«Décris-moi ton président idéal»
Un président patriote, influent, charismatique, humain, sachant parler aux gens, ayant à cœur le bien-être des Libanais ... C’est le portrait du président idéal qu’ont dressé de jeunes Libanais, âgés entre 14 et 19 ans, à l’appel de l’Institut Elias Moukheiber pour le Liban.



​​​​​​​«Imagine ton futur président!» : en mémoire de celui qui fut l’un des ténors du Barreau de Beyrouth et l’un des principaux défenseurs de l’État de droit, des libertés et de la souveraineté du Liban,  l’Institut Elias Moukheiber pour le Liban a organisé à l’intention de la jeunesse libanaise un concours, sous la forme d’un essai écrit en anglais, en français ou en arabe d’une longueur d’une à quatre pages. Plus de 100 jeunes libanais, âgés entre 14 et 19 ans, ont répondu à l’appel et ont exposé leurs vues sur le profil que devrait avoir, selon eux, le prochain président de la République et l’action qu’il devrait mener. Soixante-dix jeunes ont soumis leur travail final. Sur ces 70 participants, la majorité se sont exprimés en anglais et six seulement dans la langue de Molière.

Elias Moukheiber

«Nous voulions que la jeunesse libanaise s’exprime ; il y a une génération qui souffre et qui n’a pas le moyen de s’exprimer», souligne Samir Moukheiber, membre fondateur de l’Institut. «C’est de cette façon que l’on peut faire avancer les choses, en donnant la parole aux jeunes, en attendant qu’ils prennent la relève», relève-t-il.

Les six lauréats du concours ont eu l’occasion de s’exprimer lors d’un débat public mercredi, 17 août, à la Bibliothèque nationale (Sanayeh), en présence du ministre de la Culture Mohammed Mortada. Malgré leur jeune âge, les participants ont montré une étonnante clairvoyance concernant l’état du système politique au Liban, partageant avec le public leurs espoirs quant à un avenir meilleur, à la faveur de l’élection d’un président qui serait, idéalement, compétent, rassembleur et capable de redresser le pays.


© ANI

Une participante a ainsi adopté le style bien connu de l’appel de Martin Luther King « J’ai un rêve », tandis qu’une autre a listé toutes les crises auxquelles fait face le pays, espérant que le futur président puisse agir pour rétablir l’État de droit et la justice sociale.

Le débat a été empreint d’optimisme, mais aussi d’inquiétudes, alors que l’échéance constitutionnelle arrive à un moment où le Liban est en chute libre. Une participante s’est ainsi effondrée en larmes, submergée par l’émotion alors qu’elle décrivait les innombrables difficultés auxquelles font face les Libanais.

Si l’on retrouve dans les essais de nombreuses qualités traditionnelles d’un chef d’État, les participants au concours se sont attachés à souligner des traits de caractère essentiels, qu’ils ne retrouvent pas dans l’élite politique actuelle : l’empathie, le sens de la communication et la capacité de mobilisation. «Notre président ne devrait pas nous dire que le Liban est un enfer», s’est insurgée une lauréate, sous les applaudissements de l'assistance.

«Ce concours était le meilleur moyen pour moi de partager mes opinions sur les élections et la politique, à travers une écriture métaphorique», explique Teresa Ghostine, l’une des lauréates du concours. « Pour moi, un président devrait avoir le sens du leadership, mais aussi être humain. Il doit avoir des émotions, de la compassion envers le peuple libanais durant cette période difficile, car dans le cas contraire, le Liban deviendra un Etat failli», ajoute-t-elle.

En guise de prix, l’Institut a choisi d’offrir aux lauréats un ordinateur portable, mais aussi un livre sur l’histoire de la guerre civile libanaise. Deux choix fort symboliques, dans la mesure où de nombreux jeunes libanais n’ont pas les moyens de se payer un ordinateur pour poursuivre leurs études, et que la guerre civile reste un non-dit dans l’histoire du pays.
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