitopol, non loin de la Crimée, a quant à lui révélé que deux explosions avaient interrompu le signal TV depuis la Russie.
Le ministère britannique de la Défense a enfin estimé que les commandants russes étaient très probablement "de plus en plus inquiets face à la détérioration apparente de la situation sécuritaire en Crimée, qui sert de base arrière pour l'occupation" de l'Ukraine.
La Crimée avait été annexée en mars 2014, après une intervention des forces spéciales russes et un référendum de rattachement dénoncé comme illégal par Kiev et les Occidentaux.
Le pont de Kertch qui relie la Russie continentale à la Crimée, inauguré en 2018 en grande pompe par Vladimir Poutine. (Licence Commons)
Aux premiers jours de la guerre, les troupes russes ont attaqué notamment à partir de cette péninsule, conquérant rapidement de larges pans de territoires dans le sud de l'Ukraine alors qu'elles avaient moins de succès ailleurs.
La guerre étant partie pour durer, l'objectif de repousser les forces de Moscou à leurs positions initiales n'est plus suffisant aux yeux de nombreux Ukrainiens, qui appellent à reprendre tous les territoires occupés, y compris la Crimée.
Dans son message quotidien mardi, le président Volodymyr Zelensky a assuré que des queues de voitures s'étaient formées dans la péninsule pour rejoindre la Russie. Les citoyens russes "commencent à comprendre qu'ils ne sont pas à leur place en Crimée", a-t-il lancé.
Avec AFP
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