Naufrage de Tripoli: le submersible achève sa mission
Le submersible chargé de participer aux opérations de recherche de l’embarcation de la mort, qui avait fait naufrage le 23 avril au large de Tripoli, a achevé lundi sa mission sans pour autant que les corps retrouvés ne soient repêchés. Vendredi, dans une conférence de presse tenue à Tripoli, le chef de l’équipage Scott Walters avait expliqué que l’épave de l’embarcation avait été repérée la veille à une profondeur de 459 mètres et à 130 mètres du lieu du naufrage.

Le bathyscaphe a finalement largué les amarres lundi au grand dam des proches des victimes, qui attendaient impatiemment de clore le dossier pour faire un dernier adieu aux leurs et identifier les circonstances du naufrage.

«La première partie de la mission a été achevée, puisque l’épave de l’embarcation a été repérée», a déclaré lundi Achraf Rifi, député de Tripoli, qui avait soutenu l’initiative de la communauté libanaise d’Australie, notamment l’ONG AusRelief, de dépêcher le submersible au port de Tripoli. «L’embarcation n’a pas pu toutefois être repêchée parce qu’elle s’est enfoncée au fond de la mer. Des équipements plus sophistiqués de ce que nous possédons sont nécessaires pour la faire remonter à la surface. Nous appelons le gouvernement à compléter la mission, sachant que la responsabilité de cette mission relève de sa compétence», a-t-il poursuivi.

S’adressant aux parents des victimes, M. Rifi a assuré qu’il se tiendra à leurs côtés «jusqu’à ce que la mission soit accomplie et la vérité connue». Il s’est excusé auprès d’eux «parce que la mission n’a été qu’à moitié achevée» et affirmé que toutes les informations recueillies par l’équipage (vidéos, photos, rapport sur la mission…) seront remises aux familles. «Nous continuerons à réclamer à l’État d’assumer ses responsabilités dans cette affaire», a-t-il ajouté.

L’embarcation avait fait naufrage le 23 avril dernier, avec à son bord plus de 70 passagers clandestins, la majorité d’entre eux de la famille Dandachi, originaire de la région d'al-Bakkar à Kobbé.


Des doutes concernant la mission

Bilal Dandachi, dont la femme, le fils et la fille se trouvaient à bord de l’embarcation, contenait mal sa colère. Il a fait part à notre correspondant à Tripoli, Badih Karhani, de ses «doutes» concernant les résultats de la mission du sous-marin, estimant «qu’on essaie de cacher quelque chose». «Même les photos ne sont pas claires», a-t-il lancé, critiquant «les informations contradictoires» qui ont été avancées notamment en ce qui concerne la désagrégation des corps. M. Dandachi a expliqué que les familles des victimes vont rencontrer la commission médicale chargée du dossier pour avoir plus d’informations sur le sujet. Il explique en outre que des tests d’ADN sont en train d’être effectués sur les os.

Le comité des avocats chargé de suivre l'affaire a estimé dans ce cadre que «les informations selon lesquelles les corps se sont décomposés et transformés en poussière reposent sur des images non documentées, qui prêtent à interprétation». «C’est un cas unique qui ne peut pas être généralisé», a-t-il ajouté dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion tenue lundi. Il convient de signaler que vendredi, lors de la conférence de presse, le commandant du bathyscaphe avait expliqué que l’équipage qui avait retrouvé un corps n’avait pas réussi à le faire remonter à la surface parce qu’il était en état de décomposition avancée. «Se référer à Dar el-Fatwa (pour qu’il récite la prière des absents pour le repos des âmes des victimes) sous-entend que la désagrégation des corps et leur transformation en poussière est une évidence scientifique, alors que c’est à la médecine légale et aux spécialistes de trancher dans ce cadre», lit-on dans le communiqué.

Le comité des avocats a par ailleurs insisté sur «le droit de tout le monde d’examiner l’embarcation», notamment «les experts auxquels on peut avoir recours». «Laisser l’embarcation et les victimes au fond de la mer va à l’encontre des aspirations de leurs proches et des droits de l’homme», a poursuivi le comité, qui a enfin appelé à «patienter avant toute prise de position le temps de rassembler l'ensemble les données légales, techniques et médicales».
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