La relance économique et l’art d’absorber les réformes    
Les organismes économiques doivent rencontrer le Premier ministre, la semaine prochaine, pour étudier les détails du plan de relance économique qu'ils lui avaient présenté.

Les organismes économiques ont présenté la semaine dernière au Premier ministre désigné, Najib Mikati, un plan de relance de l’économie. Ce plan consiste à établir un équilibre entre les demandes du Fonds Monétaire International (FMI) et la capacité de l’économie locale à absorber le choc des réformes. Il permettra le rétablissement graduel du pouvoir d’achat des Libanais et la relance des différents secteurs de l’économie réelle, une fois que l’économie sera sur la voie de la reprise. «Les organismes économiques ont écarté de leur plan de relance toutes les mesures susceptibles de freiner ou de retarder une reprise économique», explique à Ici Beyrouth Nabil Fahd, membre des organismes économiques et président du syndicat des propriétaires de supermarchés. Il souligne, par ailleurs, que les organismes économiques proposent un dollar douanier à 8 000 livres libanaises, comme point de départ, avec l’option de le relever graduellement à l’avenir, en cas de besoin. «Ce qui est vital, c’est de permettre à la société dans toutes ses composantes d’absorber le choc des réformes, sans paralyser ses moyens d’adaptation et annihiler son pouvoir d’achat», précise-t-il, soulignant que le dollar douanier ne représente que 20 % des revenus du Trésor contre 45 % pour la TVA.

Non à la lirification

Pour les organismes économiques, la lirification des dépôts bancaires n’est pas une solution qui s’inscrit dans une dynamique de reprise de l’économie. Cette mesure, rappelle-t-on, est partiellement en vigueur dans le cadre de l’application de la circulaire 158 de la Banque du Liban (BDL). Une lirification de tous les dépôts entraînerait une hyperinflation en raison de l’accroissement de la masse monétaire en circulation qu’elle engendrerait (en LL), augmentant les pressions sur la population et les commerciaux. «Les banques doivent reprendre le financement de l’économie afin de faciliter les opérations commerciales», relève le trésorier de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont Liban (CCIB). « Depuis trois ans, les banques n’ont pas accordé de crédit en dollars frais par crainte de se voir rembourser les prêts en livres au taux de 1 507,5 LL. Entre-temps, les entrepreneurs se procurent des liquidités en livres en retirant leurs dépôts bancaires en dollars, soit sur base de la circulaire 151 de la BDL (1 $= 8000 LL), soit au taux de change officiel (1 $=1.507,5LL) ou à travers la vente de chèques bancaires escomptés en livres », précise-t-il.

En réponse à une question, M. Fahd ne manque pas de rappeler la lenteur du mécanisme de la plateforme de change de Sayrafa qui n’est pas en mesure de satisfaire toutes les demandes des importateurs.


Fonds souverain

Les organismes économiques, qui devraient de nouveau rencontrer le Premier ministre et son équipe de travail, la semaine prochaine, pour étudier les détails du plan qu'ils ont présenté, chiffres à l’appui, ont proposé la création d’un fonds souverain pour récupérer les dépôts bancaires et renflouer les tiroirs du Trésor public. Un projet qui aurait de nombreux dénominateurs communs avec celui avancé par le gouvernement, indique-t-on, selon des propos tenus par M. Mikati. Quant au projet de loi sur le contrôle des capitaux, les organismes économiques ne s’y opposent pas à condition que ce contrôle n’étouffe pas la marge d’action des agents économiques, nécessaire pour huiler les rouages d'un cycle économique normal.

Parlement et législation

Dans ce cadre, la question qui se pose est de savoir si le sauvetage du pays se fera grâce à une initiative du secteur privé par le biais des organismes économiques. L’affaire est intéressante à suivre, d’autant que le Parlement peut, même après le 1ᵉʳ septembre 2022, légiférer, selon un constitutionnaliste sondé par Ici Beyrouth. La Chambre des députés se constitue en collège électoral en prévision de la présidentielle dès que le Chef du législatif la convoque en séance plénière pour l’élection d’un président de la République et pas avant, relève-t-il.
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