Événement culturel organisé par la diaspora libanaise pour Zahlé
Depuis le triste effondrement de l’État libanais et le funeste 4 août 2020, la diaspora libanaise n’a de cesse de manifester son élan de solidarité de quelque manière que ce soit envers ses compatriotes. La parution du livre Zahlé, Le Liban au cœur, en 2021 aux éditions Erik Bonnier, en témoigne. Résidente en France, Pascale Saad Stephan a eu la merveilleuse idée de rassembler autour d’elle trois femmes de la diaspora ainsi que le peintre Moussa Trad pour rendre hommage à leur ville natale et soutenir ses habitants. C’est au palais municipal de Zahlé qu'ont eu lieu, le 20 août 2022, l’exposition de tableaux du peintre et la signature du livre, dont les recettes seront versées à une association caritative, sous le patronage du ministre de la Culture et en collaboration avec l’Institut français dans la Bekaa.



Dans la cour intérieure dont la magnifique galerie à arcades accroche les regards, l’ancien sérail, monument historique bâti en 1885, a accueilli à bras ouverts des artistes musiciens, peintres, poètes, invités… Tout a été savamment orchestré: un piano, une chorale et une tribune sur un podium où plusieurs personnalités se sont succédé pour exprimer leur amour indéfectible à leur ville natale. On avait l’impression, tout au long des discours émaillés de chants lyriques, de musique classique, de textes poétiques et de traits d’humour, d’être projeté dans un espace-temps mythique, hors du réel déchirant. Et pour autant, ce petit pays en décomposition a plus que jamais besoin de la diaspora libanaise pour rebondir. Une diaspora bienfaisante qui fait rayonner le Liban dans le monde et contribue à relancer son économie.

Nostalgique d’une ville qui a su perpétuer ses traditions, au carrefour de la généreuse plaine de la Bekaa et des vignobles ensoleillés dont le vin fait s’extasier les poètes, Pascale Stephan revient sur ce qui a déclenché son projet d’écriture: «L’idée d’écrire un livre sur Zahlé m’est venue à l’époque où je vivais en Australie dans les années 90. Mais ce n’est qu’en 2020 que le projet s’est concrétisé en France où je vis depuis plusieurs années. J’ai voulu que ce livre soit à but caritatif et que la totalité des recettes soit versée aux Zahliotes dans le besoin. Aussi, l’offrir à ma ville dans la situation actuelle était la moindre des choses. J’ai alors demandé à trois amies zahliotes vivant en France, Françoise Hachem, Chloé Kazan et Christine Hayek, de participer à l’écriture de quelques textes. Un ami d’enfance, Moussa Trad, peintre impressionniste, s’est joint à nous pour peindre plus d’une centaine d’aquarelles conçues spécialement pour ce livre. »

Toile de Moussa Trad


En somme, un beau livre qui parle de l’attachement de la diaspora zahliote pour sa ville et ses traditions, sa géographie alliée à son climat singulier et ses histoires gravées dans la mémoire collective: «Mon souhait était d’écrire notre façon à chacune de penser Zahlé. Notre vécu et nos souvenirs, avec l’émotion de la mémoire et des pointes nostalgiques en toile de fond. J’ai voulu raconter Zahlé sans avoir recours aux moteurs de recherche, avec un style accessible à nos concitoyens et des sujets dans lesquels les Zahliotes se reconnaîtront. Mon but était de faire en sorte que ce livre leur plaise et qu’ils en soient fiers.»

La parution du livre en France a suscité un grand engouement parmi les Libanais et leurs amis français: «Dès sa parution en France, les Zahliotes qui y vivent se sont mobilisés pour l’acheter et le promouvoir, surtout lors de deux événements avec le club Zahlé-France, une association caritative. J’ai moi-même organisé plusieurs “afternoon tea” pour le vendre. Une solidarité exemplaire s’est créée autour de ce livre avec Miss Monde Australie 2012, Jessica Kahawaty, qui a participé à sa promotion en Australie. J’ai envoyé à Montréal plus d’une centaine d'exemplaires et le président du club Zahlé-Montréal a pris en charge la commercialisation du livre qui s’est très bien vendu. J’ai aussi envoyé à Los Angeles une centaine d'exemplaires et un ami a pris en charge sa commercialisation partout aux États-Unis. À Dubai également, j’ai eu la chance d’avoir des amies qui m’ont aidée à le vendre et à verser l’argent à l’association Min Aleb Zahlé. Le livre se vend également à la Fnac, partout en France, et dans le monde, sur Amazon.»

En l’absence de système de santé, de retraite et de sécurité sociale, les associations caritatives se sont substituées à l’Etat défaillant pour alléger le poids quotidien des familles démunies: «Toutes les recettes déjà récoltées ont été versées aux Zahliotes dans le besoin à travers le club Zahlé-France. Quant aux recettes de l’événement à la municipalité, elles iront au comité d'aide scolaire de Zahlé dont le but est d’aider à scolariser les enfants nécessiteux. L’éducation est un pilier essentiel de notre société et on doit la soutenir.» Heureuse de l’enthousiasme que son livre a suscité au Liban et par-delà ses frontières, Pascale Stephan pense déjà à d’autres projets: «Les idées sont nombreuses. Peut-être un autre livre sur Zahlé et éventuellement sur d’autres villes libanaises puisqu’il y a matière à écrire plusieurs livres sur la beauté de notre pays et la bonté de son peuple.» 

Vue d'ensemble

Natif de Zahlé, Moussa Trad, dont les admirables aquarelles illustrent les textes du livre, ne cache pas sa joie d’avoir participé au projet culturel porté par la diaspora libanaise. «L’exposition de ce soir est celle de peintures à l’huile sur le mode de vie simple des Libanais dans les villages de la Bekaa et du Liban dont je m’inspire.» À la tombée de la nuit, sous les lumières tombant du plafond, une joyeuse cohue admirait les peintures impressionnistes exposées dans la galerie: des paysages bucoliques, des femmes cueillant des fleurs ou jardinant, des maisons traditionnelles, des pins et des toits en tuiles rouges. Tout ce qui évoque le Liban d’antan.
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