Lettres à Beyrouth, juste après (13) Sans titre
« Il y a des personnes qui vous disent bonjour si gentiment qu’on a l’impression qu’elles vous demandent comment ça va.»

La mission que l’on mène de bout en bout. Pour l’autre. Indépendamment de soi. Ces mains que l’on tient. Ces bras qui nous retiennent. Les nôtres aussi parfois, quand tout autour s’écroule, et les mêmes qu’on a appris à apprivoiser. L’espoir, «ce sale espoir» qui nous colle à la peau. La révolution des âmes. Le drapeau qui ne flanche pas. Les frontières que l’on s’impose. Celles que l’on brise. Celles qu’on élargit. Les fois et les tant d’autres où l’on renaît de nos cendres. Dans une étincelle. Le retour à soi. Dans un tourbillon effréné, une place grouillante, ou en plein embouteillage. Le cœur rebelle. La force du survivant. Le visage de marbre qui voit, dénie, renie, accepte, survit, revit et reprend la route. Un seul but, une seule Terre que l’on foule. Parmi la foule. Des milliers d’instants, d’étoiles ou de galaxies. Un nombre immense. De gens. De morts. De vivants. D’artistes, de fous ou d’hommes sérieux. Les hommes. Les mouches. Le vinaigre. Tout ce qu’on ne prend pas. Tout ce qui transparaît. Jusqu’aux crânes. Sans queue ni tête. Rien qu’une poussière. Poussières d’étoiles. Pour sublimer notre passage. Les yeux levés au ciel. Et puis plus rien. Quelques pensées. Quelques sourires. Quelques flammes. Assoiffées de justice. Les horizons auxquels on rêve. L’immensité de notre vécu. La profondeur de nos blessures. La puissance de nos cris muets. Réapprendre à parler. Comme l’enfant sauvage. Regarder tout défiler. Dans le flou des années atemporelles. Voie lactée.


Les «tu es arrivée?» Arriver où. Arrive-t-on jamais quelque part. «Ça va?» Ça va toujours. Tant qu’on vit debout. Tant qu’on a la force de s’agenouiller. La voix au bout du fil. Le message qui s’inquiète. Le chemin du retour. Le à bon port… et puis toi.

Beyrouth.
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