Les responsables syriens sont passés maîtres dans l’art de la rhétorique, surtout lorsqu'il s'agit du dossier des déplacés syriens. Les autorités syriennes parlent de créer les conditions favorables au retour de ceux qui avaient fui la guerre dans leur pays et à la réhabilitation des infrastructures; de promulguer des décrets d'amnistie; de simplifier les procédures aux frontières; et d’assurer divers services de base, entre autres les transports, les secours et les soins, l'aide humanitaire et l'éducation. Ces promesses sont telles que ceux qui suivent le dossier s'étonnent que les déplacés ne se précipitent pas pour rentrer chez eux au lieu de vivre dans des camps de fortune et dans des conditions déplorables dans les pays d’accueil. Ceux qui s’intéressent de près à cette question constatent cependant que non seulement Damas ne souhaite réellement pas le retour de ces derniers, mais il n'est même pas en mesure de les accueillir. Par ailleurs, les déplacés eux-mêmes ne désirent pas retourner dans le contexte actuel et la communauté internationale n’est pas disposée à régler ce dossier pour l’heure et à traiter pour cela avec le régime syrien. Elle ne veut pas lui fournir pour le moment les fonds et l'assistance nécessaires pour reconstruire la Syrie et favoriser le retour de ses ressortissants. Bref, toutes les parties prenantes ont intérêt à maintenir le statu quo, à l’exception du Liban, exsangue par ses crises, exacerbées de surcroît par la présence des déplacés syriens.
Il n’en demeure pas moins, qu’en dépit des conditions politiques défavorables, les responsables libanais, notamment le président Michel Aoun, ont tenté à plusieurs reprises au cours des dernières années de relancer le dossier. Il y a un mois, ils sont passés à la vitesse supérieure en décidant d’établir un plan qui prévoit le rapatriement de 15.000 réfugiés syriens par mois, même si leurs efforts risquent d’être vains, compte tenu du refus international d’activer ce dossier lié à une solution politique – qui attend toujours – en Syrie.
Michel Aoun reste déterminé à réaliser des avancées sur ce plan avant la fin de son mandat, pour compenser les échecs cuisants de son sexennat. Selon les informations obtenues, toutes les pressions libanaises exercées sur les ambassadeurs étrangers et les responsables du HCR n'ont pas abouti. La communauté internationale reste intransigeante sur la question et veut que les déplacés restent au Liban au stade actuel, tout en accélérant les demandes de relocalisation d'un certain nombre d'entre eux dans des pays tiers tels le Canada. Les pays donateurs refusent en outre d’envisager l’option d’arrêter de verser l'aide financière au Liban pour la transférer aux Syriens qui retournent chez eux.
Récemment, le ministre sortant des Déplacés, Issam Charafeddine, a repris ses navettes vers Damas, pour tenter de balayer les obstacles qui empêchent leur retour. Selon les informations recueillies par Ici Beyrouth, le président Aoun ainsi que le Premier ministre désigné Nagib Mikati n'étaient pas très emballés par cette visite, considérant que la Syrie a dit ce qu'elle avait à dire sur cette question lors de la précédente visite de M. Charafeddine. En outre, ces derniers sont convaincus que Damas n'est pas en mesure d'encourager le retour des déplacés, d’autant plus que la communauté internationale a clairement décidé de ne pas œuvrer dans ce sens à l’heure actuelle. Des sources proches du dossier avancent que Michel Aoun préfère emprunter des voies qui, selon lui, peuvent conduire aux résultats escomptés. Le président de la République, ajoute-t-on, reste convaincu qu’un recours à Damas est inefficace, sinon le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, l’aurait fait depuis longtemps et n’aurait pas manqué d’exploiter la question sur le plan interne. «Michel Aoun estime que l'application stricte des lois libanaises, et en particulier le retrait du statut de réfugié à toute personne qui effectue des allers-retours entre la Syrie et le Liban, réduirait considérablement le nombre de déplacés, considérant qu’il s’agit de «déplacés économiques», pour la plupart d’entre eux, estime-t-on de mêmes sources.
