Tout le défi pour des labels indépendants est d'accéder à ce Graal des playlists des géants du streaming musical.
«Aujourd'hui un artiste te demande si tu as accès à la playlist Spotify, avant on te demandait celle d'une radio»: les plateformes musicales sont devenues des prescripteurs incontournables, comme le résume Vivien Gouery, du label Yotanka.
Tout le défi pour des labels indépendants, comme Yotanka basé en France, est d'accéder à ce Graal des playlists des géants du streaming musical (Spotify, le leader mondial, est logiquement le plus souvent cité, mais il y aussi Deezer par exemple).
«Se pose la question de la diversité: comment faire entrer un groupe de metal sur une jolie playlist ? Ces playlists sont trustées par des grands noms (souvent produits par les majors du disque), concentrés sur peu de titres», poursuit Vivien Gouery, intervenant à la table ronde : «Les plateformes de streaming sont-elles faites pour tout le monde ?» dans le cadre des Trans Musicales de Rennes, qui s'achèvent ce dimanche.
«Les plateformes, au début, se sont concentrées sur ce qui marche, aujourd'hui on trouve des playlists surprenantes comme "Les femmes dans la musique ambient" (électro atmosphérique et rêveuse)», nuance toutefois Sophian Fanen, auteur du livre *Boulevard du Stream*, présent à la table ronde.
Mais il s'agit ici de playlists de niche, comme en convient la spécialiste: «La grosse playlist est le nœud pour l'exposition d'un artiste».
«Se faire repérer»
Il est ici question de la représentation des esthétiques musicales dans les playlists. Les plateformes sont régulièrement accusées de privilégier les courants dominants (rap, R'n'B) et d'orienter ainsi les écoutes. Ce dont elles se défendent.
«La grande majorité des écoutes se fait à la demande des utilisateurs. Il y a des playlists éditorialisées, pour faire partager des nouveautés, ou des playlists algorithmiques, là encore pour faire découvrir, mais la majorité des playlists sont faites par les utilisateurs», insistait Antoine Monin, de Spotify, en février 2020, lors d'un échange organisé par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep).
Entrer sur les playlists mises en avant pour un musicien qui n'a pas l'aura d'une star n'aura pas forcément un impact économique direct. Mais peut lui permettre de se faire entendre d'un public qui ira le voir ensuite en concert ou par une agence de pub cherchant un son pour un spot.
«C'est une victoire quand un titre rentre dans une playlist, j'ai fait une reprise d'Ace of Base et c'est numéro un sur une playlist en Australie», souligne Cléa Vincent, artiste française également présente à Rennes.
Kid Francescoli, artiste électro du label Yotanka, a eu récemment des pics d'écoute sur les plateformes, mais dans la foulée d'un ancien titre devenu viral sur TikTok («Moon», plus de 75 millions d'écoutes sur Spotify). La question, comme le dit Vivien Gouery, c'est comment, avec un nouveau titre, «se faire repérer des playlists des plateformes ?».
«Rôle de recommandation»
«On parle à des +éditos+ (responsables éditoriaux sur les plateformes), enfin, il faut réussir à leur parler, on passe par un distributeur digital qui "pitche" (vante) des titres à ces plateformes», détaille le manager de Yotanka.
Passer par un distributeur numérique n'est pas obligatoire pour accéder à une plateforme, des services en ligne sont disponibles - comme TuneCore - parfois même contre une somme modique. Mais c'est à l'artiste de tout gérer ensuite, ce qui peut se révéler fastidieux.
Pour prendre le train des playlists, certains «avancent l'idée de quotas», comme pour les titres francophones en radio, expose Sophian Fanen.
La question de la diversité musicale dans les playlists des plateformes de streaming est en tout cas sur le bureau du CNM (Centre national de la musique), structure qui chapeaute la filière en France.
«L'objectif est de construire avec les plateformes, de les intégrer dans les études d'un observatoire de la diversité musicale, de réfléchir avec elles sur leur rôle de recommandation et travailler ensemble pour progresser», détaille Séverine Morin, directrice des études et de la prospective au CNM, intervenante à la table ronde.
Le CNM s'est ainsi rapproché des plateformes pour tenter de «comparer les écoutes autonomes et celles qui se font via les playlists», conclut-elle.