«Les autorités libanaises ont longtemps fermé l’œil sur ce phénomène, ce qui n’est plus le cas actuellement. Décision a été prise de se montrer intraitable à cet égard, compte tenu de la conviction libanaise que les déplacés profitent des aides en dollars des organisations internationales et de leur travail au Liban pour envoyer l’argent à leurs familles ou proches en Syrie. Ce qui n’est pas sans arranger les autorités syriennes qui subissent, comme le Liban, la raréfaction des devises et l'effondrement de leur monnaie locale», toujours selon ces sources. Le communiqué publié il y a quelques semaines par le ministère libanais des Affaires étrangères est venu confirmer cette certitude lorsqu’il a affirmé que «la plupart des réfugiés syriens au Liban sont en réalité des déplacés économiques qui bénéficient d'une aide internationale directe et sélective sans passer par les autorités officielles libanaises, et perçoivent des revenus en devises fortes transférés par la suite en Syrie». Cette déclaration n'a pas été du goût de Damas et de son ambassadeur au Liban.
Toutes les données confirment ainsi que la Syrie est peu encline à l’idée d’un retour de sa population déplacée. À cet égard, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahman, souligne que «le régime syrien est incapable d'assurer une vie normale à son peuple ainsi que les moyens de subsistance à ceux qui se trouvent dans les régions sous son contrôle et qui migrent en masse de la Syrie». Dans une interview accordée à Ici Beyrouth, il rappelle que «la Syrie est quasi effondrée» et que «le pays tient grâce aux aides iranienne, russe et onusienne en partie». «Les composantes de l'État sont inexistantes et de nombreux produits de première nécessité ne sont disponibles qu'à des prix exorbitants», ajoute-t-il.
Les assurances du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) selon lesquelles la majorité des déplacés au Liban souhaite retourner en Syrie restent aléatoires. Ici Beyrouth a rencontré un groupe de déplacés qui ont tous affirmé aspirer à s'installer dans un pays européen, au Canada ou en Australie. L’un d’eux, A. N., âgé de 55 ans, explique que «la situation en Syrie est très semblable au Liban: l'effondrement touche tous les aspects de la vie. Nous avons le sentiment de vivre dans un cercle vicieux où les perspectives sont nulles. Par conséquent, nous ne comptons pas rester au Liban et encore moins retourner en Syrie, où il est probable que nos conditions de vie seraient encore plus difficiles». «Depuis un moment, nous avons présenté une demande d'asile dans un pays tiers, et nous attendons le déblocage de la situation», ajoute-t-il.
Comme A. N., de nombreux déplacés espèrent que leurs vœux se réaliseront via le HCR. Plusieurs autres n’ont pas cette patience. Ils partent en Europe à partir des côtes libanaises à bord des «embarcations de la mort». D’ailleurs, ces voyages hautement risqués, organisés par un réseau de passeurs, ne se limitent pas aux réfugiés syriens installés au Liban. Selon les mêmes sources, un grand nombre de leurs compatriotes viennent de Syrie et se dirigent directement vers les côtes libanaises pour embarquer à bord de ces bateaux de fortune.
Il semble que le Liban, fort mécontent de la gestion internationale du dossier des déplacés, fermerait les yeux sur cet afflux, et réduire ses poursuites à l’encontre des «marchands de la mort».
Il n’en demeure pas moins, qu’en dépit des conditions politiques défavorables, les responsables libanais, notamment le président Michel Aoun, ont tenté à plusieurs reprises au cours des dernières années de relancer le dossier. Il y a un mois, ils sont passés à la vitesse supérieure en décidant d’établir un plan qui prévoit le rapatriement de 15.000 réfugiés syriens par mois, même si leurs efforts risquent d’être vains, compte tenu du refus international d’activer ce dossier lié à une solution politique – qui attend toujours – en Syrie.
Michel Aoun reste déterminé à réaliser des avancées sur ce plan avant la fin de son mandat, pour compenser les échecs cuisants de son sexennat. Selon les informations obtenues, toutes les pressions libanaises exercées sur les ambassadeurs étrangers et les responsables du HCR n'ont pas abouti. La communauté internationale reste intransigeante sur la question et veut que les déplacés restent au Liban au stade actuel, tout en accélérant les demandes de relocalisation d'un certain nombre d'entre eux dans des pays tiers tels le Canada. Les pays donateurs refusent en outre d’envisager l’option d’arrêter de verser l'aide financière au Liban pour la transférer aux Syriens qui retournent chez eux.
Récemment, le ministre sortant des Déplacés, Issam Charafeddine, a repris ses navettes vers Damas, pour tenter de balayer les obstacles qui empêchent leur retour. Selon les informations recueillies par Ici Beyrouth, le président Aoun ainsi que le Premier ministre désigné Nagib Mikati n'étaient pas très emballés par cette visite, considérant que la Syrie a dit ce qu'elle avait à dire sur cette question lors de la précédente visite de M. Charafeddine. En outre, ces derniers sont convaincus que Damas n'est pas en mesure d'encourager le retour des déplacés, d’autant plus que la communauté internationale a clairement décidé de ne pas œuvrer dans ce sens à l’heure actuelle. Des sources proches du dossier avancent que Michel Aoun préfère emprunter des voies qui, selon lui, peuvent conduire aux résultats escomptés. Le président de la République, ajoute-t-on, reste convaincu qu’un recours à Damas est inefficace, sinon le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, l’aurait fait depuis longtemps et n’aurait pas manqué d’exploiter la question sur le plan interne. «Michel Aoun estime que l'application stricte des lois libanaises, et en particulier le retrait du statut de réfugié à toute personne qui effectue des allers-retours entre la Syrie et le Liban, réduirait considérablement le nombre de déplacés, considérant qu’il s’agit de «déplacés économiques», pour la plupart d’entre eux, estime-t-on de mêmes sources.
«Les autorités libanaises ont longtemps fermé l’œil sur ce phénomène, ce qui n’est plus le cas actuellement. Décision a été prise de se montrer intraitable à cet égard, compte tenu de la conviction libanaise que les déplacés profitent des aides en dollars des organisations internationales et de leur travail au Liban pour envoyer l’argent à leurs familles ou proches en Syrie. Ce qui n’est pas sans arranger les autorités syriennes qui subissent, comme le Liban, la raréfaction des devises et l'effondrement de leur monnaie locale», toujours selon ces sources. Le communiqué publié il y a quelques semaines par le ministère libanais des Affaires étrangères est venu confirmer cette certitude lorsqu’il a affirmé que «la plupart des réfugiés syriens au Liban sont en réalité des déplacés économiques qui bénéficient d'une aide internationale directe et sélective sans passer par les autorités officielles libanaises, et perçoivent des revenus en devises fortes transférés par la suite en Syrie». Cette déclaration n'a pas été du goût de Damas et de son ambassadeur au Liban.
Toutes les données confirment ainsi que la Syrie est peu encline à l’idée d’un retour de sa population déplacée. À cet égard, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahman, souligne que «le régime syrien est incapable d'assurer une vie normale à son peuple ainsi que les moyens de subsistance à ceux qui se trouvent dans les régions sous son contrôle et qui migrent en masse de la Syrie». Dans une interview accordée à Ici Beyrouth, il rappelle que «la Syrie est quasi effondrée» et que «le pays tient grâce aux aides iranienne, russe et onusienne en partie». «Les composantes de l'État sont inexistantes et de nombreux produits de première nécessité ne sont disponibles qu'à des prix exorbitants», ajoute-t-il.
Les assurances du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) selon lesquelles la majorité des déplacés au Liban souhaite retourner en Syrie restent aléatoires. Ici Beyrouth a rencontré un groupe de déplacés qui ont tous affirmé aspirer à s'installer dans un pays européen, au Canada ou en Australie. L’un d’eux, A. N., âgé de 55 ans, explique que «la situation en Syrie est très semblable au Liban: l'effondrement touche tous les aspects de la vie. Nous avons le sentiment de vivre dans un cercle vicieux où les perspectives sont nulles. Par conséquent, nous ne comptons pas rester au Liban et encore moins retourner en Syrie, où il est probable que nos conditions de vie seraient encore plus difficiles». «Depuis un moment, nous avons présenté une demande d'asile dans un pays tiers, et nous attendons le déblocage de la situation», ajoute-t-il.
Comme A. N., de nombreux déplacés espèrent que leurs vœux se réaliseront via le HCR. Plusieurs autres n’ont pas cette patience. Ils partent en Europe à partir des côtes libanaises à bord des «embarcations de la mort». D’ailleurs, ces voyages hautement risqués, organisés par un réseau de passeurs, ne se limitent pas aux réfugiés syriens installés au Liban. Selon les mêmes sources, un grand nombre de leurs compatriotes viennent de Syrie et se dirigent directement vers les côtes libanaises pour embarquer à bord de ces bateaux de fortune.
Il semble que le Liban, fort mécontent de la gestion internationale du dossier des déplacés, fermerait les yeux sur cet afflux, et réduire ses poursuites à l’encontre des «marchands de la mort».
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