AFP/Philippe GRELARD
«Aujourd'hui un artiste te demande si tu as accès à la playlist Spotify, avant on te demandait celle d'une radio»: les plateformes musicales sont devenues des prescripteurs incontournables, comme le résume Vivien Gouery, du label Yotanka.
Tout le défi pour des labels indépendants, comme Yotanka basé en France, est d'accéder à ce Graal des playlists des géants du streaming musical (Spotify, le leader mondial, est logiquement le plus souvent cité, mais il y aussi Deezer par exemple).
«Se pose la question de la diversité: comment faire entrer un groupe de metal sur une jolie playlist ? Ces playlists sont trustées par des grands noms (souvent produits par les majors du disque), concentrés sur peu de titres», poursuit Vivien Gouery, intervenant à la table ronde : «Les plateformes de streaming sont-elles faites pour tout le monde ?» dans le cadre des Trans Musicales de Rennes, qui s'achèvent ce dimanche.
«Les plateformes, au début, se sont concentrées sur ce qui marche, aujourd'hui on trouve des playlists surprenantes comme "Les femmes dans la musique ambient" (électro atmosphérique et rêveuse)», nuance toutefois Sophian Fanen, auteur du livre *Boulevard du Stream*, présent à la table ronde.
Mais il s'agit ici de playlists de niche, comme en convient la spécialiste: «La grosse playlist est le nœud pour l'exposition d'un artiste».
«Se faire repérer»
Il est ici question de la représentation des esthétiques musicales dans les playlists. Les plateformes sont régulièrement accusées de privilégier les courants dominants (rap, R'n'B) et d'orienter ainsi les écoutes. Ce dont elles se défendent.
«La grande majorité des écoutes se fait à la demande des utilisateurs. Il y a des playlists éditorialisées, pour faire partager des nouveautés, ou des playlists algorithmiques, là encore pour faire découvrir, mais la majorité des playlists sont faites par les utilisateurs», insistait Antoine Monin, de Spotify, en février 2020, lors d'un échange organisé par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep).
Entrer sur les playlists mises en avant pour un musicien qui n'a pas l'aura d'une star n'aura pas forcément un impact économique direct. Mais peut lui permettre de se faire entendre d'un public qui ira le voir ensuite en concert ou par une agence de pub cherchant un son pour un spot.
«C'est une victoire quand un titre rentre dans une playlist, j'ai fait une reprise d'Ace of Base et c'est numéro un sur une playlist en Australie», souligne Cléa Vincent, artiste française également présente à Rennes.
Kid Francescoli, artiste électro du label Yotanka, a eu récemment des pics d'écoute sur les plateformes, mais dans la foulée d'un ancien titre devenu viral sur TikTok («Moon», plus de 75 millions d'écoutes sur Spotify). La question, comme le dit Vivien Gouery, c'est comment, avec un nouveau titre, «se faire repérer des playlists des plateformes ?».
«Rôle de recommandation»
«On parle à des +éditos+ (responsables éditoriaux sur les plateformes), enfin, il faut réussir à leur parler, on passe par un distributeur digital qui "pitche" (vante) des titres à ces plateformes», détaille le manager de Yotanka.
Passer par un distributeur numérique n'est pas obligatoire pour accéder à une plateforme, des services en ligne sont disponibles - comme TuneCore - parfois même contre une somme modique. Mais c'est à l'artiste de tout gérer ensuite, ce qui peut se révéler fastidieux.
Pour prendre le train des playlists, certains «avancent l'idée de quotas», comme pour les titres francophones en radio, expose Sophian Fanen.
La question de la diversité musicale dans les playlists des plateformes de streaming est en tout cas sur le bureau du CNM (Centre national de la musique), structure qui chapeaute la filière en France.
«L'objectif est de construire avec les plateformes, de les intégrer dans les études d'un observatoire de la diversité musicale, de réfléchir avec elles sur leur rôle de recommandation et travailler ensemble pour progresser», détaille Séverine Morin, directrice des études et de la prospective au CNM, intervenante à la table ronde.
Le CNM s'est ainsi rapproché des plateformes pour tenter de «comparer les écoutes autonomes et celles qui se font via les playlists», conclut-elle.
AFP/Philippe GRELARD
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